1230-3 - Pelouses aérohalines sur falaises cristallines et marno-calcaires

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Cet habitat se situe le plus souvent au contact supérieur des végétations de fissures rocheuses de la partie moyenne à supérieure de l’étage aérohalin, plus rarement au contact supérieur des communautés de lichens.
Lié aux falaises cristallines et marno-calcaires, il se développe sur différents types de substrats :
- autour des affleurements rocheux, sur un sol très squelettique et sec, composé d’arènes issues de l’altération de la roche mère en place, parfois mêlées de particules sableuses d’origine éolienne (placages), en mélange avec de la matière organique ;
- sur un sol organique mésophile à méso-xérophile, de type ranker littoral, d’une profondeur pouvant varier de 10 à 30 cm, reposant au contact supérieur de la roche mère ou d’une couche de head périglaciaire.
L’exposition aux vents et aux embruns reste très forte.

Variabilité

Plusieurs variabilités existent en relation avec la diversité des conditions écologiques microstationnelles et de critères biogéographiques :
- variabilité liée aux rankers littoraux frais et plus ou moins profonds, dans les zones fortement soumises aux embruns : association à Carotte à gomme (Daucus carota subsp. gummifer) et Armérie maritime (Armeria maritima) (Dauco gummiferi-Armerietum maritimae) ;
- variabilité liée aux corniches micaschisteuses dans les zones modérément aspergées par les embruns : association à Fétuque de Huon (Festuca huonii) et Plantain caréné littoral (Plantago holosteum var. littorale) (Festuco huonii-Plantaginetum holostei) ;
- variabilité liée aux falaises marno-calaires thermo-atlantiques, dans les zones modérément aspergées par les embruns : association à Marguerite à feuilles charnues (Leucanthemum vulgare subsp. crassifolium) et Fétuque rouge (Festuca rubra) (Leucanthemo crassifolii-Festucetum rubrae) ;
- variabilité liée aux pans de falaises ombragés et frais, sur des rankers littoraux plaqués : association à Fétuque pruineuse (Festuca rubra subsp. pruinosa) et Osmonde royale (Osmunda regalis) (Festuco pruinosae-Osmundetum regalis) ;
- variabilité liée aux falaises cristallines à sol non dépourvu de bases, exclusivement en baie du Mont-Saint-Michel : association à Fétuque pruineuse (Festuca rubra subsp. pruinosa) et Œillet caryophylle (Dianthus caryophyllus) (Festuco pruinosae-Dianthetum caryophylli) ;
- variabilité liée aux replats sommitaux des falaises thermophiles, sur des rankers méso-xérophiles : association à Jacinthe des bois (Hyacinthoides non-scripta) et Dactyle aggloméré (Dactylis glomerata) (Hyacinthoido non scripti-Dactyletum glomeratae) ;
- variabilité liée aux corniches situées au contact des blocs rocheux, en situation semi-abritée : association à Spergulaire des rochers (Spergularia rupicola) et Silène maritime (Silene maritima) (Spergulario rupicolae-Silenetum maritimi) ;
- variabilité liée aux placages d’éléments fins mêlés d’arènes, en situation thermophile : agropyraies à Chiendent littoral (Elymus pycnanthus).

Physionomie, structure

Végétation herbacée graminéenne rase à moyenne, dominée par les espèces vivaces, notamment par les Graminées, présentant une seule strate, et dont le recouvrement est parfois très important. L’ensemble peut former un tapis végétal dense et continu.

Confusions possibles

Aucune confusion possible avec d’autres types d’habitats.

Dynamique

Spontanée :
En raison des fortes contraintes écologiques, cet habitat regroupe des associations végétales qui correspondent à des végétations permanentes ; il ne présente donc pas de dynamique particulière.
Dans les sites les plus abrités, ce type d’habitat peut évoluer vers une lande méso-xérophile littorale.

Liée à la gestion
Ce type d’habitat ne faisant généralement pas l’objet de modes de gestion spécifiques, aucune dynamique particulière n’est observée.

Habitats associés ou en contact

Contacts inférieurs : f issures des rochers eu-atlantiques à nord-atlantiques et f issures des rochers thermo-atlantiques (fiches : 1230-1 et 1230-2), pelouses hygrophiles des falaises suintantes (fiches : 1230-5).

De manière plus ponctuelle, en raison du télescopage de la végétation dans les sites les plus abrités, cet habitat peut se développer au contact inférieur immédiat des landes sèches (UE : 4030), des landes sèches littorales à Bruyère vagabonde (Erica vagans) et Ajonc maritime (Ulex europaeus f. maritimus) (UE : 4040), du fourré littoral à Ajonc maritime et Prunellier (Prunus spinosa) (Ulici maritimi-Prunetum spinosae), ou des forêts littorales : chênaie pédonculée à Garance voyageuse (Rubia peregrina) (Rubio peregrinae-Quercetum robori), de frênaie, hêtraie ou ormaie littorale (Aro neglecti-Ulmetum minoris).

Répartition géographique

Cet habitat est présent sur les littoraux rocheux de la façade atlantique française, avec un optimum sur les falaises armoricaines.
Certaines variantes présentent cependant une répartition géographique plus limitée.

Valeur écologique et biologique

Présence d’espèces à valeur matrimoniale :
- la Carotte de Gadeceau (Daucus carota subsp. gadeceaui), espèce protégée au plan national, sur les hauts des falaises sud- armoricaines ;
- la Marguerite à feuilles charnues (Leucanthemum vulgare subsp. crassifolium), endémique ibéro-franco-atlantique ;
- le Plantain caréné littoral (Plantago holosteum var. littoralis) microtaxon endémique des îles sud-armoricaines, espèce protégée en Bretagne ;
- la Cuscute de Godron (Cuscuta godronii), et le Silène des Shetland (Silène dioica subsp. zetlandicum), espèces inscrites au Livre rouge de la flore menacée de France.

États de conservation

États à privilégier :
Végétation homogène présentant un aspect de pelouse graminéenne.

Autres états observables :
Dans les zones les plus fréquentées et piétinées, présence de formes très rases, dégradées, discontinues ou écorchées, à plus faible recouvrement, et à l’aspect très tassé.
Certaines pelouses littorales sont encore pâturées sur les littoraux ouest et nord du Léon (Finistère).

Tendances et menaces

Ce type d’habitat est en forte régression dans les sites les plus fréquentés, la fréquentation générant un piétinement qui entraîne le décapage du tapis végétal et une compacité du substrat rendant toute régénération naturelle très difficile.
Grande vulnérabilité vis-à-vis de l’artificialisation des littoraux par constructions d’enrochements ou de murs maçonnés.
Destruction des habitats de falaises par remblaiements, stationnement des véhicules, et dans le cadre d’aménagements touristiques ou portuaires, de l’urbanisation littorale…
Ce type d’habitat peut être touché par la pollution par les hydrocarbures, en période de grande marée associée à une tempête (marée noire consécutive au naufrage de l’Erika, par exemple).

Axes de recherche

Précisions chorologiques et typologiques pour les agropyraies de falaises, ainsi que les différentes variantes.
Expérimentations de restauration écologique des végétations de pelouses aérohalines dans différentes situations de dégradation et en faisant appel à différentes techniques.

Fiche du cahier d'habitats (format pdf)
Bibliographie

 Bensettiti F., Bioret F., Roland J. & Lacoste J.-P. (coord.) 2004. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 2 - Habitats côtiers. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 399 p. + cédérom. (Source)