1230-1 - Végétation des fissures des rochers eu-atlantiques à nord-atlantiques

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Cet habitat se développe immédiatement au contact supérieur des communautés lichéniques de la partie inférieure à moyenne de l’étage aérohalin. En raison de la forte exposition aux éléments climatologiques, les conditions écologiques qui régissent la mise en place des communautés végétales sont très contraignantes :
- substrat essentiellement minéral, avec dans certains cas des particules minérales issues de l’altération de la roche mère (éboulis, arènes) et des particules organiques piégées dans les fissures des rochers ;
- sécheresse estivale, liée aux faibles précipitations et à l’absence d’eau disponible dans le substrat, et accentuée par l’effet desséchant du vent et des embruns ;
- halophilie toujours très marquée, liée à l’influence maximale d’embruns et à la projection de paquets de mer pendant les tempêtes.

Variabilité

En dépit de la grande homogénéité apparente de ce type d’habitat, plusieurs variabilités écologiques existent, en relation avec la diversité des conditions microstationnelles ou de la nature géologique du substrat :
- variabilité liée aux fissures sèches, dépourvues de sol et éclairées : association à Criste marine et Spergulaire des rochers (Crithmo maritimi-Spergularietum rupicolae) ;
- variabilité liée aux fissures sèches du golfe normand-breton : association à Armérie maritime et Statice normand (Armerio maritimae-Limonietum normannici) ;
- variabilité liée aux placages sableux enrichis en arènes : association à Spergulaire des rochers et Statice d’Occident (Spergulario rupicolae-Limonietum binervosi) ;
- variabilité liée aux fissures fraîches et humides, subsciaphiles et plus ou moins enrichies en guano : Cochléaire officinal (Cochlearia officinalis), Doradille marine (Asplenium marimum) ; association à Armérie maritime et Cochléaire officinal (Armerio maritimae-Cochlearietum officinalis), association à Armérie maritime et Doradille marine (Armerio maritimae- Asplenietum maritimae) ;
- variabilité liée aux parois verticales instables et aux éboulis de craie des falaises crétaciques du nord de la France et de la Haute- Normandie : Chou sauvage (Brassica oleracea) ; association à Chou sauvage (Brassicetum oleraceae).

Physionomie, structure

Végétation herbacée graminéenne rase à moyenne, ouverte, dominée par les espèces vivaces, présentant une seule strate, et dont le recouvrement est rarement très élevé.
Cet habitat est dominé floristiquement et physionomiquement par la Criste marine (Crithmum maritimum) accompagnée par la Spergulaire des rochers (Spergularia rupicola) et le Statice d’Occident (Limonium binervosum).
Cet habitat présente un développement ponctuel à linéaire, qui suit la configuration des fissures des rochers littoraux.

Confusions possibles

Aucune confusion possible avec d’autres types d’habitats.

Dynamique

Spontanée :
En raison des très fortes contraintes écologiques, cet habitat regroupe des associations végétales qui correspondent à des végétations permanentes ; il ne présente donc pas de dynamique particulière.
Dans les sites recevant un saupoudrage éolien régulier, lié d’une part à la présence de sable sur l’estran et d’autre part à une forte exposition à la houle ou aux paquets de mer, il peut évoluer vers une pelouse aérohaline.

Liée à la gestion :
Ce type d’habitat ne faisant généralement pas l’objet de modes de gestion spécifiques, aucune dynamique particulière n’est observée.

Habitats associés ou en contact

Contacts inférieurs : communautés lichéniques de la partie inférieure de l’étage aérohalin à Verrucaria maura, Caloplaca marina, Xanthoria parietina, Ramalina siliquosa… (fiche : 1170-1).
Contacts supérieurs : pelouses aérohalines sur falaises cristallines (fiche : 1230-3), pelouses aérohalines sur falaises de craie du nord de la France (fiche : 1230-4, ce contact est illustré figure 4, page 72), pelouses hygrophiles des falaises suintantes (fiches : 1230-5).
De manière plus ponctuelle, en raison du télescopage de la végétation dans les sites les plus abrités, cet habitat peut se développer au contact inférieur immédiat des landes sèches (UE : 4030), des landes sèches littorales à Bruyère vagabonde (Erica vagans) et Ajonc maritime (Ulex europaeus f. maritimus) (UE : 4040), du fourré littoral à Ajonc maritime et prunellier (Prunus spinosa) (Ulici maritimi-Prunetum spinosae), ou des forêts littorales : chênaie pédonculée à Garance voyageuse (Rubia peregrina) (Rubio peregrinae-Quercetum roboris), frênaie, hêtraie ou ormaie littorale (Aro neglecti-Ulmetum minoris).

Répartition géographique

Cet habitat est présent sur les littoraux rocheux de la façade atlantique française ; cependant, certaines variabilités présentent une répartition géographique plus limitée.

Valeur écologique et biologique

Présence d’espèces à valeur patrimoniale :
- le Statice normand (Limonium normannianum), espèce du Livre rouge de la flore menacée de France, très localisé sur les falaises de la partie sud-occidentale de la presqu’île du Cotentin et des côtes d’Ille-et-Vilaine ;
- le Chou sauvage (Brassica oleracea), espèce protégée au plan régional (Nord-Pas-de-Calais) ;
- la Marguerite à feuilles charnues (Leucanthemum vulgare subsp. crassifolium), endémique ibéro-franco-atlantique inscrite au Livre rouge de la flore menacée de France.

États de conservation

États à privilégier :
Végétation homogène présentant un développement linéaire dans les fissures rocheuses.

Autres états observables :
Dans les zones fréquentées et piétinées, présence de formes dégradées, discontinues ou fragmentaires, à faible recouvrement, et à très faible taux de floraison des individus.

Tendances et menaces

Sur les falaises verticales à subverticales et difficiles d’accès, cet habitat n’est pas menacé. En revanche, il est en régression dans les sites les plus fréquentés, la fréquentation générant un piétinement défavorable à son maintien.
Cette régression est d’autant plus marquée sur les falaises naturellement instables et friables, dont l’érosion est accentuée par le décapage du tapis végétal sommital : dans ce cas, le ruissellement peut entraîner des éboulements de pans entiers de falaises.
Grande vulnérabilité vis-à-vis de l’artificialisation des littoraux par constructions d’enrochements ou de murs maçonnés.
Destruction des habitats de falaises par remblaiements ou dans le cadre d’aménagements touristiques ou portuaires, de l’urbanisation littorale…
Ce type d’habitat peut être touché par la pollution par les hydro- carbures, en période de grande marée associée à une tempête (marée noire consécutive au naufrage de l’Erika par exemple).

Axes de recherche

Apporter des précisions chorologiques sur les différentes variabilités de l’habitat.

Fiche du cahier d'habitats (format pdf)
Bibliographie

 Bensettiti F., Bioret F., Roland J. & Lacoste J.-P. (coord.) 2004. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 2 - Habitats côtiers. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 399 p. + cédérom. (Source)