Typologie nationale des biocénoses benthiques de Méditerranée (NatHab-Med)

Etage : Supralittoral
Nature du substrat : Sable plus ou moins enrichi de particules fines
Répartition bathymétrique : Niveau supérieur, rarement immergé
Situation : Mer ouverte
Hydrodynamisme : Faible à fort
Salinité : Normale, légère dessalure possible
Température : Variations fortes liées à la température de l'air
Lumière: /

Zone correspondant à la haute plage qui n'est humectée par la mer que pendant les tempêtes. Certaines surfaces échappent cependant à la submersion totale, mais reçoivent une forte quantité d'embruns provenant des déferlements des vagues en contrebas. La physionomie de la haute plage va d'un sable fluide sur sable compact à la présence de plaques salines plus ou moins humides sur sable bulleux. Bigot et al., (1984) ont donné une description détaillée de la dynamique de la morphologie littorale des sables littoraux en fonction des modifications spatio-temporelles liées aux principaux facteurs du milieu. Leur objectif était la recherche des modalités d’implantation et de maintien des populations d’invertébrés de ces milieux. Dans la haute plage, en particulier, les structures tant stationnelles que trophiques sont tributaires des transferts éoliens et marins du sable : intensité et orientation du déferlement des vagues, variations des hauteurs du niveau des eaux, des écarts thermiques, discontinuité des apports exogènes. Il en résulte un milieu fondamentalement instable. En surface, l'humidification des sables est liée aux embruns salés provenant du déferlement des vagues à la côte, principale cause de la salure du sable, et à l'humidité de l'air nocturne. Mais seuls les deux ou trois premiers centimètres sont affectés et ils s'assèchent rapidement sous l'action du soleil. En profondeur, l'humidité du sable résulte de la proximité de la nappe phréatique dont l'eau est plus ou moins dessalée. La température est très variable et les écarts journaliers peuvent être extrêmement élevés : de 0 à 20 °C en hiver, 50 °C en été. Ces températures peuvent être létales pour les invertébrés vivant dans les sables. Les matières organiques d'origine exogène sont apportées par la mer lors des tempêtes ou proviennent de la terre, elles sont de nature et de quantité variables dans le temps et suivant les lieux : troncs, morceaux de bois, matériaux détritiques qui constituent les laisses des mers, algues, phanérogames, débris végétaux anthropiques, organismes marins morts, éléments d'origine éolienne (feuilles, insectes), écume des vagues constituée par les éléments figurés ou non du plancton marin transporté par le vent. Il s’ajoute une quantité non négligeable des détritus d’origine humaine biodégradables ou non liés à la mer ou aux rejets directs lors de la fréquentation de la haute plage.

La variabilité peut être liée à la granulométrie du sédiment qui est plus ou moins enrichi en éléments fins et donc plus ou moins compacté. On observe également une certaine variabilité selon la quantité et la nature des apports organiques (laisses de mer), l'orientation et le degré de protection de la haute plage considérée et du niveau d'humidité rémanent. Ainsi, différents faciès ont été décrits.

Liée aux facteurs du milieu, hydrodynamisme, pluviométrie, température qui peuvent modifier substantiellement l’habitat, lequel retrouve son équilibre lorsque ces facteurs s’atténuent.

Cette biocénose est essentiellement caractérisée par deux crustacés détritivores, l’amphipode Talitrus saltator et l’isopode Tylos europaeus, qui, dans la journée s’enfoncent dans le sable ou se tiennent dans les laisses de mer encore humides. La nuit, par temps calme, ces espèces sortent de leur terrier et descendent jusqu’à l’extrême limite de balayage des vagues ; lors des tempêtes ces espèces cherchent refuge très haut jusque dans la dune. Notons encore un petit coléoptère noir du genre Bledius qui chemine sous la pellicule superficielle du sable lorsque celui-ci est très fin, et divers diptères, très abondants parfois sur les laisses encore humides.
Parmi les espèces caractéristiques on note :
Les insectes : Phaleria provincialis, Cicindela sp., Bledius arenarius, Bledius juvencus, Tridactylus variegatus.
L’arachnide : Arctosa perita.
Les crustacés amphipodes : Talitrus saltator, Orchestia stephenseni.
Les crustacés isopodes : Porcellio sp.
À ces espèces peuvent s'ajouter des insectes exogènes trouvant un abri, ainsi que des xylophages.

Sédiment sableux, plus ou moins compacté, de la haute plage.

Contact supérieur avec la végétation annuelle des laisses de mer présente dans l'adlittoral (1210 dans le cahier d’habitats, les communautés des laisses de mer des plages sableuses téthyennes (B1.13) dans EUNIS). Contact inférieur avec la moyenne plage : Biocénose des sables médiolittoraux (SM) (II.2.1.).

La confusion est essentiellement d'ordre altitudinal : elle peut porter, lorsque la mer est basse, sur la biocénose des sables médiolittoraux (moyenne plage, II.2.1). Les sables médiolittoraux restent malgré tout nettement plus humides en profondeur.

Cet habitat est présent au niveau des hautes plages de toutes les anses sableuses ou grandes plages du Languedoc-Roussillon, des côtes de Camargue, ainsi que dans les anses sableuses des côtes de la partie est de la Provence et de la Corse.

Grandes étendues sableuses soumises aux perturbations du milieu physique. Ce milieu peut servir de zone de nourrissage pour de nombreux oiseaux et pour d’autres espèces vagiles présentes dans l’Adlittoral ainsi que dans des biocénoses voisines.

Zones de transition avec le milieu terrestre et de transfert de matériels et de polluants entre la terre et la mer par l'intermédiaire de la pluie, du vent et des organismes vivants (animaux et homme). La productivité de cet habitat est très mal connue mais probablement non négligeable en raison des transferts terre-mer qui s'effectuent à son niveau. Aire de nourrissage pour les oiseaux grâce à la présence des nombreux crustacés. Forte originalité des populations d’arthropodes qui présentent une stratégie adaptative développé par la nature hostile du substrat (le sable) et par l’intensité des facteurs climatiques qui se manifestent dans ce milieu (température, hygrométrie, vent,…). Localisation de communautés particulières de laisses et de bois flottés constituant des micro-écosystèmes naturels dont le rôle est capital de jour, ils abritent et protègent de la lumière et de la chaleur la biocénose à activité surtout nocturne. En outre, les bois flottés sont consommés par les larves xylophages des espèces se nourrissant exclusivement de bois ayant séjourné dans l’eau de mer.

Ce type de milieu est particulièrement soumis au piétinement et aux rejets anthropiques. Le piétinement modifie la compacité des sédiments et le pouvoir de rétention ou de drainage du sable. Ces hautes plages sont susceptibles d'être affectées par des nappes d'hydrocarbures, après des accidents en mer. Cette zone fait l'objet de nettoyages massifs détruisant non seulement la faune associée aux laisses mais privant également le milieu de l'apport de matériel organique qui lui est nécessaire (voir à ce sujet l'importance des banquettes de Posidonies, Posidonia oceanica, Faciès des banquettes de feuilles mortes de Posidonia oceanica et autres macrophytes (II.3.1.a.)). Cet habitat constitue une zone de transfert et de percolation de certains polluants provenant du domaine terrestre.

Ce milieu, soumis à des pressions fortes évolue en fonction de la nature et de l’intensité des perturbations. L’évolution peut apparaître chaotique notamment au printemps et en automne.

Bellan G.

2017

La Rivière M., Michez N., Delavenne J., Andres S., Fréjefond C., Janson A-L., Abadie A., Amouroux J-M., Bellan G., Bellan-Santini D., Chevaldonné P., Cimiterra N., Derolez V., Fernez T., Fourt M., Frisoni G-F., Grillas P., Harmelin J-G., Jordana E., Klesczewski M., Labrune C., Mouronval J-B., Ouisse V., Palomba L., Pasqualini V., Pelaprat C., Pérez T., Pergent G., Pergent-Martini C., Sartoretto S., Thibaut T., Vacelet J., Verlaque M., 2021. Fiches descriptives des biocénoses benthiques de Méditerranée. UMS PatriNat éd., Paris : 660 pp. (Source)

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