Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats
Étage thermo-méditerranéen (chaud et relativement sec).
Parois rocheuses et rives étroites de falaises exposées, en situation chaude ou protégée.
Roches-mères : calcaires, dolomies ou substrats siliceux selon la région.
Lithosols pauvres en terre fine, fentes de rochers, vires où s’accumulent quelques éléments organo-minéraux ; plus rarement sur sols un peu plus épais (en stations secondaires après dégradation de végétations primaires à Pistachier lentisque, Olivier d’Europe…).
L’Euphorbe arborescente (Euphorbia dendroides) participe en France à diverses végétations méditerranéennes thermophiles dont la diversité typologique, assez grande, est en liaison avec la situation géographique (France continentale ou Corse), l’éloignement de la mer et la nature du substrat.
Il est possible de distinguer plusieurs types :
- sur le littoral varois, maquis à Olivier d’Europe et Euphorbe arborescente [Oleo sylvestris-Euphorbietum dendroidis], sur substrats siliceux et lithosols rocheux, avec : Lavatère maritime (Lavatera maritima), Violier blanchâtre (Matthiola incana), Liseron de Sicile (Convolvulus siculus), Centaurée de Hanry (Centaurea hanryi), Liseron fausse guimauve (Convolvulus althaeoides), etc., présentant des variantes (sur îles ou sur continent et en fonction de la distance à la mer) ;
- sur le littoral des Alpes-Maritimes, maquis à Olivier d’Europe et Pistachier lentisque [Oleo sylvestris-Pistacietum lentisci] riche en Euphorbe arborescente [subass. euphorbietosum dendroidis], sur calcaires ou dolomies, avec : Coronille de Valence (Coronilla valentina), Olivier d’Europe (Olea europaea var. sylvestris), Caroubier à grands fruits (Ceratonia siliqua), Camelée à trois coques (Cneorum tricoccon), Pistachier lentisque (Pistacia lentiscus)… ; ce maquis est primaire ou s’installe après dégradation de l’habitat type à Olivier d’Europe et Pistachier lentisque ;
- sur le littoral corse, maquis à Genévrier à gros fruits et Euphorbe arborescente [Junipero macrocarpae-Euphorbietum dendroidis], sur substrats siliceux (rhyolites), en situation primaire sur falaises, vires ou secondaire après incendie de maquis thermo-méditerranéens à Clématite à toupet (Clematis cirrhosa) et à Pistachier lentisque, avec l’Oléastre, le Genévrier à gros fruits (Juniperus oxycedrus subsp. macrocarpa), le Genêt de Corse (Genista corsica)… ;
- sur le littoral corse, maquis à Pistachier lentisque et Euphorbe arborescente [groupement à Pistacia lentiscus et Euphorbia dendroides], en corniches ou sur parois rocheuses siliceuses ou calcaires, en situation primaire ou secondaire après dégradation de maquis à Clématite à toupet et Pistachier lentisque, avec le Pistachier lentisque, le Calicotome velu (Calicotome villosa)…
Cet habitat se présente sous la forme d’un maquis souvent très ouvert de quelques mètres de hauteur avec, selon le type, l’Euphorbe arborescente, le Pistachier lentisque, l’Oléastre, le Myrte (Myrtus communis), le Genévrier rouge (Juniperus phoenicea), la Bruyère arborescente (Erica arborea), le Nerprun alaterne (Rhamnus alaternus), le Caroubier à grands fruits, le Filaire à larges feuilles (Phillyrea latifolia), le Genévrier à gros fruits, le Chèvrefeuille des Baléares (Lonicera implexa).
Une strate plus basse peut héberger, selon le type, le Fragon piquant (Ruscus aculeatus), l’Asperge à feuilles aiguës (Asparagus acutifolius), la Garance voyageuse (Rubia peregrina), le Genêt de Corse, le Romarin officinal (Rosmarinus officinalis), le Ciste de Montpellier (Cistus monspeliensis)…
Dans la strate herbacée subsistent quelques espèces de fentes de rochers comme le Phagnalon des rochers (Phagnalon saxatile), l’Ombilic de Vénus (Umbilicus rupestris), etc., ainsi que des espèces de pelouses comme le Brachypode rameux (Brachypodium retusum), le Liseron plante-de-Biscaye (Convolvulus cantabricus), etc., mais la physionomie est vraiment marquée par le port et les teintes successives de l’Euphorbe en arbre.
La présence d’Euphorbe arborescente écarte toute confusion possible (sauf à la rigueur dans le cas de formations secondaires en évolution où l’Euphorbe arborescente peut subsister plus ou moins longtemps : en Corse, par exemple avec les peuplements de Pistachier lentisque, Clématite à toupet…).
En situation primaire, communautés stables pouvant se régénérer après perturbations accidentelles (incendies).
En situation secondaire, communautés dérivant, souvent après incendies, des végétations arborées claires ou arbustives thermo-méditerranéennes [Oleo sylvestris-Ceratonion siliquae, code UE : 9320] dont elles constituent un stade de dégradation. Retour vers les boisements climaciques progressif et lent.
Végétations arborées claires ou arbustives climaciques thermoméditerranéennes à Myrte et Pistachier lentisque [Myrto communis-Pistacietum lentisci] ou à Clématite à toupet et Pistachier lentisque (Clematido cirrhosae-Pistacietum lentisci) [Oleo sylvestris-Ceratonion siliquae, code UE : 9320].
Maquis thermo-méditerranéens bas et ouverts à Pistachier lentisque [Oleo sylvestris-Ceratonion siliquae, code UE : 9320].
Chênaies vertes [Quercenion ilicis, code UE : 9340], subéraies [Quercenion suberis, code UE : 9330], peuplements de Pin d’Alep (Pinus halepensis) [code UE : 9540], de Pin maritime (Pinus pinaster) [code UE : 9540].
Chênaies pubescentes méditerranéennes.
Maquis à Bruyère arborescente [Ericion arboreae, code Corine : 32.311], cistaies [Cisto ladaniferi-Lavanduletea stoechadis, code Corine : 32.3].
Pelouses rocheuses à Hyparhenia hirta, de rives rocheuses à Piptatherum coerulescens, végétation de fentes de rochers à Phagnalon des rochers [Phagnalo saxatilis-Cheilanthion maderensis, code UE : 8220] ou à Doradille de Pétrarque (Asplenium petrarchae) [Asplenion glandulosi, code UE : 8210], à Cosentinie (Cosentinia vellaea) [Phagnalo saxatilis-Cheilanthion maderensis, code UE : 8220].
Oueds à Laurier-rose (Nerium oleander) [Rubo ulmifolii-Nerion oleandri, code UE : 92D0].
Végétations des rochers littoraux soumis aux embruns [Crithmo maritimi-Staticetalia, code UE : 1240].
Pelouses ouvertes à Tubéraire à gouttes (Xolantha guttata) [Helianthemion guttati, code Corine : 35.3].
Littoral varois (Saint-Clair-du-Lavandou, cap Bénat, cap Nègre, Port-Cros, île du Levant, Aiguebelle, la Fouasse-de-Saint-Clair, Cavalaire, Château-d’Hyères, col de Babaou…).
Littoral à l’est de Nice (entre Menton et San Rémo).
Corse : région de Porto, Piana, San Fiurenzo, Calvi, Scandola, Bonifacio, Porto Vecchio.
Aire très réduite avec de plus des habitats de faible étendue.
Intérêt écologique et patrimonial très élevé de l’Euphorbe arborescente.
Mosaïque d’habitats du plus grand intérêt par la diversité des niches écologiques offertes aux espèces végétales et animales.
Présence possible d’espèces rares (Juniperus oxycedrus subsp. macrocarpa).
États à privilégier :
Situations primaires en situation de parois rocheuses.
Stations secondaires (sachant qu’elles peuvent évoluer dans le temps vers un habitat climacique aussi concerné par la directive).
Autres états observables :
Absence de données.
Situations primaires assez stables, souvent inaccessibles et risquant peu d’être piétinées, mais pouvant souffrir des aménagements touristiques, de l’urbanisation.
Régénération possible après incendie.
Aucune valorisation économique directe ; cet habitat participe néanmoins à un paysage très apprécié du public, notamment du fait de sa floraison hivernale.
Suivi fin de la dynamique des stations secondaires et des stations primaires après incendies.
Bensettiti F., Boullet V., Chavaudret-Laborie C. & Deniaud J. (coord.), 2005. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 4 - Habitats agropastoraux. Volume 1. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 445 p. + cédérom. (Source)