1110-4 - Sables mal triés (façade atlantique)

Liste hiérarchisée et descriptifs des habitats des Cahiers d'habitats

Attention

Les unités marines des Cahiers d'Habitats ne sont plus utilisées suite à la publication de l'interprétation française des HIC marins (de Bettignies et al., 2021). L’interprétation française de l'unité HIC est disponible ici, ainsi que les correspondances avec la typologie nationale d'habitats benthiques (NatHab-Atl).

Caractéristiques stationnelles

Cet habitat est représenté par des sables fins dont la caractéristique est d'être mal triés. Une fois ceux-ci tamisés, il reste toujours un refus important. Quand à la teneur en éléments fins, elle est variable, le plus souvent inférieure à 15%.
Ces sables mal triés constituent un sédiment légèrement mixte, où la fraction coquillière représentée par de gros débris, peut-être importante (20 %). Ils sont caractéristiques des avant-plages des côtes de la Manche et de la mer du Nord, jusqu'à 10 m de profondeur dans ces mers mégatidales.

Variabilité

Elle repose sur l'instabilité physique qui caractérise cet habitat. La variabilité est marégraphique (mortes-eaux/vives-eaux ) et saisonnière (été/hiver). D'une année sur l'autre, en fonction de la fréquence et de l'intensité des tempêtes, les caractéristiques de cet habitat (taux de fractions fines, taux de coquilles) sont éminemment fluctuantes.

Espèces "indicatrices"

Ce sont des espèces tolérantes et sabulicoles au sens large, c'est à dire relativement ubiquistes sur le plan des exigences édaphiques.
Mollusques bivalves : Abra alba, Corbula gibba.
Gastéropodes : Nassarius reticulatus, Turritella communis. Polychètes : Owenia fusiformis, Pectinaria koreni, Aponuphis grubei, Nephtys hombergi, Lanice conchilega.
Ophiure : Ophiura albida.
Localement peuvent apparaître de denses populations d'Ampelisca spp. (amphipodes).

Confusions possibles

Des confusions sont possibles avec les sables fins propres et légèrement envasés (fiche : 1110-1).

Correspondances

Typologie ZNIEFF-Mer (1994) : III.3.2
Typologie Marine biotopes (1996) : CMS Abr Nuc Cor
Typologie EUNIS (1999) : A4.2

Habitats associés ou en contact

Lorsqu'il est situé en fond de baie, cet habitat peut constituer le prolongement en milieu marin de l'habitat 1130, qui correspond à des eaux dessalées. Vers le large, il est au contact de fonds grossiers (fiche : 1110-2 ou 1110-3).

Répartition géographique

Caractéristique de la Manche et de la Mer du Nord, cet habitat se trouve notamment au sortir de la baie de Morlaix, en baie de Lannion, au fond de la baie de Saint-Brieuc et de la baie du Mont-Saint-Michel. Il est aussi très bien représenté en baie de Seine et le long du littoral de Manche orientale (du Tréport au Boulonnais) et de la mer du Nord tout au long du littoral.
Dans le Golfe de Gascogne, il n'est représenté que par quelques enclaves à Ampelisca spp., face à l'estuaire de la Loire ou au sortir du Mor Bras.

Valeur écologique et biologique

Habitat où les peuplements sont très peu diversifiés, mais représentés par des populations toujours très abondantes, susceptibles de fluctuer d'une année sur l'autre en fonction du caractère aléatoire des recrutements. Il prend toute sa valeur en tant que nourricerie pour les poissons plats (Pleuronectes platessa, Solea solea, Limanda limanda, Platichthys flesus). D'autres poissons " fourrage " sont bien représentés : le Dragonet (Callionymus lyra), le Capelan (Trisopterus minutus).

Tendances et menaces

Lorsqu'il est situé en fond de baie, l'habitat peut être au contact des cours d'eau douce. De ce fait, lors des crues, il peut être soumis à des apports de polluants d'origine terrigène.

Potentialités intrinsèques de production

Cet habitat constitue l'un des types de fonds assurant un rôle de nourriceries pour les poissons. Il revêt donc une importance halieutique notable, notamment pour les poissons plats, qui consomment les siphons de bivalves suspensivores et des annélides polychètes.

Modes de gestion recommandés

Dans les zones les plus sensibles, les activités de dragage et de chalutage devraient être limitées.
Les fonds de baie sont particulièrement fréquentés par les Soles en été (Loire, Gironde, Vilaine). La protection des zones subissant des pollutions d'origine terrigène devrait donc se faire dans le cadre d'une réduction des apports de contaminants par les fleuves.

Axes de recherche

L'instabilité tant sédimentaire que biologique rend difficile l'étude de cet habitat.
Dans les zones où les apports de contaminants sont importants, le cheminement de ces substances dans le compartiment benthique nécessite d'être mieux connu.

Fiche du cahier d'habitats (format pdf)
Bibliography

 Bensettiti F., Bioret F., Roland J. & Lacoste J.-P. (coord.) 2004. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 2 - Habitats côtiers. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 399 p. + cédérom. (Source)

Cabioch L., 1968. Contribution à la connaissance des peuplements benthiques de la Manche occidentale. Cahiers de biologie marine, 9: 493-720

Dauvin J.-C., 1984. Dynamique d’écosystèmes macrobenthiques des fonds sédimentaires de la baie de Morlaix et leur perturbation par les hydrocarbures de l’Amoco Cadiz. Volume 1. Thèse de Doctorat d’Etat ES-Sciences Naturelles, Université Pierre et Marie Curie, Paris VI, 468 p. + annexes

DEWARUMEZ J-.M., QUISTHOUDT C. et RICHARD A., 1986- Suivi pluriannuel du peuplement à Abra alba dans la partie méridionale de la mer du Nord. Hydrobiologia, 142 : 187-197.

GENTIL F., 1976- Distribution des peuplements benthiques en baie de Seine. Thèse 3ème Cycle, Université Paris VI, 70p.