LRO1030 - La Montagne du Tauch, une énigme structurale: de la nappe de charriage au diapir Code GILGES : G : Structural, Structures tectoniques ou gravitaires principales
Coupe géologique : Non

Phénomène géologique : Tectonique

Description géologique :

Dans la zone «sous-pyrénéenne», avant-pays plissé en avant du front nord-pyrénéen, le Tauch comprend 2 unités séparées par la faille normale NE-SW de la Couronne longeant le ruisseau des Nauques : (i) au NW les calcaires aptiens à faciès urgonien, présumés épais de 1500 m, plissés en anticlinal proche de N-S, à fort pendage (50-70°), localement renversés sur leur flanc E - le plateau karstifié est sculpté de lapiaz en surface ; (ii) au SE une série monoclinale à fort pendage NW, localement verticalisé ou renversé, comportant les flyschs gris (Cénomanien) et noirs (Albien), les deux séries admettant des intercalations calcaires donnant des barres rocheuses ; le tout repose à l’E , au-dessus de Tuchan, sur une mince bande de dolomie noire présumée jurassique et de calcaires aptiens. L’ensemble flotte sur un épais matelas de Keuper salifère (300 m) selon un contact mécanique peu penté au SE. Sous le Keuper affleure le Muschelkalk et les grès du Trias inférieur, tégument du socle hercynien du Mouthoumet, dont les schistes ordoviciens et carbonifères, associés aux carbonates du Tournaisien-Viséen, affleurent au fond des vallées du Torgan et du ruisseau du Mas de Ségure. A noter aussi le petit bassin houiller stéphanien de Ségure, ployé en synclinal et discordant sur l’Ordovicien. L’interprétation structurale du Tauch peut être résumée en 3 modèles successifs. Le premier (de Graciansky, 1962 ; Bilotte, 1985 ; Berger et al., 1997) est celui d’une klippe charriée sur le Trias depuis la zone nord-pyrénéenne, sur le modèle de la nappe des Corbières, cela en dépit du fait que le contact mécanique basal soit soustractif. Le second modèle (Debuyser et Schroeder, 1972) conserve l’idée d’un charriage lié à la tectogenèse pyrénéenne, mais interprète le flanc SE comme un chevauchement du Trias sur la lame de calcaire aptien-dolomie jurassique : le Tauch se présente alors comme une série d’écailles à vergence NW. Le troisième modèle (Ford & Vergés, 2020) met l’accent sur le diapirisme salifère synsédimentaire. Le Tauch est alors un ensemble autochtone, assimilable au massif plus occidental de la Serre de Bouchard, où le diapirisme a accompagné l’extension du Crétacé moyen et supérieur, responsable des grandes failles plates qui rabotent l’Urgonien et portent le massif. Cette extension est aussi responsable des remarquables failles normales qui découpent tout le S du massif : faille de la Couronne, mais aussi failles NW-SE qui décalent les bancs calcaires dans la gorge du Verdouble (stylolites parallèles à la stratification et leurs fentes à remplissage de calcite perpendiculaires). Dans le massif du Tauch, la tectogenèse pyrénéenne compressive est discrète. Elle se marque immédiatement au S par le chevauchement nord-pyrénéen venant surmonter le diapir de Padern et le synclinal des flyschs crétacés. Associé au bassin de Tuchan-Paziols, la montagne du Tauch illustre donc toute une séquence d'évènements tectoniques : (i) diapirisme, peut-être amorcé dès le rifting jurassique, (ii) extension du Crétacé supérieur (110-84 Ma) enregistrée par la faille plate basale et par les failles normales du Grau de Padern, (iii) compression pyrénéenne (84-34 Ma) avec le chevauchement nord-pyrénéen, (iv) extension post-orogénique avec le bassin de Paziols et ses conglomérats oligocènes basculés au NW. Dans le paysage, on repère les aplanissements du Miocène moyen d'Aguilar à Vingrau recoupant les structures pyrénéennes et les conglomérats oligocènes déformés bien visibles du sommet du Tauch. Le plateau culminant du Tauch est aussi le reste d’une surface d’aplanissement plus ancienne (Oligo-aquitanienne) tronquant la série urgonienne comme celle des flyschs, redressée à plus de 50°. Un rejeu néotectonique récent et en extension de la bordure SE du Tauch est probablement responsable de sa position très élevée (900 m) au-dessus du bassin de Paziols et des bas plateaux des Corbières orientales (300-400 m).



Âge du phénomène
Le plus récent : Aquitanien (20.44 millions d'années)
Le plus ancien : Albien (113 millions d'années)

Âge des terrains
Le plus récent : Cénomanien (93.9 millions d'années)
Le plus ancien : Keuper (237 millions d'années)
Les données diffusées sur ces pages présentent des territoires qui sont potentiellement en domaines privés ou d’accès dangereux, il est de la responsabilité de chacun de se comporter selon la loi et de mesurer les risques encourus. Les participants au programme, auteurs de fiches etc., déclinent toute responsabilité relative à l’utilisation de ces données en cas de problème ou litige.