1230-5 - Pelouses hygrophiles des bas de falaise

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Caractéristiques stationnelles

Cet habitat se développe toujours dans la partie inférieure des falaises littorales, de nature géologique diverse : roches cristallines, calcaires, marnes calcaires, calcaires argilo-gréseux, le plus souvent au niveau de la zone de contact entre la roche mère en place et des placages sableux ou de head périglaciaire, où apparaissent des suintements phréatiques permanents, en situation semi-abritée et généralement éclairée (cependant quelques localités existent en exposition nord et ombragée).
On le rencontre également parfois à la partie sommitale de certaines falaises argileuses, au niveau de suintements phréatiques.
Le substrat, essentiellement minéral, est oligotrophe ; des particules minérales et organiques peuvent être retenues dans les fissures des rochers.

Variabilité

Variabilité géographique :
- variabilité liée aux suintements des bas de falaise du littoral sud-armoricain : association à Céléri sauvage (Apium graveolens) et Oseille des rochers (Rumex rupestris) (Apio graveolens-Rumicetum rupestris) ;
- variabilité liée aux suintements de bas de falaises du littoral ouest- et nord-armoricain : association à Laiteron des champs (Sonchus arvensis) et Oseille des rochers (Soncho arvensis- Rumicetum rupestris) ;
- variabilité liée aux falaises littorales marneuses des côtes de la Manche : association à Samole de Valerand (Samolus valerandi) et Laîche des vikings (Carex distans var. vikingensis) (Samolo valerandi-Caricetum vikigensis) ;
- variabilité liée aux falaises sablo-limoneuses sud-armoricaines : association à Agrostide stolonifère (Agrostis stolonifera subsp. maritima) et Laîche des Vikings (Agrostio stoloniferae- Caricetum vikigensis).

Physionomie, structure

Végétation herbacée moyenne, présentant une seule strate, et dont le recouvrement est très variable, occupant toujours des surfaces très réduites, de l’ordre du mètre carré.

Confusions possibles

Aucune confusion possible avec d’autres types d’habitats.

Dynamique

Spontanée :
En raison des fortes contraintes écologiques, cet habitat correspond à des végétations permanentes ; il ne présente donc pas de dynamique particulière. Cependant, dans certains cas, on observe sa fermeture par une végétation plus dense de type mégaphorbiaie méso-hygrophile.

Liée à la gestion :
Ce type d’habitat ne faisant généralement pas l’objet de modes de gestion spécifiques, aucune dynamique particulière n’est observée.

Habitats associés ou en contact

Contacts latéraux : fissures des rochers eu-atlantiques à nord-atlantiques et fissures des rochers thermo-atlantiques (fiches :
1230-1 et 1230-2), pelouses aérohalines sur falaises cristallines et marno-calcaires (fiche : 1230-3).

De manière plus ponctuelle, en raison du télescopage de la végétation dans les sites les plus abrités, cet habitat peut se développer au contact inférieur immédiat des landes sèches (UE : 4030), des landes sèches littorales à Bruyère vagabonde (Erica vagans) et Ajonc maritime (Ulex europaeus f. maritimus) (UE : 4040), du fourré littoral à Ajonc maritime et Prunellier (Prunus spinosa) (Ulici maritimi-Prunetum spinosae), ou des forêts littorales : chênaie pédonculée à Garance voyageuse (Rubia peregrina) (Rubio peregrinae-Quercetum robori), frênaie, hêtraie ou ormaie littorale (Aro neglecti-Ulmetum minoris).

Répartition géographique

Cet habitat est présent sur les littoraux rocheux de l’ensemble de la façade atlantique française.

Valeur écologique et biologique

Présence de l’Oseille des rochers (Rumex rupestris), espèce protégée au plan national, inscrite au Livre rouge de la flore menacée de France et à l’annexe II de la directive « Habitats » (UE : 1441).

États de conservation

États à privilégier :
Végétation herbacée homogène.

Autres états observables :
Dans les zones piétinées, présence de formes rases, dégradées, à plus faible recouvrement et à l’aspect très tassé, les plantes présentant un faible taux de floraison.

Tendances et menaces

Ce type d’habitat est toujours très faiblement représenté, mais ne semble pas en forte régression dans son aire de répartition, y compris dans les sites les plus fréquentés.
Il présente une très grande vulnérabilité vis-à-vis de l’artificialisation des littoraux par constructions d’enrochements ou de murs maçonnés, édifiés dans les secteurs de falaises suintantes et plus ou moins instables.
L’eutrophisation des suintements phréatiques, liée aux effluents domestiques (habitations situées en bord de mer), constitue une menace sérieuse pour ce type d’habitat.
L’instabilité naturelle de certaines falaises de head périglaciaire ou de micaschistes altérés peut entraîner des éboulements périodiques et constituer une menace pour certaines stations.
Destruction des habitats de falaises par les micro-décharges (déchets de jardin), le stationnement des véhicules et dans le cadre d’aménagements touristiques ou portuaires, de l’urbanisation littorale…
Milieu particulièrement sensible à la pollution par les hydro-carbures, en période de grande marée associée à une tempête (marée noire consécutive au naufrage de l’Erika).

Axes de recherche

Précisions sur la répartition géographique des différentes variabilités.
Étude plus précise de ce type d’habitat sur les falaises du Pays basque.
Expérimentations de restauration écologique des végétations de pelouses aérohalines dans diverses situations de dégradation et en faisant appel à différentes techniques.
Mise en place de suivis des potentialités naturelles d’auto-restauration de ce type d’habitat dans les sites atteints par la marée noire de l’Erika.

Fiche du cahier d'habitats (format pdf)
Bibliographie

 Bensettiti F., Bioret F., Roland J. & Lacoste J.-P. (coord.) 2004. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 2 - Habitats côtiers. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 399 p. + cédérom. (Source)