NPC0051 - Sources artésiennes et "trous sans fond" dans la région d'Ardres
Code GILGES :
B : Géomorphologique, Grotte, Volcans, Cascades, Paysage, Forme d'érosion, Fjords, Karst
Coupe géologique :
Non
Phénomène géologique :
Karstification
Description géologique :
La RNR de Lostebarne et du Woohay se situe dans la région d'Ardres, à la charnière entre les reliefs de l'Artois et la plaine de Flandre. La succession des terrains à l’aplomb du site est la suivante (du bas vers le haut) :
- Turonien inférieur et moyen (craie marneuse),
- Turonien supérieur et Sénonien (craie blanche à silex qui constitue l’aquifère de la craie), - Landénien inférieur (Argiles de Louvil),
- Landénien supérieur (Sables et Grès d’Ostricourt, eux aussi aquifères),
- Terrains holocènes (« aquifère multicouche des terrains holocènes »).
En surface, le site est ponctué d'un ensemble de sources et de cours d’eau dont les origines sont multiples.
La nappe de la craie, libre dans les hauteurs de l'Artois (couverture crétacée), est captive au niveau de la plaine de Flandre, composée de terrains argilo-sableux cénozoïques. Ce passage s'opère dans la région d'Ardres à la faveur d'une zone faillée. A cet endroit, le niveau piézométrique de la nappe passe au-dessus de la surface topographique. Elle devient localement artésienne. Si les argiles tertiaires, imperméables, sont percées (forage ou faiblesse naturelle), l'eau, sous pression dans l'aquifère, jaillit alors en continu à la surface. Ce phénomène est connu depuis le XIIe siècle (voir NPC 0055), découvert dans la région de Lillers par des moines pour l'alimentation en eau et utilisé depuis pour la culture du cresson (débit continu, eau de bonne qualité et à température constante).
Les anciennes cressonnières présentes sur le site sont encore alimentées par ces puits dits artésiens.
Par ailleurs, sous l'effet de la pression dans l'aquifère, l'eau peut également percer les argiles sus-jacentes à la faveur de faiblesses naturelles (sorties karstiques...). Comme dans le cas des puits artésiens, l'eau jaillit en continu à la surface, dans des vasques naturelles, profondes parfois de plusieurs mètres.
Ces sources sont appelées « trous sans fond », voire « puits tournants ». Elles sont présentes sur la réserve et en périphérie (Source des Trous sans fond et Bassin de la Source).
Enfin, les sables d'Ostricourt et les terrains holocènes peuvent être aquifères. Sur le site, ils alimentent respectivement la source des Routoirs et le ruisseau de l’Hermittage et deux autres ruisseaux qui parcourent la réserve.
Le fonctionnement des puits artésiens (comme celui des « trous sans fond ») repose sur la pression de l'eau de la nappe de la craie quand celle-ci devient captive sous la plaine de Flandre. La baisse de cette pression (pompages) ou le colmatage dans le fond des puits entraîne la diminution de leur débit et parfois leur arrêt. Dans ce cas, les puits peuvent permettre aux pollutions extérieures d'atteindre directement la nappe./nL'utilisation de l'artésianisme dans les cressonnières est une pratique séculaire qui se raréfie dans la région Nord – Pas-de-Calais. Elle repose notamment sur la connaissance empirique de leur sous-sol que les cressonniers développent et l'utilisation encore actuelle d'outils ancestraux. Le phénomène géologique d'artésianisme et son exploitation sont également une composante d'un patrimoine historique, culturel et agricole en déprise dans la région.
Âge du phénomène Le plus récent :
Actuel (0 millions d'années)
Le plus ancien :
Holocène (0.0117 millions d'années)
Âge des terrains Le plus récent :
Holocène (0 millions d'années)
Le plus ancien :
Turonien (93.9 millions d'années)
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