Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Position limitée au littoral nord-atlantique.
Topographie plane à légèrement inclinée, en expositions variées.
Sols sableux acides issus de la décalcification progressive de dunes anciennes (flandriennes) à horizon humifère mince, à hydromorphie variable.
Tradition historique de pâturage extensif.

Diversité faible surtout conditionnée par l’hydromorphie du profil :
- en conditions faiblement hydromorphes : pelouse à Laîche à trois nervures et Nard raide [Carici trinervis-Nardetum strictae] présentant une variante à Genêt d’Angleterre (Genista anglica) et Véronique officinale (Veronica officinalis) ;
- en conditions plutôt méso-xérophiles : pelouse à Laîche des sables et Luzule des champs [Carici arenariae-Luzuletum campestris], présentant une variante typique méso-xérophile à Vesce noire (Vicia sativa subsp. nigra), Pissenlit à fruits rouges (Taraxacum Sect. Erythrosperma), Gaillet maritime (Galium verum var. maritimum)…, et une variante de sol plus frais à Lotier pédonculé (Lotus pedunculatus), Jonc à fleurs aiguës (Juncus acutiflorus)…

Pelouses rases, faiblement stratifiées, à aspect en brosse, fermées, dominées par les Monocotylédones.
Strate muscinale assez discrète.

Avec le pré tourbeux à Potentille des marais et Jonc à fleurs aiguës [Comaro palustris-Juncetum acutiflori ; Juncenion acutiflori, Code UE : 6410], nettement plus hygrophile et le relayant dans les niveaux topographiques inférieurs, et la lande à Laîche à trois nervures et Callune vulgaire [Carici trinervis-Callunetum vulgaris, Code UE : 2150*] pour la pelouse à Laîche à trois nervures et Nard.
Avec la pelouse à Fétuque capillaire et Gaillet maritime [Festuco tenuifoliae-Galietum maritimi ; Koelerion albescentis, Code UE : 2130*], neutrophile à acidicline, pour la pelouse à Laîche des sables et Luzule champêtre.

Spontanée :
Communautés issues de pelouses dunaires initiales basiphiles à acidiclines [Phleo arenarii-Tortuletum ruraliformis, Festuco tenuifoliae-Galietum littoralis ; Koelerion albescentis, Code UE : 2130*] par acidification du substrat sableux.

Liée à la gestion :
La baisse de la pression biotique induit leur envahissement par la lande dunaire [Carici trinervis-Callunetum vulgaris, Code UE : 2150*] et surtout des fourrés agressifs d’Ajonc d’Europe (Ulex europaeus) [Code Corine : 31.8112] ;
Une eutrophisation modérée est possible, surtout pour la pelouse à Laîche des sables et Luzule des champs qui peut alors dériver vers une forme dunaire de la prairie mésotrophique à Luzule des champs et Crételle à crête [Luzulo campestris-Cynosuretum cristati ; Achilleo millefolii-Cynosurenion cristati, Code Corine : 38.1].
Le piétinement peut ouvrir la gazon de vivaces et éliminer l’horizon humifère, mettant à nu le sable ; la pelouse à Laîche des sables et Luzule des champs est alors remplacée ponctuellement par la pelouse psammophile ouverte à Corynéphore blanchâtre et Violette des dunes [Violo dunensis-Corynephoretum canescentis ; Koelerion albescentis, Code UE : 2130*].

Pelouse psammophile ouverte à Corynéphore blanchâtre et Violette des dunes [Violo dunensis-Corynephoretum canescentis ; Koelerion albescentis, Code UE : 2130*] dans les lieux écorchés.
Lande à Laîche à trois nervures et Callune vulgaire [Carici trinervis-Callunetum vulgaris, Code UE : 2150*].
Pré tourbeux à Potentille des marais et Jonc à fleurs aiguës [Comaro palustris-Juncetum acutiflori ; Juncenion acutiflori, Code UE : 6410] dans les niveaux topographiques inférieurs.
Bas-marais dunaire à Laîche à trois nervures et Laîche noire [Caricetum trinervi-fuscae ; Juncenion acutiflori, Code UE : 2190].

Ces deux pelouses psammophiles peuvent être considérées comme endémiques des systèmes dunaires acidifiés de la Manche orientale (Pas-de-Calais), étant surtout connues d’Ambleteuse jusqu’à Écault.
Des pelouses acidphiles psammophiles arrière-dunaires existent également dans les dunes fossiles de la plaine maritime flamande (dunes de Ghyvelde) ; elles sont à ce jour encore peu connues.

Pelouses endémiques et menacées de haute valeur patrimoniale, surtout la pelouse à Laîche à trois nervures et Nard raide inscrite au Livre rouge des phytocénoses terrestres du littoral français. Elles hébergent des espèces :
-protégées en région Nord/Pas-de-Calais : Laîche à trois nervures, Nard raide, Genêt d’Angleterre, Danthonie décombante (Danthonia decumbens), Orchis bouffon (Orchis morio), Saxifrage granulé (Saxifraga granulata), Pédiculaire des forêts (Pedicularis sylvatica), Botryche lunaire (Botrychium lunaria), Violette des dunes ;
-menacées en région Nord/Pas-de-Calais : Nard raide, Genêt d’Angleterre, Pédiculaire des forêts, Orchis bouffon, Polygale à feuilles de serpolet (Polygala serpyllifolia), Violette des dunes, Botryche lunaire (Botrychium lunaria), Euphraise confuse (Euphrasia confusa).

États à privilégier :
Privilégier l’état le plus oligotrophique, sans aucun amendement.
Autres états observables :
Formes enrichies en espèces prairiales sur sols plus évolués.
Formes de dégradation dues à un surpâturage (chargement et cheptel inadaptés) ou, localement, à une densité trop forte du lapin.

Pelouses très rares dont les surfaces les plus importantes sont maintenant incluses dans des sites protégés et gérés (RNV du pré communal d’Ambleteuse, dunes de Ghyvelde), mais restant menacées par la dynamique naturelle vers les fourrés d’Ajonc d’Europe et l’eutrophisation.
Les autres sites relictuels risquent de disparaître à court terme en l’absence de mesures rapides de conservation.

Formation très peu étendue et en général imbriquée dans une mosaïque d’habitats. Sa conservation passe par un pâturage bovin ou ovin extensif ; faibles ressources fourragères.

Des suivis scientifiques d’impact du pâturage sur la végétation des formations à Nard raide sont donc en cours depuis 1998 sur la RNV du pré communal d’Ambleteuse.
Modes de gestion des fourrés à Ajonc d’Europe : des études et essais sont en cours sur l’utilisation de poneys ou la nécessité d’une fauche complémentaire dans une phase de restauration après la coupe.
Il serait intéressant d’établir l’historique des pratiques pastorales menées sur le site et de suivre l’impact des populations de lapins sur le maintien de l’habitat.

 Bensettiti F., Boullet V., Chavaudret-Laborie C. & Deniaud J. (coord.), 2005. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 4 - Habitats agropastoraux. Volume 2. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 487 p. + cédérom. (Source)