9260-2 - Châtaigneraies des Pyrénées orientales

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Type d’habitat présent à l’étage collinéen du Conflent, Albères, Aspres et surtout Vallespir, en quelques points des Corbières siliceuses, entre 300 m et 1 000 m, introduit et développé à la place d’une chênaie caducifoliée acidiphile (à Chêne pubescent et parfois sessile).
Installé sur roches siliceuses : schistes, grès, granite, gneiss, mica- schistes, souvent sur des colluvions de bas de pente ou de talweg.
Les sols sont de type brun lessivé ou brun acide avec une litière de feuilles de Châtaignier.
Ph variant entre 4,5 et 5,5.
Humus peu abondant dans les sols.
Avec le régime du taillis, tassement du sol fréquent, et érosion possible par ruissellement après la coupe.
Bien qu’il puisse y avoir eu dans ces régions des Châtaigniers spontanés, il s’agit donc essentiellement de boisements artificiels (nécessité d’abord à une époque de charbon de bois pour les forges puis de piquets et douelles pour la viticulture).

Variabilité

Variations avec l’altitude :
- forme de basse altitude (300 m-400 m) avec parfois le chêne vert (Quercus ilex), ciste à feuilles de sauge (Cistus salviifolius);
- forme supérieure à 400 m, plus pauvre en espèces méditerra- néennes, jusqu’à la hêtraie (800 m-1 000 m).

Variations avec la topographie :
- variante « fraîche » de bas de versant, de fond de talweg sur des sols plutôt profonds ;
- variante plus « sèche » des bosses, versants plus pentus avec Dompte venin (Vincetoxicum hirundinaria).

Variations avec le type de substrat :
- variante acidicline sur schiste avec Brachypode des bois (Brachypodium sylvaticum), Campanule gantelée (Campanula trachelium) ;
- variante acidiphile sur granite, grès avec Canche flexueuse (Deschampsia flexuosa), Callune (Calluna vulgaris), Bruyère cendrée (Erica cinerea)…

Physionomie, structure

Ce type d’habitat était géré en taillis. L’essence dominante du taillis est le Châtaignier, quelques rares Frênes (ou autres feuillus selon la station) et Chênes percent son couvert.
Les arbustes ont un rôle effacé dans la châtaigneraie entretenue. Lorsque l’abandon sévit se développent la Fougère aigle, le Genévrier commun, l’Aubépine monogyne, diverses Ronces et Églantier, le Genêt à balais, la Callune, la Bruyère à balais.
Le tapis herbacé est diversement développé et notamment fonction du couvert forestier : le Châtaignier se développant bien en stations fraîches, l’herbe y est peu développé car peu de lumière.

Confusions possibles

Taillis ne pouvant être confondu avec d’autres types forestiers.

Dynamique

Cf. Cahier d'habitat.

Habitats associés ou en contact

Chênaies pubescentes et sessiliflores. Hêtraies.
Chênaies vertes (UE : 9340).
Forêts riveraines (UE : 91E0*).
Landes à genêt à balais.
Landes à Erica cinerea et genêt à balais.
Landes à Cistus laurifolius.
Landes sèches à Erica cinerea (UE : 4030).
Rochers, falaises avec végétations acidiphiles (UE : 8220).
Éboulis rocheux (UE : 8130).
Dalles rocheuses (UE : 8230).
Suberaies (UE : 9330).
Pinèdes à pin sylvestre.

Répartition géographique

Pyrénées orientales :
- Conflent ;
- Albères ;
- Aspres ;
- Vallespir ;
- quelques points siliceux des Corbières.

Valeur écologique et biologique

Type d’habitat de nature anthropique que l’on a substitué aux chênaies caducifoliées et aux hêtraies autochtones.
Intérêt ethnologique, historique et paysager notamment pour les châtaigneraies à fruits.
Flore ordinaire, représentative des chênaies acidiphiles régionales.

États de conservation

États à privilégier :
Taillis encore gérés.
Taillis en cours d’évolution.

Tendances et menaces

L’extension de la viticulture entre les années 1850 et 1880 sur tout le littoral a fait naître de nouveaux besoins, notamment pour les piquets de vigne et pour la tonnellerie. Or les chênes locaux n’avaient ni la qualité nécessaire ni la productivité suffisante pour couvrir ces besoins.
On exploita alors le Châtaignier. Celui-ci fut planté dans de nombreux endroits, répartis un peu partout dans ces petites régions à des altitudes allant de 300 à 1 000 m.
Le régime adopté pour ces plantations était le taillis : le Châtaignier rejette abondamment et s’accommode très bien de ce traitement. Ce taillis était exploité à un âge qui se situait entre 14 et 18 ans, après une éclaircie à 8 ans.
Les produits d’éclaircies fournissaient des cercles de barriques et des piquets ; les produits principaux récoltés à la coupe du taillis servaient à faire des douelles et des merrains.
Le développement d’un champignon parasite (Endothia parasi- ta, maladie du Chancre), qui attaque la partie inférieure des branches et des troncs, entraînant un assèchement de la partie supérieure des arbres. Ces maladies affectent tous les peuplements, quelle que soit leur vitalité.
Le déclin de la viticulture entraîne un déclin parallèle de la cul- ture du Châtaignier qui s’est traduit par un vieillissement des peuplements. La non-sylviculture entraîne également par conséquent le maintien sur pied d’arbres malades.
La régénération par graines de ces peuplements semble déficiente : beaucoup de châtaignes parviennent à germer mais les plantules se développent à condition d’être mises en lumière, ce qui n’est pas le cas sous un couvert fermé. La présence de semis de Chêne ou de semis de Hêtre permet de donner une idée du sens de l’évolution possible de ces peuplements.
Ainsi : sur les stations peu ou pas adaptées, type d’habitat tendant à être abandonné ou orienté vers des spéculations plus rentables (7 960 ha de taillis recensés par l’IFN).
Menaces : substitution par diverses essences.

Potentialités intrinsèques de production

Historiquement la production est plutôt orientée vers le bois (charbon, vignoble), et aujourd’hui c’est encore surtout la filière bois que l’on développe. Le pastoralisme n’est pas très présent, la production de fruit est essentiellement individuelle, à proximité des hameaux mais des projets de remise en état de la châtaigneraie à fruits voient le jour.
Les potentialités sinon sont moyennes à bonnes.
Les taillis de châtaignier produisent du petit bois d’œuvre (brins de 20 à 35 cm de diamètre en 35 à 40 ans) ; selon la qualité et la densité de l’ensouchement, on peut espérer du gros bois d’œuvre de qualité menuiserie.
Par contre sur les stations inadaptées (sols pauvres, érosion, mortalité, roulure) la châtaigneraie n’est pas à sa place, et la transformation permet de valoriser d’autres essences plus adaptées.

Axes de recherche

Étude de la variabilité floristique et stationnelle sur l’ensemble de l’aire de ces châtaigneraies.
Étude de l’évolution naturelle des peuplements après abandon. Préciser les niveaux d’infestation au sein des peuplements qui permettent d’envisager un balivage sans risque sanitaire trop élevé.
Évaluer les risques sanitaires représentés par les pratiques de tailles et d’élagages et comment les limiter.
Études des conséquences d’un allongement de la rotation des coupes de taillis (flore, faune, qualité de l’ensouchement et des rejets).
Affiner les relations vieillissement du bois/roulure.

Bibliographie

 Bensettiti F., Rameau J.-C. & Chevallier H. (coord.), 2001. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 1 - Habitats forestiers. Volume 2. MATE/MAP/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 423 p. + cédérom. (Source)