1160-1 - Vasières infralittorales (façade atlantique)

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Attention

Les unités marines des Cahiers d'Habitats ne sont plus utilisées suite à la publication de l'interprétation française des HIC marins (de Bettignies et al., 2021). L’interprétation française de l'unité HIC est disponible ici, ainsi que les correspondances avec la typologie nationale d'habitats benthiques (NatHab-Atl).

Caractéristiques stationnelles

Cet habitat occupe les secteurs abrités des vagues et des houles, où les courants de marée sont très faibles. Il s'agit de milieux semi-fermés comme les rades ou les pertuis du littoral atlantique. Ils sont très mal représentés en Manche où les courants de marée sont toujours forts (système macrotidal). Soumis à une sédimentation active de matériaux fins, ces milieux restent néamoins marins, la salinité sur le fond, même en hiver, n'étant pas inférieure à 30 PSU (milieu euryhalin). La variabilité thermique sur l'année est inférieure à 10 °C, ce qui correspond bien à la définition de l'étage infralittoral.

Variabilité

La variabilité est liée au taux de particules fines qui permet de distinguer les vases sableuses (30 à 80 % de particules fines) des vases pures (plus de 80 % de particules fines). Mais au-delà de ce taux, la teneur en eau du sédiment permet de séparer les vases compactes des vases plus fluides.
Ces apports plus ou moins importants de matière organique contribuent à la faiblesse du taux d'oxygène (hypoxie) ou de son absence (anoxie) et à la substitution des faunes normales par des espèces opportunistes.

Espèces "indicatrices"

Les formes pivotantes, comme les cnidaires Virgularia mirabilis, Cerianthus membranaceus, le polychète Myxicola infundibulum... C'est aussi le domaine des échinodermes Synaptidés : Leptosynapta spp. et Labidoplax digitata.
Les mollusques déposivores de surface : Abra alba, A. nitida, Nucula nitidosa ; les mollusques suspensivores : Corbula gibba et les Lucinidés : Myrtea spinifera, Lucinoma borealis, Thysasira flexuosa, et leur prédateur opisthobranche Philine aperta.
Le gastéropode Turritella communis caractéristique des vases fluides, dont les coquilles hébergent des phascolosomes : Phascolion strombi, Aspidosiphon clavatus et l'echiurien Thalassema neptuni. Le polychète Sternaspis scutata caractérise également ce type de vase très fluide.
Les polychètes tubicoles de la famille des Maldanidés : Maldane glebifex, Clymene spp. et des Ampharetidés : Melinna palmata, Amphicteis gunneri, des phoronidiens : Phoronis spp.
L'amphipode tubicole Haploops tubicola, contribuant comme les précédents à la compaction du sédiment (vases plus ou moins indurées), permettra l'installation d'espèces de type perforant comme les mollusques pholades : Barnea candida.
Lorsque la vase n'est ni trop fluide ni trop compactée, des crustacés terricoles comme les gebies et callianasses apparaissent ainsi que le crabe Tritodynamea atlantica, commensal des formes pivotantes synaptes, cerianthes, virgulaires...

Confusions possibles

Des confusions sont possibles avec les vases des estuaires (UE : 1130), avec lesquelles cet habitat peut apparaître en continuité.

Correspondances

Typologie ZNIEFF-Mer (1994) : III.2 faciès 1 à 8.
Typologie Marine Biotopes (1996) : IMU Tube Ap, IMU Phi Vir, IMU Ate synaptid, CMS Vir Oph, CMS Vir Oph HAS...
Typologie EUNIS (1999) : A4.3

Dynamique

Dans un tel milieu, les variabilités environnementales sont très atténuées, et le remaniement sédimentaire par les engins de pêche est généralement absent. Tout cela favorise le développement d'espèces dominantes (amphipodes ou polychètes selon les cas), qui peuvent monopoliser les ressources spatiales et trophiques durant de multiples générations. Les peuplements de cet habitat sont ainsi le résultat de scénarios de successions écologiques caractéristiques de ces milieux à forte stabilité physico-chimique.

Habitats associés ou en contact

Contact supérieur avec les estuaires (UE : 1130).
Contact latéral avec les sables et graviers infralittoraux (UE : 1110).

Répartition géographique

Littoral de la Manche : rare (baie de Morlaix).
Littoral atlantique : fréquent dans le nord du golfe de Gascogne (rade de Brest, baie de Concarneau, rade de Lorient, golfe du Morbihan, baie de Vilaine) et dans les pertuis charentais. Absent en Aquitaine.

Valeur écologique et biologique

Les juvéniles de poissons et les crustacés prédateurs trouvent dans cet habitat un milieu de prédilection en termes de nourriceries. Parallèlement, la présence de groupes taxonomiques rares lui confère des caractères patrimoniaux exceptionnels.

Tendances et menaces

Cet habitat peut constituer le réceptacle des activités anthropiques, tant industrielles qu'agricoles et urbaines, menées sur le bassin versant. Il est aujourd'hui démontré que les espèces opportunistes, comme les polychètes Cirratulidés et Capitellidés, se sont développées de façon importante depuis une dizaine d'années en réponse à l'hypertrophisation croissante de ce type de milieu. Il est le siège de crises dystrophiques de plus en plus fréquentes et ces vasières peuvent constituer un milieu privilégié de stockage des formes de résistances (kystes) de formes planctoniques comme les dinoflagellés.

Potentialités intrinsèques de production

Ces sont des aires à forte production biologique, qu'elle soit naturelle (nourriceries, notamment pour la Sole, Solea spp.) ou artificialisée (aquaculture en cages à l'abri des actions hydrodynamiques, semis ostréicoles...). Elles ont ainsi de fortes potentialités économiques.

Modes de gestion recommandés

La bonne santé de cet habitat dépend notamment de la qualité des apports des eaux provenant des bassins versants, et la réduction des apports d'azote, et parfois de phosphore, est recommandée.
Par ailleurs, même si les activités de pêche et d'aquaculture répondent à leurs modes de gestion habituels dans la bande côtière, il serait souhaitable d'établir dans certains sites sensibles de véritables plans de gestion.

Axes de recherche

Suivi régulier des peuplements de stations pilotes pour évaluer les éventuelles dérives à long terme des écosystèmes.
Etude des possibilités de stockage et de développement des kystes d'espèces phytoplanctoniques.

Fiche du cahier d'habitats (format pdf)
Bibliographie

 Bensettiti F., Bioret F., Roland J. & Lacoste J.-P. (coord.) 2004. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 2 - Habitats côtiers. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 399 p. + cédérom. (Source)

GLÉMAREC M, LE BRIS, H. et LE GUELLEC C., 1986 - Modifications des écsystèmes des vasières côtières du sud-Bretagne. Hydrobiologia. 142 : 159-170.

Glémarec M., 1969. Les peuplements benthiques du plateau continental Nord-Gascogne. Thèse de doctorat d’État, Paris, 167 p.

HILY C. et GLÉMAREC M., 1990 - Dynamique successionnelle des peuplements de fonds meubles au large de la Bretagne. Oceanologica Acta, 13 : 107-115.

Hily C., 1976. Ecologie benthique des pertuis Charentais. Thèse de 3ème Cycle, Université de Bretagne Occidentale, 236 p.

LE BRIS H., 1988 - Fonctionnement des écosystèmes benthiques côtiers au contact d’estuaires : la rade de Lorient et la baie de Vilaine. Thèse d’Océanographie Biologique, Université Bretagne Occidentale Brest, 172p.