Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats
Étages planitiaire et collinéen (jusque vers 500 m).
Climat à tendance semi-continentale ou précontinentale, avec des étés chauds et une pluviométrie peu élevée (600 à 700 mm). Situation topographique variée : pentes plus ou moins fortes, rebords de plateaux, plus rarement plateaux. Expositions variées, mais souvent au sud et très rarement au nord. Roches mères : tous types de calcaires, y compris marneux, surtout d’âge jurassique.
Sols peu épais, surtout de type brun calcique et brun calcaire, plus rarement rendzines. Systèmes pastoraux extensifs liés au pâturage ovin et caprin (surtout au XIXe siècle) et rarement bovin, plus rarement milieux secondaires résultant de la recolonisation de champs cultivés ou de vignes.
Action autrefois importante des lapins (presque disparus) ; limitation fréquente des broussailles par les chevreuils, les sangliers et les cerfs dans certains sites (de Beaune à Is-sur-Tille).
L’habitat étant présent dans une grande partie de la Bourgogne, il en découle une variabilité importante, de type géographique, mais surtout de type édaphique et topographique.
Variations de type géographique et climatique :
- sous climat à tendance semi-continentale (Côte-d’Or et Yonne) : pelouse à Inule des montagnes et Brome dressé [Inulo montanae-Brometum erecti] avec : Pulsatille vulgaire (Pulsatilla vulgaris), Trinie glauque (Trinia glauca), Genêt poilu (Genista pilosa), Hélianthème blanchâtre (Helianthemum oelandicum subsp. incanum) ;
- sous climat à tendance semi-continentale, plus chaud (Saôneet-Loire) : pelouse à Micrope droit et Laîche de Haller [Micropodo erecti-Caricetum hallerianae] plus thermophile avec de nombreuses annuelles : Céraiste nain (Cerastium pumilum), Micrope droit (Bombycilaena erecta), Buplèvre du mont Baldo (Bupleurum baldense) et aussi Panicaut champêtre (Eryngium campestre), Scille d’automne (Scilla autumnalis), Fléole de Boehmer (Phleum phleoides).
Principales variations de type édaphique et topographique :
- sur sols bruns calciques à tendance acidocline, souvent sur plateau et en situation intraforestière (Côte-d’Or) : pelouse à Renoncule graminée et Brome dressé [Ranunculo graminei-Brometum erecti] avec : Renoncule graminée (Ranunculus gramineus), Filipendule vulgaire (Filipendula vulgaris), Gaillet glauque (Galium glaucum), Renoncule bulbeuse (Ranunculus bulbosus), Gaillet jaune (Galium verum), Rosier à feuilles de boucage (Rosa pimpinellifolia) ;
- sur sols de type rendzine, dérivés de calcaires oolithiques et de calcaires marneux, en général sur pentes raides (Yonne et Côte-d’Or) : sous-association à Seslérie bleuâtre [subass. seslerietosum caeruleae] de l’Inulo montanae-Brometum erecti avec : Seslérie bleuâtre (Sesleria caerulea), Phalangère rameuse (Anthericum ramosum), Épipactis pourpre noirâtre (Epipactis atrorubens);
- sur sols rocailleux des pentes raides très chaudes, dérivés de calcaires variés (Yonne) : sous-association à Armoise blanche [subass. artemisietosum camphoratae] de l’Inulo montanae-Brometum erecti avec : Armoise blanche (Artemisia alba), Mélique ciliée (Melica ciliata) et Hysope officinal (Hyssopus officinalis) ;
- sur rebords de corniches très chaudes (Yonne) : sous-association à Stipe pennée [subass. stipetosum pennatae] de l’Inulo montanae-Brometum erecti avec : Stipe pennée (Stipa pennata), Liseron plante-de-Biscaye (Convolvulus cantabricus), Hutchinsie des pierres (Hornungia petraea) ;
- sur pentes et rebords de corniches très chaudes (Saône-et-Loire) : sous-association à Mélique ciliée [subass. melicetosum ciliatae]du Micropodo erecti-Caricetum hallerianae avec : Mélique ciliée (Melica ciliata), Œillet des rochers (Dianthus sylvestris) ;
- sur plateaux et pentes faibles à fortes (Yonne, Côte-d’Or) : sous-association typique [subass. typicum] de l’Inulo montanae-Brometum erecti avec l’optimum pour l’Inule des montagnes (Inula montana) et le Thésion divariqué (Thesium divaricatum), parfois présence de la Renoncule graminée (Ranunculus gramineus) ;
- sur plateaux et pentes faibles (Saône-et-Loire) : sous-association à Guimauve hirsute [subass. althaetosum hirsutae] du Micropodo erecti-Caricetum hallerianae avec : Guimauve hérissée (Althaea hirsuta) et Bothriochloa ischème (Dichanthium ischaemum).
Pelouses surtout rases, rarement mi-rases, souvent écorchées, moyennement recouvrantes (50 à 80 %, excepté la pelouse à Renoncule graminée et Brome dressé : jusqu’à 100 %), dominées par les hémicryptophytes, surtout Brome dressé, Laîche humble (Carex humilis) et Fétuque gr. ovine (Festuca gr. ovina), riches en chaméphytes.
Parfois une strate arbustive constituée souvent de Buis (Buxus sempervirens), de Genévrier commun (Juniperus communis), accompagnés d’autres arbustes : Rosiers divers (Rosa sp.), Prunus mahaleb (Prunus mahaleb) et, en Côte-d’Or, Nerprun des Alpes (Rhamnus alpina).
Diversité floristique importante avec un pic de floraison printanier (avril-juin) et une seconde floraison plus discrète (septembre).
Avec des pelouses xérophiles vicariantes dans les régions de contact [Code UE : 6210*].
Avec des pelouses méso-xérophiles du Seslerio caeruleae-Mesobromenion erecti et du Teucrio montani-Mesobromenion erecti, qu’elles côtoient dans l’Yonne, la Côte-d’Or, la Saône-et-Loire ; dans les régions les plus chaudes où prospère le Xerobromion erecti, ces dernières s’installent plutôt sur les plateaux et les versants exposés au nord. Mais les mosaïques restent possibles dans un même site lorsque la profondeur du sol y est variable [Code UE : 6210*].
Avec des pelouses-ourlets enrichies en Géranium sanguin (Geranium sanguineum) et en Rosier à feuilles de boucage (Rosa pimpinellifolia) [Geranion sanguinei].
Pelouses généralement secondaires résultant de la déforestation de chênaies pubescentes, très rarement primaires (éboulis fixés, rebords de corniches).
Spontanée :
Après abandon pastoral, densification lente à très lente du tapis graminéen (surtout Brome dressé), formation progressive d’une litière sèche plus ou moins dense, réduction lente de la diversité floristique, passage à la pelouse-ourlet [Geranion sanguinei]. Ce phénomène est plus rapide sur les plateaux du nord de la Bourgogne qui sont plus arrosés. Il peut être très lent ou peu significatif sur les sols peu épais en exposition sud dans les secteurs les plus secs.
Parallèlement, implantation de fruticées par noyaux à partir des genévriers, des buis et de divers arbustes isolés (ou par front lorsque la pelouse côtoie une forêt). Le Buis lorsqu’il est présent constitue la menace principale pour ces pelouses. Le Pin noir (Pinus nigra) ou le Pin sylvestre (Pinus sylvestris), le Chêne pubescent (Quercus humilis) et le Chêne sessile (Quercus petraea) s’installent petit à petit ; à long terme on obtient un complexe préforestier. Il peut persister très longtemps (un siècle ou plus) ; il peut aussi devenir une accrue forestière diversifiée en espèces calcicoles en quelques décennies qui dérive vers une chênaie pubescente ou une chênaie sessiliflore sèche calcicole.
Communautés pionnières de l’Alysso alyssoidis-Sedion albi à Céraiste nain (Cerastium pumilum), Orpin âcre (Sedum acre), Orpin doux (Sedum sexangulare), Pâturin de Baden (Poa badensis) et groupements bryolichéniques terricoles thermophiles [Code UE : 6110*].
Pelouses xérophiles des corniches à Anthyllide des montagnes (Anthyllis montana), Œillet des rochers, Stipe pennée [Seslerio caeruleae-Xerobromenion erecti, Code UE : 6210*].
Pelouses méso-xérophiles à Fétuque de Léman (Festuca lemanii), Cytise rampant (Cytisus decumbens), Thésion couché (Thesium humifusum), Polygale des sols calcaires (Polygala calcarea), etc. [Mesobromion erecti, Code UE : 6210*].
Ourlets xérophiles à Géranium sanguin, Coronille en couronne (Coronilla coronata), Rosier à feuilles de boucage, Euphorbe à feuilles de pin (Euphorbia esula subsp. pinifolia), Trèfle pourpre (Trifolium rubens)[Geranion sanguinei, Code UE : 6210*].
Manteaux arbustifs préforestiers à Prunier mahaleb (Prunus mahaleb), Genévrier commun (Juniperus communis), Cornouiller mâle (Cornus mas), Buis (Buxus sempervirens), Amélanchier à feuilles ovales (Amelanchier ovalis), Nerprun des Alpes (Rhamnus alpina) (plusieurs types) [Berberidenion vulgaris, Code Corine : 31.812].
Chênaies pubescentes à Garance voyageuse (Rubia peregrina) [Quercion pubescenti-sessiliflorae, Code Corine : 41.711].
Chênaies sessiliflores xérophiles et calcicoles.
Plateaux jurassiques du centre-est de la France depuis l’extrême sud de la Haute-Marne et Champlitte (Haute-Saône) jusqu’au sud de la Saône-et-Loire et jusqu’au nord de la Nièvre.
Habitat rare et en régression spatiale ; certains types sont très localisés : sous-associations à Armoise blanche et Stipe pennée de la pelouse à Inule des montagnes et Brome dressé.
Diversité floristique très élevée avec souvent des Orchidées.
Beaucoup d’espèces sont en limite d’aire dans ces pelouses : Hélianthème des Apennins, Thésion divariqué, Renoncule graminée, Koelérie du Valais.
Diversité entomologique très élevée (grande variété des Orthoptères, des Rhopalocères, plusieurs espèces d’Ascalaphes, Mante religieuse, Petite Cigale des montagnes, Cigale de sang).
Habitat de plusieurs Reptiles : Lézard vert (Lacerta viridis), Lézard ocellé (Lacerta lepida,Saône-et-Loire) en limite d’aire, Vipère aspic (Vipera aspis), Couleuvre verte et jaune (Zamenis viridiflavus), Couleuvre d’Esculape (Elaphe longissima).
États à privilégier :
Pelouse rase à mi-rase, ouverte ; cette structure est obtenue par un pâturage extensif ovin, plus rarement bovin, (parfois chèvres ou chevaux, à l’exclusion des chevaux lourds), sans fertilisation ni amendement complémentaires.
Pelouse rase à mi-rase mosaïquée avec des fruticées à Buis, Genévrier commun et Prunier Mahaleb et des pelouses-ourlets à Géranium sanguin, non pâturée, autrefois maintenue par les lapins, aujourd’hui par les cerfs, chevreuils et sangliers.
Autres états observables :
Pelouse rase surpâturée et piétinée, enrichie en annuelles.
Habitat autrefois plus répandu dans le Centre-Est, en réduction spatiale continue depuis le milieu du dernier siècle avec une forte accélération vers 1965 : enrésinements, plus rarement ouverture de carrières, mises en culture (souvent en liaison avec la plantation de vignes), embuissonnement puis reforestation naturelle après abandon des parcours. L’habitat est actuellement morcelé et souvent relictuel.
Utilisation pour les loisirs : pique-nique avec feux, moto verte, véhicules tout terrain.
Pâturage extensif ovin et caprin, rarement bovin.
Habitat également entretenu par les animaux sauvages (lapins, chevreuils). Il peut rarement dériver de l’abandon de champs cultivés et de vignes.
Évaluer la vitesse de l’embroussaillement en cas d’absence de pâturage et en fonction des caractères du milieu.
Évaluer l’impact et l’efficacité d’un pâturage équin et d’un pâturage mixte, chaque type animal intervenant à des périodes différentes au cours de l’année : génisses avant la période estivale, lorsque la ressource en herbe sera la plus importante, ovins pendant l’été et équins pendant la période hivernale.
Bensettiti F., Boullet V., Chavaudret-Laborie C. & Deniaud J. (coord.), 2005. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 4 - Habitats agropastoraux. Volume 2. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 487 p. + cédérom. (Source)