Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats
Étage montagnard de 800 à 1500 m d’altitude.
Climat à caractère océanique atténué, c’est-à-dire frais et humide.
Roche basaltique massive.
Niveau topographique supérieur, par rapport aux prairies humides et aux bas-marais tourbeux.
Pente de forme convexe à droite.
Milieu mésophile (frais et à bonnes réserves en eau) à caractère nutritionnel pauvre, non conditionné par l’engorgement en eau.
Une seule association : pelouse à Œillet des bois et Méum fausse athamanthe [Diantho sylvatici-Meetum athamantici], présentant plusieurs variations, notamment :
- variante semi-héliophile dans laquelle des espèces relictuelles de la hêtraie comme l’Euphorbe d’Irlande (Euphorbia hyberna) et l’Anémone des bois (Anemone nemorosa) sont présentes ;
- variante plus hygrophile enrichie en espèces des moliniaies comme la Serratule des teinturiers (Serratula tinctoria), le Carum verticillé (Carum verticillatum) et la Scorsonère humble (Scorzonera humilis) ;
- variante fertilisée en régime de fauche, à Dactyle aggloméré (Dactylis glomerata), Trisète jaunâtre (Trisetum flavescens), Fromental élevé (Arrhenatherum elatius), Campanule de Scheuchzer (Campanula scheuchzeri).
Pelouse mésophile oligotrophe, très riche au niveau floristique, où les herbacées ont un recouvrement proche de 100 %.
Strate arbustive très réduite.
Avec les pelouses hygrophiles oligotrophes qui se caractérisent par la présence d’espèces telles que la Scorzonère humble (Scorzonera humilis), la Laîche faux panic (Carex panicea) et le Carum verticillé (Carum verticillatum)[Prunello hastifoliae-Scorzoneretum humilis, Code UE : 6410].
Avec certaines variantes des pelouses acidiphiles subalpines du Massif central [Nardion strictae, Code UE : 6230*].
Spontanée :
La variante contenant des espèces relictuelles de la hêtraie est l’aboutissement du défrichement de la hêtraie montagnarde à Luzule blanc-de-neige (Luzula nivea) ; un retour à un système forestier, après un passage par un stade de lande à arbrisseaux, est donc possible si les pressions pastorales cessent. De plus la présence de semenciers plus ou moins éloignés accélèrera ce processus.
La variante plus hygrophile est soumise à de courtes périodes asphyxiques. Un assèchement la ferait évoluer vers la hêtraie.
Liée à la gestion :
La fertilisation de ces pelouses oligotrophes en régime de fauche peut conduire à une évolution de celles-ci vers une prairie de fauche eutrophe, riche en espèces nitrophiles comme la Patience à feuilles obtuses (Rumex obtusifolius) [Rumici obtusifolii-Arrhenatherenion elatioris, Code UE : 6510].
Tourbières bombées à sphaignes [Sphagnion medii, Code UE : 7110*].
Prés humides à Brunelle à feuilles hastées (Prunella hastifolia) et Scorsonère humble (Scorzonera humilis)[Prunello hastifoliae-Scorzoneretum humilis ; Polygono bistortae-Juncenion acutiflori, Code UE : 6410].
Moliniaies [Code UE : 6410].
Prés maigres de fauche à Vulpin des prés (Alopecurus pratensis) [Arrhenatherion elatioris, Code UE : 6510] ou à Violette jaune (Viola lutea) et Trisète jaunâtre (Trisetum flavescens)[Polygono bistortae-Trisetion flavescentis, Code UE : 6620].
Pelouses acidiclines subalpines à Nard raide (Nardus stricta) [Nardion strictae, Code UE : 6230*].
Mégaphorbiaies.
Landes tourbeuses à Callune vulgaire et Airelles.
Fourrés à Saule à oreillettes (Salix aurita) et Pin sylvestre (Pinus sylvestris).
Forêts de Hêtre (Fagus sylvatica) et Sorbier des oiseleurs (Sorbus aucuparia).
Étage montagnard des monts de l’Aubrac, des monts Dore, des monts du Cantal et du Mézenc.
Habitat ne présentant pas de caractère de rareté actuellement, car il est très répandu à l’étage montagnard sur roche basaltique massive, notamment dans l’Aubrac.
Habitat ayant une richesse floristique exceptionnelle de même que ses différentes variantes.
États à privilégier :
Pelouses fauchées ou pâturées extensivement, très riche floristiquement, pour les variantes type et hygrophile.
Autres états observables :
Pelouses fertilisées où apparaissent des espèces telles que le Dactyle aggloméré, le Trisète jaunâtre, le Fromental élevé, la Campanule de Scheuchzer.
Pelouses contenant des espèces relictuelles de la hêtraie montagnarde : Euphorbe d’Irlande et Anémone des bois.
Une forte augmentation du pâturage et l’apport de fertilisants complémentaires provoqueraient l’évolution de cette pelouse mésophile oligotrophe vers une prairie plus eutrophe, entraînant la disparition des espèces sensibles au piétinement et oligotrophiques.
Au contraire, l’abandon de la pâture entraînerait une évolution vers des landes montagnardes à Éricacées à Callune vulgaire, Myrtille (Vaccinium myrtillus), Airelle à petites feuilles (Vaccinium uliginosum subsp. microphyllum), puis vers la forêt à plus ou moins long terme.
Cependant cet habitat peut, en fonction des conditions écologiques locales (surtout sur les plateaux de l’Aubrac), s’enrichir en espèces hygrophiles et évoluer vers une moliniaie.
Pelouses oligotrophes de l’étage montagnard vouées essentiellement au pâturage bovin lait (race locale Aubrac, bien adaptée aux conditions rudes du climat du haut-plateau).
Caractériser le comportement du troupeau et affiner la connaissance de l’impact du pâturage extensif sur les nardaies (consommation du Nard raide, pâturage sélectif des espèces compagnes du Nard raide, piétinement), selon l’herbivore, le chargement et l’ensemble de la conduite du troupeau. Ces recherches au niveau de la formation végétale doivent intégrer les interactions spatiales et temporelles avec les autres formations, à l’échelle de l’unité d’alpage.
Approfondir les connaissances sur l’utilisation de fertilisants : quels types de fertilisants peuvent être utilisés en quantité contrôlée - Des produits doivent-ils être proscrits - Quels sont les risques - Nécessité de réaliser un inventaire des produits fertilisants utilisables en conditions très réglementées sur des habitats oligotrophes.
Les nardaies sont dépréciées par les éleveurs : imaginer une opération de sensibilisation sur l’intérêt de la nardaie.
Bensettiti F., Boullet V., Chavaudret-Laborie C. & Deniaud J. (coord.), 2005. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 4 - Habitats agropastoraux. Volume 2. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 487 p. + cédérom. (Source)