9330-1 - Suberaies mésophiles provençales à Cytise de Montpellier

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Type d’habitat plus mésophile que le type à Genista linifolia (fiche : 9330-2) ; installé sur les roches siliceuses des Maures, de la dépression permienne et de l’Esterel.
Étage mésoméditerranéen inférieur et moyen, recevant en moyenne 900 mm de précipitation dans l’aire concernée avec une période sèche de l’ordre de deux à trois mois ; température moyenne annuelle de 14 °C.
Les altérites siliceuses plus ou moins épaisses à l’origine de rankers, de sols bruns, de sols colluviaux.
La croissance du Chêne-liège est fortement sous l’influence du bilan hydrique (stations bien arrosées en exposition est, avec deux mois secs seulement et bas de versants, vallons).
Fuit les stations trop sèches ou trop froides.

Variabilité

Variations bioclimatiques :
- forme du mésoméditerranéen inférieur avec le Pistachier lentisque (Pistacia lentiscus), le Myrte (Myrtus communis), le Ciste ladanifère (Cistus ladaniferus) ;
- forme du mésoméditerranéen moyen avec le cortège « moyen » donné ci-contre ;
- forme du mésoméditerranéen supérieur avec des transgressives de chênaies pubescentes (Violette-Viola scotophylla, Tamier- Tamus communis, Chrysanthème en corymbe-Chrysanthemum corymbosum) ou de châtaigneraies (Aristoloche à feuilles rondes-Aristolochia rotunda, Germandrée scorodoine-Teucrium scorodonia, Luzule de Forster-Luzula forsteri, Châtaignier- Castanea sativa, Violette de Rivin-Viola riviviana, Véronique officinale-Veronica officinalis)…

Variations édaphiques :
- sur sols profonds, dans le Tanneron, variante à Chêne faux- liège (Quercus crenata) ;
- en contact avec les ripisylves : variante à Tilleul (Tilia cordata);
- en ubac avec Fraisier (Fragaria vesca) et Knautie des bois (Knautia dipsacifolia).
D’autres variantes édaphiques restent à identifier en fonction du sol et de la topographie.

Physionomie, structure

La strate arborescente est dominée par le Chêne-liège accompagné du Chêne vert et parfois du Pin maritime.
Les arbustes sont très recouvrants, là où l’exploitation du liège a cessé (sinon plus dispersés) : Cytises, Arbousier, Calycotome…
La strate herbacée est peu développée, elle est composée surtout d’hémicryptophytes.

Confusions possibles

Ne pas confondre avec la suberaie à Genêt installée dans des conditions plus xérophiles (fiche : 9330-2).

Dynamique

Cf. Cahier d'habitat.

Habitats associés ou en contact

Yeuseraie à Asplenium onopteris (UE : 9340).
Tillaie riveraine (UE : 92A0).
Châtaigneraies (UE : 9260).
Maquis élevé à Bruyère arborescente, Arbousier, Cytise de Montpellier.
Formation à Calycotome épineux et Myrte.
Maquis à Bruyère arborescente et Lavande des îles d’Hyères.
Cistaies à Cistus ladaniferus,à Cistus crispus,à Cistus monspeliensis, à Cistus salviifolius.
Pelouses ouvertes à Tuberaria guttata, à Vulpia ligustica…
Mares temporaires à Isoetes, à Serapias… (UE : 3170).
Formation des fentes de rochers (UE : 8220).
Végétation des dalles rocheuses (UE : 8230).

Répartition géographique

Ce type d’habitat se développe sur une grande partie des Maures, des massifs de Tanneron et de la Colle-du-Rouet.
Il est plus rare dans le massif de l’Esterel (bordure septentrionale). Il se rencontre aussi sur des massifs et dépressions périphériques (massif de Biot, presqu’île de Sicié près de Toulon).
—› Bordure permienne, Esterel et Maures.

Valeur écologique et biologique

Type d’habitat assez répandu au niveau de son aire, toutefois réduite à l’échelle de la France.
Intérêt des anciens massifs exploités pour le liège.
Grand intérêt des mosaïques d’habitats (forêts-maquis haut-maquis bas-pelouses) pour la diversité des niches ouvertes à la faune.

États de conservation

États à privilégier :
Suberaie gérée, pour le prélèvement du liège.
Suberaie non gérée avec strate arbustive très fournie.
Suberaie-yeuseraie (stade évolutif d’une forêt non gérée).
Faciès à pin maritime.

Autres états observables :
Plantations résineuses.
Maquis.

Tendances et menaces

Surfaces actuelles à peu près stables, avec cependant des perturbations (incendies) détruisant des surfaces non négligeables se régénérant plus ou moins lentement.

Menaces potentielles :
- risques d’incendies (résistance à un premier feu du Chêne-liège) ;
- la dynamique du maquis qui gêne la régénération du Chêne- liège ;
- la dynamique possible vers une chênaie verte peu à peu… ;
- détérioration du liège par l’action d’un coléoptère : Coroebus undatus ;
- urbanisation ;
- défrichement agricole au profit de la vigne.
La suberaie n’est pas une formation climacique. Sa conservation passe par des actions volontaristes d’entretien du sous-bois et de relance de la subériculture.
Surface couverte dans le département du Var : 3 900 ha ; 8 0 % en propriété privée.

Potentialités intrinsèques de production

Production de liège : bouchons, isolants, artisanat.
Bois de trituration (et bois d’œuvre si Cochenille enrayée) avec le Pin maritime.
Bois de feu avec le Chêne vert, le Chêne pubescent et l’Arbousier.
Souches de bruyère : ébauchons de pipes (artisanat).
Sylvopastoralisme.
Intérêt paysager —› valorisation indirecte par le tourisme.

Axes de recherche

Étude fine de la végétation, de sa dynamique et des sols.
Étude fine de la dynamique des peuplements en cas d’abandon, en particulier de la régénération naturelle.
Étude sur les techniques de régénération.

Bibliography

 Bensettiti F., Rameau J.-C. & Chevallier H. (coord.), 2001. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 1 - Habitats forestiers. Volume 2. MATE/MAP/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 423 p. + cédérom. (Source)