Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats
Étage supraméditerranéen.
Essentiellement de 500 à 1 200 m d’altitude.
Biotopes chauds, ensoleillés, exposés le plus souvent au sud.
Indifférent au substrat, mais préférentiellement sur calcaires marneux et dolomies.
Sols assez profonds.
Pentes variables, réduites à moyennes (5 à 40 %).
Habitats soit primaires de corniches, falaises et vires rocheuses, soit secondaires associés aux systèmes pastoraux extensifs hérités des traditions de parcours (surtout ovin et caprin) et de pâturage maigre (bovin) ; dans de nombreux secteurs, des situations primaire et secondaire coexistent et peuvent être étroitement intriquées.
Le Genévrier commun (Juniperus communis subsp. communis) participe à diverses végétations méditerranéennes dont la diversité typologique est assez importante puisque le Genévrier commun n’est généralement pas une essence qui permet d’individualiser des communautés clairement identifiables.
Les communautés auxquelles participe le Genévrier commun peuvent être divisées en deux grands ensembles selon leur origine :
- d’une part, les communautés arbustives primaires, ouvertes et héliophiles, installées sur des corniches, des falaises ou des vires rocheuses, de structure verticale et horizontale très hétérogène et généralement diversifiées sur le plan des essences ;
- d’autre part, les communautés secondaires à caractère agropastoral ; il s’agit de junipéraies de faible diversité spécifique, parfois pures, de densité variable mais se présentant souvent sous forme de piqueté épars.
La diversité typologique des situations secondaires est en relation avec les systèmes de pelouses, de garrigues et de matorrals associés au sein desquels le Genévrier commun forme un peuplement arbustif pionnier particulier et dépendant de la relation pastorale et des processus dynamiques en cours.
Espèce normalement dioïque (à de rares exceptions près) pouvant atteindre 7 à 8 m, exceptionnellement 17 m.
Port très variable, en partie au moins en relation avec les conditions environnementales (influence du climat et des troupeaux, notamment suite au broutage des jeunes plants), avec trois types majeurs :
« colonnaire », ovoïde subcylindrique, particulièrement élancé, la souche ne formant pas de ramifications principales ;
« étalé/prostré », avec les branches principales retombantes ;
« intermédiaire » entre les deux précédents, d’aspect buisson-nant, chaque souche se ramifiant dès la base pour constituer un faisceau de rameaux dressés presque parallèlement les uns par rapport aux autres.
Physionomie variable des junipéraies selon le port dominant et la structure de la végétation, depuis les junipéraies colonnaires sur pelouses rases jusqu’aux junipéraies étalées aux genévriers ourlés d’une ceinture de hautes herbes (ourlet).
Longévité moyenne du Genévrier commun estimée à 70100 ans, mais des individus de 200 ans ne sont pas exceptionnels (un âge record connu de 2 000 ans avec un tronc de 2,75 m de circonférence à la base).
Maturité sexuelle tardive et intervenant chez les individus femelles vers dix ans (un peu moins chez les mâles). Selon des travaux réalisés en Angleterre, la période adulte, correspondant à une fertilité optimale, se situe entre 20 et 45 ans avec un déclin rapide de celle-ci au-delà. Une relation entre vitesse de croissance et longévité a également été mise en évidence, la durée de vie s’amenuisant avec l’augmentation de largeur des cernes.
Rôle essentiel (mais variable d’une population à une autre) de la structure d’âge des peuplements de Genévrier commun et de la disposition horizontale des individus mâles et femelles dans la capacité de reproduction et la fertilité des populations, et donc dans le renouvellement des générations.
Le Genévrier commun ne forme que rarement des peuplements importants ; le plus souvent il s’agit de piquetés peu denses qui dominent une strate herbacée et/ou arbustive basse.
Présence en général de trois strates : une strate supérieure à Genévrier commun ne dépassant pas 2-3 m de hauteur, une strate arbustive inférieure à chaméphytes et nanophanérophytes des garrigues méditerranéennes [Ononidetalia striatae et Rosmarinetalia officinalis] et une strate herbacée.
Néant.
Spontanée :
En situation primaire sur corniches et vires rocheuses, dynamique normalement bloquée ; les fourrés xériques à Genévrier commun participent à des paysages rupicoles complexes associant des végétations de rochers, de pelouses et garrigues à caractère primaire et d’ourlets.
En conditions subprimaires, maturation lente possible vers des formations plus fermées ayant un cortège floristique mixte de ligneux sclérophylles et d’éléments caducifoliés des chênaies pubescentes [Quercion pubescenti-sessiliflorae, code Corine : 41.711].
Matorrals secondaires associés aux systèmes agropastoraux en voie générale de maturation et d’extension en raison de la déprise, mais localement affectés par le passage d’incendies ; les dynamiques de vieillissement des peuplements s’inscrivent dans des potentialités forestières de chênaies pubescentes.
Colonisation spontanée possible de nouveaux territoires grâce à la dispersion (endozoochorie) des galbules par les mammifères et les oiseaux si les « individus-sources » sont peu éloignés (en Espagne, une étude montre que la colonisation de nouvelles zones ouvertes est réduite puisque ces secteurs reçoivent moins de 1 % des graines dispersées par les oiseaux).
Liée à la gestion :
Extension assez marquée des matorrals à Genévrier commun en moyenne montagne du fait de la chute très importante des pratiques agropastorales.
Localement les pratiques de surpâturage peuvent engendrer l’existence d’un piqueté de Genévrier commun (laissés indemnes car peu appétants) parmi une pelouse riche en rudérales nitrophiles.
Il existe de très nombreux habitats associés ou en contact avec une ou plusieurs variantes de junipéraies ; parmi les principaux, citons : -les pelouses et garrigues supraméditerranéennes [Ononidetalia striatae et Rosmarinetalia officinalis]; -les ourlets méditerranéens mésothermes de Provence à Brachypode rameux (Brachypodium retusum) [Phlomido lychnitidis-Brachypodion retusi, code UE : 6220*]; -les forêts de Chêne pubescent (Quercus humilis) [Quercion pubescenti-sessiliflorae, code Corine : 41.711].
Aire supraméditerranéenne et prolongements directs : Pyrénées, Provence, Languedoc, sud et sud-ouest du Massif central, Alpes du sud, couloir rhodanien.
Assez commun en moyenne en haute Provence et en Languedoc, au-dessus de 800-1 000 m, sans former de peuplements étendus.
Diversité floristique souvent assez réduite.
Junipéraies primaires représentant probablement un pool génétique originel et diversifié du Genévrier commun.
Très forte originalité et diversité faunistique associée aux genévriers avec une part importante de phytophages junipérophages soit gallicoles, soit non gallicoles (essentiellement des lépidoptères, hyménoptères, hémiptères, diptères et acariens).
Richesse des communautés de vertébrés (oiseaux).
À la valeur intrinsèque des junipéraies secondaires, s’ajoutent dans les systèmes agropastoraux, les intérêts cumulatifs apportés par les habitats associés.
États à privilégier :
Junipéraies primaires.
Junipéraies (pures ou associées à des arbustes de même signification dynamique et structurale) en voile éclaté et possédant une structure d’âge équilibrée et une niche permanente de régénération.
Autres états observables :
Jeunes junipéraies à Genévrier commun en extension sur divers matorrals et pelouses.
Junipéraies envahies par des essences arbustives préforestières.
Manteaux arbustifs sur junipéraie sénescente.
Situations primaires peu menacées, sauf localement par des constructions et les pratiques d’escalade.
Situations secondaires assez fréquentes, en extension générale en raison de l’arrêt des pratiques agropastorales.
La ressource herbacée de l’habitat est relativement médiocre en quantité et en qualité mais convient aux animaux à l’entretien, à faibles besoins. Ces parcours peuvent être pâturés en toute saison mais offrent le plus d’intérêt en hiver lorsque la ressource est rare ailleurs. Elle est bien valorisée par des bovins ou des équins, éventuellement des ovins.
Le Genévrier commun et le Buis sont refusés par le troupeau.
Pour les formations les plus fermées, proches de la chênaie pubescente, l’habitat a un intérêt sylvicole (régime du taillis).
Chasse au sanglier importante dans le milieu auquel appartient l’habitat.
Absence de données.
Bensettiti F., Boullet V., Chavaudret-Laborie C. & Deniaud J. (coord.), 2005. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 4 - Habitats agropastoraux. Volume 1. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 445 p. + cédérom. (Source)