91F0-3 - Chênaies-ormaies à Frêne oxyphylle

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Formations alluviales à bois dur des grands fleuves océaniques dont les crues se produisent en hiver et au printemps au sein d’un lit majeur large.
Occupe une grande partie du lit majeur au-dessus des saulaies- peupleraies quand elles existent.
Inondations régulières plus ou moins importantes et plus ou moins longues ; de quelques centimètres à plus d’un mètre.
Matériaux alluviaux limoneux, limono-argileux, sableux (rarement carbonatés) à l’origine de sols alluviaux peu évolués.

Variabilité

Variations géographiques :
Race de la Saône, continentale, avec Ulmus laevis :
- sur alluvions fines à Laîche maigre (Carex strigosa) ;
- sur alluvions sableuses à Crin végétal (Carex brizoides) ;
- sur alluvions calcaires à Cornouiller sanguin (Cornus sanguinea).
Avec souvent des variantes selon le niveau :
- à tendance hygrophile à Laîche des marais (Carex acutiformis, Laîche des rives (Carex riparia) ;
- à tendance mésohygrophile à Laîche maigre (Carex strigosa), Laîche espacée (Carex remota)… ;
- à tendance hygrocline avec apparition du Charme.
Race de l’Adour (et de certains de ses affluents), atlantique :
- mésohygrophile, avec variante neutrophile sur limons, limons argileux, et variante mésoneutrophile sur limons sableux et sables ;
- hygrocline, avec les mêmes variantes selon les matériaux.
Race de la Loire : variations selon la position et le niveau hydrique :
- variante à Peuplier noir sur les sols nitratés et en position basse avec Populus nigra, Acer negundo, Acer platanoides ;
- variante typique sur les bords des rives stabilisées ou sur les terrasses moyennes, régulièrement inondées par les eaux calmes ;
- variante à Chèvrefeuille sur les parties les plus éloignées du lit mineur (souvent à l’extérieur des digues) ; en évolution lente vers une chênaie pédonculée (avec Merisier, Charme…) ;
- variante à Tilia platyphyllos sur des terrasses élevées, rarement inondées (passage là aussi à la Chênaie pédonculée).
Variations selon le niveau de maturité du peuplement :
- faciès ouvert avec développement des lianes et des arbustes épineux ;
- faciès fermé avec dominance du Chêne pédonculé.
Race de la Garonne (-)
Race de la Seine devenue très rare ! pour laquelle nous disposons de peu d’éléments.

Physionomie, structure

Il s’agit très souvent d’un taillis sous futaie avec une réserve importante de Frênes, Ormes et Chêne pédonculé.
La strate arbustive est diversifiée et recouvrante.
Le tapis herbacé est souvent dominé par les Laîches (Carex strigosa, Carex remota), et généralement très recouvrant.

Confusions possibles

Avec certaines aulnaies marécageuses de dépressions marginales installées sur des sols engorgés ou avec les chênaies pédonculées-charmaies des terrasses supérieures non inondées.

Dynamique

Dynamique moins brutale que pour les fleuves alpins (non détruite par des crues catastrophiques).
On observe des cas de dynamique naturelle postdéprise ; une prairie abandonnée peut passer par un stade de mégaphorbiaies puis à une fruticée.
Les essences pionnières sont l’Aulne, le Tremble, les Frênes, l’Orme.
Peu à peu le Chêne pédonculé assure la maturation forestière.
Ce type forestier alluvial correspond au plus haut degré de matu- ration des forêts riveraines.

Habitats associés ou en contact

Saulaie des cordons alluviaux (UE : 91E0*).
Chênaie pédonculée-frênaie, chênaie pédonculée-charmaie des terrasses voisines (UE : 9160).
Roselières, prairies à Laîches des bords de bras morts.
Prairies inondables fauchées des zones anciennement déboisées (UE : 6510).
Prairies à hautes herbes des lisières ou des territoires où les actions anthropiques ont disparu (UE : 6430).
Groupements aquatiques des bras morts (UE : 3150).
Aulnaies marécageuses de dépressions marginales.

Répartition géographique

Habitat décrit sur la Saône, la Loire, l’Allier, l’Adour.
Sans doute sur le Rhône en aval de Lyon, sur la Garonne à l’état résiduel, à localiser.
Seine (quelques lambeaux résiduels).
Exemples de sites avec l’habitat dans un bon état de conservation : bois de la Vaivre (Esmoulins) Haute-Saône ; bois de Pontailier (Pontailier-sur-Saône) ; bois de la Créchère (Vielverge, sur la Saône) ; barthes de l’Adour.

Valeur écologique et biologique

Selon les fleuves, la surface résiduelle est plus ou moins importante. Habitat caractéristique des plaines d’inondation des grands fleuves.
Localités de Fritillaire pintade en plaine de Saône, fréquence de la Laîche maigre.
Coprésence des Frênes commun et oxyphylle.
Nombreuses stations d’Orme lisse dans la plaine de Saône.
—› Habitat de grand intérêt patrimonial.

États de conservation

États à privilégier :
Chênaies-ormaies-frênaies à l’état de futaie irrégulière ou régulière ou de taillis sous futaie.
Phase pionnière éventuelle avec Saule.

Autres états observables :
Plantations de Peupliers, de Noyers.
Peuplements avec Robinia pseudacacia.

Tendances et menaces

Forêts menacées par l’extension des gravières, l’endiguement éventuel des fleuves.
Typicité altérée par la populiculture et les introductions d’essences exotiques (Robinier, Noyers…).

Potentialités intrinsèques de production

Stations à fortes potentialités feuillues (fertilité élevée à très élevée) : Chêne pédonculé et Frêne commun en essences objectif, Aulne glutineux, Érable sycomore, Érable plane, Merisier, Orme lisse, Tilleul à petites feuilles en essences d’accompagnement. Les surfaces concernées limitent parfois l’intérêt et la rentabilité du travail sylvicole à fournir.
Populiculture

Axes de recherche

Val de Saône : Chêne de juin (Quercus robur variété tardissi- ma) : son débourrement tardif lui confère une plus grande résistance aux attaques de chenilles et aux gelées tardives. Il présente des qualités technologiques équivalentes aux autres Chênes. Pour ces raisons, il pourrait être intéressant d’améliorer les connaissances relatives à son particularisme (caractéristiques génétiques, propriétés mécaniques…) et d’en dégager des modalités d’application technique sur le terrain pour travailler à son profit.
Suivi précis de l’évolution des conditions hydrodynamiques. Expérimentations à poursuivre sur le Robinier : dynamique, stratégies et capacité de colonisation d’espaces ouverts/boisés, contrôle de son expansion, méthodes d’exploitation des Robinier (« jardinage » des cépées/coupes rases)…
Affiner les conditions d’enrichissement (composition et dosage des essences, surfaces concernées).
Recherches à mener sur le cours de la Garonne pour identifier la présence éventuelle de ce type d’habitat.

Bibliography

 Bensettiti F., Rameau J.-C. & Chevallier H. (coord.), 2001. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 1 - Habitats forestiers. Volume 1. MATE/MAP/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 339 p. + cédérom. (Source)