3170-4 - gazons amphibies annuels méditerranéens (Nanocyperetalia)

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

L'habitat se rencontre à l'étage thermoméditerranéen en bordure de mares ou de marais ou au niveau des ornières de chemins humides. Il se développe sur des substrats riches et souvent calcaires ou siliceux basiques, mésotrophes à eutrophes, submergés en hiver.

Variabilité

L'habitat présente une certaine variabilité selon les caractères du substrat.
Sur des sols riches en matière organique : association à Souchet jaunâtre [Cyperetum flavescentis] survivante des périodes glaciaires.
Sur des sols basaltiques, noirâtres, pauvres en terre fine et en calcaire, à réaction faiblement basique : association à Élatine à longs pédoncules [Elatinetum macropodae].
Sur des sols eutrophes, limoneux ou argileux : association à Lythrum à trois bractées (Lythrum tribracteatum) et Germandrée de Crau (Teucrium aristatum) ; en Camargue, au niveau de mares temporaires plus halophiles sur sols argilo-limoneux riches en calcaire actif, peut s’observer un groupement à Lythrum à trois bractées et Étoile d’eau (Damasonium alisma).

Physionomie, structure

Cet habitat se présente sous la forme de pelouses amphibies souvent rases et couvrant de faibles surfaces. Ces pelouses se caractérisent par une flore essentiellement paléo-tempérée ; elles sont composées d’une majorité d’espèces amphibies et sont fortement dominées par des espèces annuelles. La plupart des espèces sont à développement printanier et estival. La hauteur de la végétation varie de 5 à 30 cm en fonction de l’humidité.

Confusions possibles

Absence d'informations.

Dynamique

Des variations existent lors du développement de ces espèces, influencé par les conditions climatiques de l’année (niveau d’eau et durée d’inondation), qui affectent la hauteur et la composition spécifique de la végétation. Les années sèches sont caractérisées par une forte intrusion d’espèces terrestres des formations végétales voisines (variable selon les situations). Certaines espèces caractéristiques sont très instables entre années (Germandrée de Crau, Étoile d’eau) parce qu’elles n’apparaissent que durant les années humides.

Habitats associés ou en contact

Ils peuvent être très variés : en Crau, l'habitat s’installe au niveau des trouées dans les prairies à hautes herbes à Molinie bleue (Molinia caerulea) et Choin noirâtre (Schoenus nigricans) (Molinio-Holoschoenion, UE 6420), ou dans les groupements à Bident tripartit (Bidens tripartita) (Bidentetum tripartiti, Cor. 22.33) ; il peut également se trouver en contact avec des milieux aquatiques plus profonds à hydrophytes submergées (charophytes : Chara aspera, Chara contraria, Chara vulgaris) (UE 3140). En Camargue, il jouxte des groupements moins hygrophiles dominés par l’Élurope du littoral (Aeluropus littoralis) et des habitats plus hygrophiles à Callitriches et Renoncules (Callitricho-Ranunculetum baudotii, Cor. 22.432). Ailleurs, on note la présence d’espèces caractéristiques du Preslion cervinae (habitat 3170*-2) telles que la Menthe des cerfs (Mentha cervina) ou encore de l’Isoetion (habitat 3170*-1) avec l'Isoète épineux (Isoetes histrix), l'Isoète de Durieu (Isoetes duriaei).

Répartition géographique

Ces quatre groupements strictement méditerranéens sont très localisés et présentent une très faible extension :
- le Cyperetum flavescentis et l'association à Lythrum à trois bractées et Germandrée de Crau sont endémiques de Crau ;
- l'Elatinetum macropodae se trouve aux environs d’Agde ;
- le groupement à Lythrum à trois bractées et Étoile d’eau s’observe dans les Bouches-du Rhône (2 localités), dans le Gard (1 localité), dans le Var (2 localités) et dans l’Aude (2 localités).
Dans ces régions, tous ces groupements extrêmement rares ne sont connus que de quelques secteurs.

Valeur écologique et biologique

Cet habitat présente une forte valeur patrimoniale en raison de son extrême rareté. L'ordre des Nanocyperetalia est principalement représenté en Europe moyenne et occidentale. En France méditerranéenne, cet ordre devient extrêmement rare et l'habitat représente ainsi ses irradiations les plus méridionales.
Par ailleurs, plusieurs espèces protégées sont observables au sein de cet habitat :
- espèces protégées et/ou menacées (espèces prioritaires) au niveau national : Lythrum tribracteatum, Teucrium aristatum, Damasonium alisma ;
- espèce protégée au niveau régional : Elatine macropoda (Languedoc-Roussillon).
Riella batandieri est une hépatique extrêmement rare en Europe.

États de conservation

En raison de l'extrême rareté de l’habitat, tous les états sont à privilégier.

Tendances et menaces

Tendances évolutives :
Les connaissances relatives à cet habitat sont très réduites et sa situation actuelle n'est pas connue avec précision. Son extrême rareté en fait néanmoins un habitat vulnérable.

Menaces potentielles :
Les causes d’altération ou de dégradation sont multiples :
- substitution par infrastructure (irréversible) ;
- assèchement-drain (difficilement réversible) ;
- mise en eau permanente (réversible) ;
- mise en culture sans drain (réversible si la topographie n’est pas variable) ;
- modification de la qualité des eaux (irréversible) ;
- comblements-atterrissements (irréversible) ;
- opérations forestières (irréversible) ;
- abandon du pâturage (réversible) ; il conduit à la mise en place de prairies humides et à la disparition des espèces rares.

Potentialités intrinsèques de production

Elles sont très faibles (pâturage extensif).

Axes de recherche

Suivi de la dynamique des communautés des mares temporaires :
- mieux comprendre la dynamique des diverses ceintures de végétation par rapport au régime hydrique des mares ;
- suivre les phénomènes d’atterrissements en liaison avec les diverses perturbations environnantes ;
- étudier les conséquences des divers niveaux de pâturage et de l’impact des populations de Sangliers (Sus scrofa) sur la dynamique des communautés végétales.

Fiche du cahier d'habitats (format pdf)
Bibliographie

 Bensettiti F., Gaudillat V. & Haury J. (coord.), 2002. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 3 - Habitats humides. MATE/MAP/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 457 p. + cédérom. (Source)