9260-1.1 - Châtaigneraies cévenoles des étages mésoméditerranéen supérieur et supraméditerranéen inférieur

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Type d’habitat se rencontrant dans les Cévennes jusqu’à 450 m-500 m en adret et 300 m-400 m en ubac ; en stations chaudes.
Installé sur calcaires (souvent dolomitiques), grès, gneiss, schistes, granite, en position de versants, de replats ou de fonds de vallons.
Surtout dans le bassin houiller.
Donc existence de deux grands types de sols : neutroacidiclines à acidiclines d’une part, acidiphiles d’autre part.
Stations les plus chaudes en mésoméditerranéen (présence de nombreuses compagnes du Chêne vert) ; stations assez chaudes en supraméditerranéen avec présence de compagnes du Chêne blanc (cf. espèces indicatrices *).

Variabilité

Variations en fonction de l’altitude :
À l’étage mésoméditerranéen supérieur :
Sur substrat donnant des milieux à végétation acidicline (conglomérat et grès) :
- châtaigneraies denses sur calcaires dolomitiques et sur grès de 200 à 450 m en adrets ; pentes les plus chaudes des Cévennes.
Présence du Chèvrefeuille des Baléares (Lonicera implexa), du Genévrier oxycèdre (Juniperus oxycedrus), de la Bruyère arborescente (Erica arborea), Clématite flammette (Clematis flammula), Asperge à feuilles aiguës (Asparagus acutifolius), Camerisier étrusque (Lonicera etrusca), Ciste de Montpellier (Cistus monspeliensis)…
Sur substrats à végétation acidiphile :
- châtaigneraies sur ubacs (jusqu’à 250 m) sur granite.
(Anduze —› Saint-Hippolyte-du-Fort) ; cortège de la chênaie verte et blanche et quelques espèces mésophiles de la châtaigne- raie fraîche.
À l’étage supraméditerranéen inférieur :
Sur substrat donnant des milieux plutôt acidiclines à neutro- philes (granite et schistes) :
- châtaigneraie en mélange avec le Chêne pubescent jusqu’à 430 m en adret.
Espèces fréquentes : Pâturin des bois (Poa nemoralis), Tamier (Tamus communis), Mélique à une fleur (Melica uniflora).
Espèces différentielles : Mélitte à feuilles de Mélisse (Melittis melissophyllum), Pulmonaire à longues feuilles (Pulmonaria longifolia)…
Sur substrats siliceux, jusqu’à 400 m en exposition sud, sur les bas de versants, recherchant des sols profonds.

Physionomie, structure

Les peuplements sont variés :
- vergers ;
- taillis ;
- peuplements mixtes : forêts à structure irrégulière, Châtaignier associé au Chêne vert, au Chêne pubescent, avec le Pin maritime (ou le Pin laricio) ; strate arbustive diversement développée selon le couvert ; strate herbacée très recouvrante avec des espèces de pelouses, de fruticées et forestières ; parmi les plantes qui dominent : Fougère aigle, Fétuque hétérophylle, Pâturin des bois…

Confusions possibles

Avec les châtaigneraies de l’étage supraméditerranéen supérieur (cf. fiche 9260-1.2) dépourvues d’espèces méditerranéennes.

Dynamique

Cf. Cahier d'habitat.

Habitats associés ou en contact

Divers types forestiers : chênaies vertes (UE : 9340) ; chênaies pubescentes ; peuplement de pin de Salzmann (UE : 9530) ; plantations et semis de Pin maritime, à partir des points d’intro- duction (UE : 9540) ; forêts riveraines (UE : 91E0*).
Maquis à Arbousier et Bruyères. Landes à Genêt à balais.
Landes sèches à Erica cinerea et Calluna vulgaris (UE : 4030).
Cistaies à Cistus monspeliensis.
Pelouses ouvertes à Helianthemum guttatum, à Aira sp. pl.
Dalles rocheuses (UE : 8220).
Fruticées à Ronce, Prunellier.

Répartition géographique

Massif des Cévennes à l’étage mésoméditerranéen supérieur et au supraméditerranéen inférieur.

Valeur écologique et biologique

Type d’habitat de nature anthropique que l’on a substitué à des chênaies sclérophylles ou à des chênaies pubescentes.
Intérêt ethnologique, historique et paysager.
Flore ordinaire, représentative des forêts, fruticées et pelouses de cet étage (un peu appauvrie en espèces sylvatiques propres aux milieux forestiers potentiels).

États de conservation

Principe : ne retenir dans les sites Natura 2000 que des espaces où des acteurs interviennent pour l’entretien ou sont prêts à intervenir :
- vergers ;
- peuplements mélangés : Châtaignier-feuillus ;
- peuplements mixtes : châtaigneraies-résineux.
Dans ces peuplements mélangés, le Châtaignier peut avoir un régime de taillis (fréquent).

Autres états observables :
Taillis.

Tendances et menaces

Dynamique de la végétation allant vers les chênaies.
Menacées par diverses maladies, notamment l’encre (champignon de faiblesse) que favorise l’abandon des peuplements.
Incendies.

Potentialités intrinsèques de production

La châtaigneraie fait partie du paysage cévenol. Sa valeur culturelle est très importante mais son exploitation reste aujourd’hui marginale.
Le Châtaignier est actuellement exploité sur les parcelles les moins dégradées et/ou les plus accessibles et les plus fertiles.
Les utilisations sont diverses :
- production fruitière, nécessitant beaucoup de soins et de l’irrigation ;
- pâturage en sous-bois : feuilles, herbes, broussailles en fin de printemps et été, châtaignes à partir de mi-octobre jusqu’à la fin de l’hiver ;
- production de bois : très limitée à cette altitude, à la rigueur production de piquets (mais forte concurrence des résineux imprégnés) mais pas de bois d’œuvre.
De nouveaux produits sont à l’étude afin de diversifier les possibilités de valorisation des châtaignes : pâtisseries, glaces, crèmes dessert, confiseries, liqueurs et alcools.

Axes de recherche

Étude de l’évolution des peuplements en fonction des divers scénarios envisageables pour ces peuplements.
Études sur la qualité génétique et pathologique des peuplements.
Études des potentialités stationnelles ; amélioration des connaissances géomorphologiques et floristiques.
Poursuivre le travail sur les éclaircies, les possibilités et les limites de la régénération naturelle.
Étudier les causes responsables de la roulure.
Étude du marché local et des possibilités de valorisation par d’autres produits nouveaux.
Études des contraintes liées au grand gibier.
Action d’information et de sensibilisation sur le caractère de patrimoine naturel des châtaigneraies et sa modernisation.
Étude sur les possibilités de transformation en particulier avec d’autres feuillus mieux adaptés et bien intégrés dans le paysage.
Étude des différents modes de mise en valeur multi-fonctionnelle.

Bibliographie

 Bensettiti F., Rameau J.-C. & Chevallier H. (coord.), 2001. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 1 - Habitats forestiers. Volume 2. MATE/MAP/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 423 p. + cédérom. (Source)