I.4.1. - Biocénose de la roche supralittorale (RS)

Typologie nationale des biocénoses benthiques de Méditerranée (NatHab-Med)

Facteurs abiotiques

Etage : Supralittoral
Nature du substrat : Rocheux
Répartition bathymétrique : Niveau supérieur, atteint seulement par les très fortes tempêtes
Situation : Mer ouverte
Hydrodynamisme : Faible à fort
Salinité : Normale, dessalure possible
Température : Normale, mais susceptible de variations fortes liées à la température de l'air
Lumière : Forte à atténuée
Régime trophique : Oligotrophe

Caractéristiques stationnelles

L'étage supralittoral est situé au-dessus du niveau de la mer. Il est humecté par les embruns et par les vagues lors des tempêtes. L'extension verticale de cette zone varie en fonction de l'hygrométrie, donc de l'hydrodynamisme local, de l'ensoleillement et de la pente de la côte. En mode calme ou abrité, elle ne dépasse pas quelques dizaines de centimètres (10 à 50 cm). Au contraire, en mode agité ou battu, sur des parois verticales, elle peut s'étendre sur plusieurs mètres (5 à 6 m). L'habitat recouvre l'ensemble de l'étage lorsque le substrat est rocheux. Celui-ci est le plus souvent de couleur noirâtre du fait de la présence de lichens.

Variabilité

L'habitat présente une très forte variabilité des conditions ambiantes selon deux modalités :
- la topographie : forme de la côte, orientation par rapport aux vagues et aux vents ;
- la saison, qui conditionne l'ensoleillement et la dessiccation du milieu.
L'activité et la représentation des espèces fait donc l'objet d'importantes variations.

Dynamique

Cet habitat est macroscopiquement très stable. Le substrat évolue très lentement sous l'action des végétaux endolithes qui provoquent une érosion de la roche elle-même. Sur les côtes calcaires, cette dernière présente un relief lapiazé.
En été, l'habitat, dépendant directement de l'humectation a tendance à se réduire sous l'action d'un fort ensoleillement et d'un long dessèchement.

Espèces caractéristiques

Les espèces dominantes sont :
- les cyanobactéries (= cyanophycées) épilithes et endolithes Entophysalis deusta, Mastigocoleus testarum, Scytonematopsis crustacea (Thur. ex Bornet & Flahault) Koválik & Komárek, 1988 ;
- les lichens Verrucaria symbalana, V. maura donnent la couleur noire au substrat ;
- le gastéropode Melarhaphe (Littorina) neritoides ;
- les crustacés Microeuraphia depressa (Poli, 1791) et Ligia italica.

Principaux critères de reconnaissance

Falaises et rochers de la zone humectée par les embruns dans le supralittoral, principalement occupées par des lichens qui leur donnent une couleur sombre.

Habitats associés ou en contact

Dans sa partie haute, l'habitat fait suite au domaine terrestre.
Dans sa partie basse, il est immédiatement en contact avec la biocénose de la roche médiolittorale supérieure (RMS) (II.4.1.), avec laquelle on peut parfois le confondre.

Confusions possibles

Lorsque la zone est très réduite altitudinalement, la frontière avec la biocénose de la roche médiolittorale supérieure (RMS) (II.4.1.) s'avère parfois difficile à distinguer.

Répartition géographique

Cet habitat est présent sur toutes les côtes rocheuses naturelles ou sur les substrats solides artificiels émergés de Méditerranée.

Structure et fonctions

Cet habitat présente une association algale et un faciès, difficiles à distinguer : l’association à Cyanobactéries (I.4.1.a.) qui colore la roche, le faciès à Melarhaphe neritoides et Microeuraphia depressa (Syn. Euraphia depressa, Syn. Chthamalus depressus) (I.4.1.b.) situé essentiellement le long des fissures.

Intérêt pour la conservation

Le seul intérêt de cet habitat réside dans sa structure particulière, utilisée comme marqueur biologique des variations du niveau de la mer. Aucune production économique propre, mais cet habitat participe à la valeur touristique de certains sites.

Menaces potentielles

La plus grande menace provient de la pollution des eaux de surface.
Les embruns chargés d'hydrocarbures, de produits tensioactifs ou de nutriments ont une action sur le peuplement. L'hyperfréquentation du liseré côtier, avec, pour corollaire, le piétinement et surtout l'abandon de détritus, représente aussi une menace potentielle sérieuse.
Variation du niveau de la mer.

Tendance évolutive

Devrait être submergé en cas de forte montée des eaux.

Auteur(s)

 Bellan-Santini D.

Date de rédaction

2016

Bibliographie

La Rivière M., Michez N., Delavenne J., Andres S., Fréjefond C., Janson A-L., Abadie A., Amouroux J-M., Bellan G., Bellan-Santini D., Chevaldonné P., Cimiterra N., Derolez V., Fernez T., Fourt M., Frisoni G-F., Grillas P., Harmelin J-G., Jordana E., Klesczewski M., Labrune C., Mouronval J-B., Ouisse V., Palomba L., Pasqualini V., Pelaprat C., Pérez T., Pergent G., Pergent-Martini C., Sartoretto S., Thibaut T., Vacelet J., Verlaque M., 2021. Fiches descriptives des biocénoses benthiques de Méditerranée. UMS PatriNat éd., Paris : 660 pp. (Source)

 Michez, N., Fourt, M., Aish, A., Bellan, G., Bellan-Santini, D., Chevaldonné, P., Fabri, M.-C., Goujard, A., Harmelin, J.-G., Labrune, C., Pergent, G., Sartoretto, S., Vacelet, J. et Verlaque, M. 2014. Typologie des biocénoses benthiques de Méditerranée Version 2. Service du patrimoine naturel, Muséum national d'Histoire naturelle, Paris. SPN 2014 - 33: 26 pp. (Source)

 Bensettiti F., Bioret F., Roland J. & Lacoste J.-P. (coord.) 2004. « Cahiers d’habitats » Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire. Tome 2 - Habitats côtiers. MEDD/MAAPAR/MNHN. Éd. La Documentation française, Paris, 399 p. + cédérom.