6510-2 - Prairies fauchées méso-hygrophiles méditerranéennes

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Climat franco-méditerranéen, de l’étage méditerranéen semihumide (en-dessous de 150 m) à l’étage méditerranéen humide (150-600 m).
Substrats géologiques riches en bases.
Position topographique : terrains à nappe phréatique élevée, le long des cours d’eau et dans les basses plaines irriguées.
Sols alluvionnaires plutôt frais, irrigués en basse altitude, moyennement fumés (prairies mésotrophiques).
Prairies sous-pâturées ou traitées en fauche (parfois précoce avec possibilité de regain d’arrière-saison en climat favorable) ; pâturage tardif possible.

Variabilité

Variabilité faible : prairie à Gaudinie fragile et Fromental élevé [Gaudinio fragilis-Arrhenatheretum elatioris], présentant deux variations à déterminisme géographique, l’une à Cynosure crételle (Cynosurus cristatus) et Brome mou (Bromus hordeaceus) plus collinéenne, à l’étage méditerranéen humide (subass. cynosuretosum cristati), la seconde à Silaüs des prés (Silaum silaus), Cirse tubéreux (Cirsium tuberosum), Narcisses (Narcissus tazetta, N. poeticus) de l’étage méditerranéen semi-humide (subass. narcissetosum tazettae).

Physionomie, structure

Habitat à structure typique de prairie à biomasse élevée, dense : richesse en hémicryptophytes et géophytes, pauvreté en thérophytes ; une stratification nette sépare les plus hautes herbes (graminées élevées, ombellifères, composées…) des herbes plus basses (petites graminées, herbes à tiges rampantes…) ; la floraison est souvent attachante, avec une bonne représentation des Dicotylédones à floraisons tardi-vernales à estivales souvent vives et attirant les pollinisateurs.

Confusions possibles

Aucune confusion.

Dynamique

Spontanée :
La variation à Narcisses s’inscrit dans une série dynamique de forêts de feuillus (Peupleraie blanche) [Code UE : 92A0], la seconde dans une dynamique indéterminée.

Liée à la gestion :
Cet habitat est soumis à des amendements, au fauchage et surtout à l’irrigation depuis des siècles.

Habitats associés ou en contact

Dans la plaine languedocienne, cet habitat peut être associé à des prés plus mésotrophiques à Molinie bleue (Molinia caerulea), Silaüs des prés et Cirse tubéreux [Code UE : 6410].

Répartition géographique

Domaine franco-méditerranéen, surtout plaines du Languedoc et de Crau, jusque dans l’étage méditerranéen humide des Cévennes méridionales.

Valeur écologique et biologique

Valeur régionale pour ce qui est de la flore : pas d’espèces protégées ou/et menacées aux plans national et régionaux. Cet habitat constitue une enclave médio-européenne en domaine méditerranéen. Il présentait traditionnellement une grande importance dans un pays pauvre en ressources fourragères et fournissait un foin abondant (jusque quatre coupes par an) et de première richesse (label « foin de Crau » acheminé jusque Paris et Londres pour l’alimentation de chevaux de course ; seul exemple de fourrage labellisé).

États de conservation

États à privilégier :
Les formes les moins pâturées et les moins fertilisées.
Autres états observables :
Formes pâturées et trop fertilisées.

Tendances et menaces

Cet habitat est menacé par le retournement des prairies pour installer des cultures (dont des prairies semées de cultivars de Dactyle, Fétuque roseau, Fétuque des prés, Trèfle des prés) et par la fertilisation intensive qui favorise les graminées (populations denses de Dactyle et Fromental élevé). Depuis la réalisation du barrage de Serre-Ponçon, les eaux d’irrigation n’apportent plus de limons.

Potentialités intrinsèques de production

Ces prairies constituent depuis le XVIe siècle une zone de production de foin de grande valeur pastorale, plus particulièrement dans le delta du Rhône où un label AOC a été obtenu depuis 1997 pour un foin utilisé notamment pour les élevages de chevaux de course et les brebis Roquefort.
La biomasse élevée et dense permet jusqu’à 4 fauches/an (100 000 tonnes sur 13 000 ha/an) et un pâturage ovin hivernal.

Axes de recherche

La gestion optimale des cours d’eaux en amont afin de recevoir à nouveau les limons essentiels à l’amélioration des sols de la plaine.

Fiche du cahier d'habitats (format pdf)
Bibliographie

 Bensettiti F., Boullet V., Chavaudret-Laborie C. & Deniaud J. (coord.), 2005. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 4 - Habitats agropastoraux. Volume 2. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 487 p. + cédérom. (Source)