1110-3 - Sables grossiers et graviers, bancs de maerl (façade atlantique)

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Attention

Les unités marines des Cahiers d'Habitats ne sont plus utilisées suite à la publication de l'interprétation française des HIC marins (de Bettignies et al., 2021). L’interprétation française de l'unité HIC est disponible ici, ainsi que les correspondances avec la typologie nationale d'habitats benthiques (NatHab-Atl).

Caractéristiques stationnelles

Cet habitat se présente sous la forme de plaines parfois immenses, dont certaines ceinturent les îlots rocheux, à partir de quelques mètres de profondeur et plus profondément de 30 à 50 m.
Les courants y sont forts à modérés, ainsi que les courants de marée. Ce type d'habitat est très homogène et se caractérise par sa monotonie.

Variabilité

Elle est liée au gradient granulométrique qui varie des sables grossiers (médiane supérieure à 550 µm) aux graviers (médiane supérieure à 1 mm) - il s'agit alors des gravelles.
A l'abri de pointements rocheux ou des îles apparaît le faciès à maërl (Phymatolithon calcareum) généralement en terrasses.
Parfois, la carcasse sédimentaire grossière est contaminée et colmatée par des particules fines apportées par les fleuves ou liées à la proximité de vasières, on parle de gravelles sales (particules fines de l'ordre de 2 à 5 %).

Espèces "indicatrices"

Les sables grossiers sont caractérisés par les mollusques bivalves : Nucula hanleyi, Spisula elliptica, Tellina pygmaea, Laevicardium crassum ; les oursins Echinocardium pennatifidum et Echinocyamus pusillus ; les polychètes Nephtys rubella ; le mollusque scaphopode Dentalium vulgare. Les ascidies Eugyra arenosa et Cnemidocarpa sabulosa témoignent de la présence importante de débris coquilliers.
Les gravelles propres sont caractérisées par les mollusques bivalves : Venus fasciata et Arcopagia crassa ; l'Amphioxus (Cephalochordé) Branchiostoma lanceolatum ; l'archiannélide Polygordius lacteus ; les ascidies Molgula occulta et M. oculata.
Les gravelles sales sont caractérisées par les mollusques bivalves : Tellina donacina et Gari tellinella, Venus verrucosa ; l'oursin Spatangus purpureus ; les ophiures Amphiura securigera, Ophiopsila aranea et Ophiopsila annulosa. Les polychètes apparaissent : Aponuphis bilineata, Lanice cirrata...
Les fonds de maerl à Phymatolithon calcareum constituent un peuplement très riche et diversifié permettant la coexistence de plusieurs groupes trophiques. La couverture algale macrophytique est beaucoup moins développée que dans le cas des fonds de maërl à Lithothamnion corallioides (fiche : 1160-2) auxquels on se référera pour plus de détails sur la faune associée.
Retenons la présence très exclusive du mollusque bivalve Paphia (= Tapes) rhomboides (la Palourde rose).

Confusions possibles

Les deux faciès à maerl évoqués ci-dessus peuvent prêter à confusion mais ils appartiennent à des habitats différents (fiches : 1160-2 et 1110-3). Par ailleurs les sables grossiers sont assez proches des sables moyens dunaires (fiche : 1110-2).

Correspondances

Typologie ZNIEFF-Mer (1994) : III.5.1., III.7.1.
Typologie Marine Biotopes (1996) : IGS Phy, IGS Phy R, IGS Sell, CGS Ven, CGS Ven Bra, CGS Ven Neo
Typologie EUNIS (1999) : A4.1

Habitats associés ou en contact

Jouxte les fonds rocheux infralittoraux (UE : 1170).

Répartition géographique

Habitat très répandu en Manche et en Atlantique (sauf au large de l'Aquitaine, où il est très restreint).
Les fonds de maerl en taches isolées sont caractéristiques du Massif armoricain, du golfe Normano-breton à l'île de Noirmoutier. Ils sont par contre pratiquement exclus des zones d'eaux turbides de la Manche orientale, à l'exception du site de Saint-Vaast-La-Hougue.

Valeur écologique et biologique

Cet habitat est caractérisé par des peuplements d'autant plus diversifiés que le substrat est hétérogène (diversité des niches). Les mollusques suspensivores y sont bien représentés. La faune apparaît de plus en plus dispersée lorsque l'on s'éloigne des côtes et des récifs rocheux.
Les fonds de maerl ont une valeur écologique exceptionnelle même s'ils sont moins riches que ceux des sables hétérogènes et envasés infralittoraux (fiche : 1160-2).

Tendances et menaces

Seuls les fonds de maerl apparaissent réellement menacés et certains ont disparu en quelques décennies. Ils subissent les effets des phénomènes naturels (enfouissement sableux sous l'effet de fortes tempêtes, par exemple) et les effets des activités humaines : directs (pêche aux engins traînants, extractions) ou indirects (modification de l'hydrodynamisme suite à des aménagements côtiers, colonisation locale de ces fonds par la Crépidule, Crepidula fornicata).

Potentialités intrinsèques de production

Ces potentialités sont généralement faibles, car la faune est généralement dispersée, peu orientées vers l'exploitation des ressources halieutiques. Les fonds de maerl s'avèrent par contre à la fois très productifs et susceptibles d'abriter des mollusques d'intérêt commercial.
La Praire (Venus spp.) et la Palourde rose (Tapes rhomboides) constituent des ressources exploitables.

Modes de gestion recommandés

Les fonds de maerl figurent à l'annexe Vb de la directive « Habitats » (« Espèces végétales d'intérêt communautaire dont le prélèvement dans la nature et l'exploitation sont susceptibles de faire l'objet de mesures de gestion »).
Ils peuvent être affectés par l'utilisation des dragues à Coquilles Saint-Jacques, et la protection des bancs peut nécessiter, le cas échéant, l'utilisation d'obstacles matériels.

Axes de recherche

Compléter et actualiser la cartographie des bancs de maërl, en identifiant les zones productives de maerl vivant et en les distinguant de celles qui ne sont occupées aujourd'hui que par des thanatocénoses.
Evaluer la dynamique des principaux gisements (croissance, mortalité) afin de définir le caractère éventuellement renouvelable de la ressource.

Fiche du cahier d'habitats (format pdf)
Bibliographie

 Bensettiti F., Bioret F., Roland J. & Lacoste J.-P. (coord.) 2004. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 2 - Habitats côtiers. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 399 p. + cédérom. (Source)

Cabioch L., 1968. Contribution à la connaissance des peuplements benthiques de la Manche occidentale. Cahiers de biologie marine, 9: 493-720

DESPREZ M., 1994- Impact de l’extraction de granulats marins sur le milieu marin. Rapport GEMEL-IFREMER, 53p.

DESPREZ M., 1995- Biological and sedimentological impact of a marine aggregate extraction site (Dieppe) along the french coast of the English Channel. Preliminary results on post-dredging recolonisation. Rapport ICES CM 1995/E, 5, 7p.

DESPREZ M., 1996- Etude des sédiments superficiels et de la macrofaune benthique dans le secteur de l’ancienne souille expérimentale du CNEXO. Rapport GEMEL, 26p.

Glémarec M., 1969. Les peuplements benthiques du plateau continental Nord-Gascogne. Thèse de doctorat d’État, Paris, 167 p.

PINOT J.P., 1997- Une biocénose menacée par la surexploitation : le maerl, cas de la baie de Concarneau. In DAUVIN J.C. (édit.), 1997, 149-158.

RETIÈRE C., 1979- Contribution à l’étude des peuplements benthiques du golfe normano-breton. Thèse de Doctorat d’État, Sciences Naturelles, Université Rennes, 370p.