Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats
Cet habitat se développe à la partie inférieure de l’étage aérohalin, sur des falaises calcaires de grès calcareux. En raison de la forte exposition aux éléments climatologiques, les conditions écologiques qui régissent la mise en place des communautés végétales sont très contraignantes :
- substrat essentiellement minéral : fissures rocheuses et micro-vires ; dans certains cas, des particules minérales issues de l’altération de la roche mère (éboulis, arènes) et des particules organiques peuvent être piégées dans les fissures des rochers ;
- sécheresse estivale liée aux faibles précipitations et à l’absence d’eau disponible dans le substrat, accentuée par l’effet desséchant du vent et des embruns ;
- halophilie très marquée.
Variabilités biogéographiques :
- variabilité liée aux falaises calcaires des Alpes maritimes : association à Criste marine (Crithmum maritimum) et Statice des Alpes-Maritimes (Limonium cordatum) (Crithmo maritimi-Limonietum cordati) ;
- variabilité liée aux falaises calcaires du littoral de Provence occidentale : association à Criste marine (Crithmum maritimum) et Statice nain (Limonium minutum) (Crithmo maritimi- Staticetum minuti) ;
- variabilité liée aux falaises calcaires du sud de la Corse : association à Criste marine (Crithmum maritimum) et Statice du Pertusato (Limonium obtusifolium) (Crithmo maritimi- Limonietum obtusifolii) ;
- variabilité liée aux falaises calcaires du nord de la Corse : association à Criste marine (Crithmum maritimum) et Statice de Patrimonio (Limonium patrimoniense) (Crithmo maritimi- Limonietum patrimoniensis).
Végétation herbacée rase à moyenne, ouverte, dominée par les espèces vivaces souvent crassulescentes, présentant une seule strate, et dont le recouvrement est rarement très élevé.
Habitat dominé floristiquement et physionomiquement par la Criste marine (Crithmum maritimum) accompagné par divers Statices (Limonium ssp.).
Il présente un développement ponctuel à linéaire qui suit la configuration des fissures des rochers littoraux.
Confusion possible avec la végétation rupicole des falaises cristallines (fiche : 1240-2).
Spontanée :
En raison des très fortes contraintes écologiques, cet habitat regroupe des associations végétales qui correspondent à des végétations permanentes ; il ne présente donc pas de dynamique particulière.
Liée à la gestion :
Ce type d’habitat ne faisant généralement pas l’objet de modes de gestion spécifiques, aucune dynamique particulière n’est observée.
Contact supérieur : garrigues littorales primaires (fiche : 1240-3), garrigues à Lentisque (Pistacia lentiscus).
Cet habitat est présent sur les littoraux rocheux calcaires des côtes de Provence occidentale (site de calanques et archipel de Riou), des Alpes-Maritimes françaises et en Corse (environs de Bonifacio et de Patrimonio).
Présence de plusieurs espèces à valeur patrimoniale :
- plusieurs espèces de Statices, qui sont des endémiques rares ou menacées : le Statice de Pertusato (Limonium obtusifolium), strictement localisé aux falaises du cap Pertusato, et le Statice de Patrimonio (Limonium patrimoniense), strictement localisé aux falaises de Patrimonio ;
- l’Erodium de Corse (Erodium corsicum) et l’Armoise à fleurs denses (Artemisia densiflora), endémiques cyrno-sardes ;
- l’Anthémis à rameaux tournés d’un même côté (Anthemis secundiramea) et l’Herbe à la mule (Asplenium sagittatum), espèces très localisées en France et inscrites au Livre rouge de la flore menacée.
États à privilégier :
Végétation homogène présentant un développement linéaire dans les fissures rocheuses.
Autres états observables :
Dans les zones fréquentées et piétinées, présence de formes dégradées ou prostrées, discontinues ou fragmentaires, à faible recouvrement présentant un très faible taux de floraison des individus.
Dans les zones surfréquentées par les oiseaux marins nicheurs, présence de formes déstructurées, caractérisées par l’introgression de diverses nitrophytes opportunistes.
Altération anthroponitrophile à Camphorosme de Montpellier (Camphorosma monspeliaca).
Sur les falaises verticales à subverticales et difficiles d’accès, cet habitat n’est pas menacé. En revanche, il est en régression dans les sites subissant une forte fréquentation, celle-ci génère en effet un piétinement défavorable au maintien de l’habitat. Cette régression est particulièrement marquée sur les falaises naturellement instables et friables, dont l’érosion est accentuée par le décapage du tapis végétal sommital.
Tendance à l’envahissement par les plantes nitrophiles opportunistes sur les sites de reproduction ou les reposoirs d’oiseaux marins.
Vulnérabilité aux embruns pollués, accentuée sur les sites où ce type d’habitat est en voie de fragmentation.
Sensibilité à l’envahissement et à la concurrence par les Griffes de sorcière (Carpobrotus edulis et C. aciniformis).
Grande vulnérabilité vis-à-vis de l’artificialisation des littoraux par construction d’enrochements ou de murs maçonnés.
Destruction des habitats de falaises dans le cadre d’aménagements touristiques ou portuaires, de l’urbanisation littorale…
Localement, utilisation de plants desséchés pour allumer des feux de camp.
Mise en place de suivis à long terme de la dynamique de ce type d’habitat dans les zones affectées par les embruns pollués.
Mise en défens expérimentale et suivi de la dynamique de régénération dans les sites dégradés par les oiseaux marins nicheurs.
Précisions chorologiques pour les différentes variantes de cet habitat.
Bensettiti F., Bioret F., Roland J. & Lacoste J.-P. (coord.) 2004. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 2 - Habitats côtiers. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 399 p. + cédérom. (Source)