REU0023 - Gabbro de Salazie Code GILGES : D : Pétrologie sédimentaire, Métamorphique, Ignée, Textures et structures
Coupe géologique : Non

Phénomène géologique : Cristallisation

Description géologique : Le nom gabbro correspond au terme plutonique d’un magma basaltique. Ceci signifie que le gabbro est une roche résultant du refroidissement lent, dans une chambre magmatique, d’un magma basaltique issu de la fusion du manteau terrestre. Le site de la Passerelle est caractérisé par un affleurement de gabbro, continu sur environ 450 m au fond et sur les rives de la rivière. Ce gabbro a été décrit dans le détail dès les années 1970 (Upton et Wadsworth, 1972). Très récemment, un travail de réévaluation de ces roches plutoniques a été mené à l’amont de la passerelle (Famin et Michon, 2010; Berthod, 2016). L’étude de Berthod (2016) a permis de découvrir 3 autres sites principaux où des roches plutoniques basiques ou ultra-basiques (péridotites) affleurent sur plusieurs centaines de mètres (Figure 3). Un cinquième affleurement est observable dans la Ravine Lebeau. Il est de taille plus réduite, quelques dizaines de mètre de long, positionné structuralement entre une pile de sills (intrusions magmatiques sub-horizontales) au-dessus et, en dessous, une large intrusion de syénite liée à la période dite “différenciée” (<350 ka) du Piton des Neiges. Le site de la Passerelle présente principalement un gabbro “lité”, résultat d’une alternance entre minéraux clairs (feldspath plagioclase) et noirs (pyroxène; Figure 4). Cette succession de lits clairs et sombres est appelée foliation magmatique. L’épaisseur de chacun des lits, centimétrique à métrique, varie latéralement jusqu’à disparition possible des lits. Au site de la passerelle, la foliation magmatique montre une inclinaison vers le Sud d’environ 45° par rapport à l’horizontal. Le gabbro est recoupé par une multitude d’intrusions de taille, de lithologie et de forme différentes. Certaines intrusions composées de gabbro riche en plagioclase et aux contours irréguliers correspondent à des injections tardives dans l’histoire de la chambre magmatique, stade pendant lequel le gabbro était encore suffisamment chaud pour se déformer comme un corps mou (Figure 4, centre). D’autres intrusions de gabbro aux contours réguliers indiquent que la température de l’encaissant (le massif de gabbro) était encore assez chaude pour permettre un refroidissement lent de l’injection magmatique mais trop froide pour que l’encaissant se déforme mollement (Figure 4, bas). Enfin, le gabbro est recoupé par des nombreuses intrusions de basaltes et d’océanite dont la largeur varie de quelques centimètres à 1-1,5 m (Figure 4). Ces intrusions se sont mises en place alors que la température de l’encaissant ne permettait pas un refroidissement lent du magma. Le gabbro du site de la Passerelle présente localement une altération associée à la circulation de fluides hydrothermaux. Ces circulations de fluides se sont faites au travers de fractures ensuite remplies par la croissance de minéraux tels que chlorite, pumpellyite et zéolite (Figure 5). Les fluides ont également percolé dans le gabbro, transformant les minéraux primaires (pyroxène et plagioclase) en minéralisation du faciès métamorphique de type schiste vert. Figure 3: Carte géologique de la Rivière du Mât en amont de la passerelle de Bras Marron et localisation des affleurements de gabbro dans le cirque de Salazie. D’après Berthod (2016). Figure 4: Photos du gabbro “lité” du site de la Passerelle présentant une alternance entre des niveaux clairs composés de feldspath plagioclase et des niveaux sombres essentiellement composés de pyroxène. L’inclinaison des couches vers le Sud est facilement observable. Le gabbro est recoupé par des intrusions de nature et d’âge différents. Figure 5: Evidences de circulations de fluides hydrothermaux remplissant des fractures (haut) ou percolant dans la masse de gabbro (bas). Ces circulations de fluides ont entraîné des transformations minéralogiques caractéristiques d’un métamorphisme du faciès schiste vert. Photos: Laurent Michon. Enfin, le site de la Passerelle est affecté par de nombreuses failles qui indiquent que le Piton des Neiges s’est déformé postérieurement au refroidissement du gabbro (Figure 6). Figure 6: Stries formées par la cristallisation de minéraux (zéolite et calcite) pendant le déplacement des murs du plan de faille. Photo: Laurent Michon Au niveau du site de la Ravine Lebeau, le gabbro est massif, sombre et ne présente pas de foliation magmatique (Figure 7). Figure 7: Affleurement du gabbro dans la ravine Lebeau. Contrairement au site de la passerelle, le gabbro ne présente pas de foliation magmatique. Photo: Anthony Finizola.Les affleurements de roches plutoniques situés en amont de Trou Blanc ne sont plus constitués de gabbro mais de péridotites (dunite et wehrlite). Ces roches ultra-basiques massives résultent de la cristallisation et de l’accumulation précoce d’olivine et dans une moindre mesure de pyroxène. L’ensemble des caractéristiques pétrologiques, chimiques et structurales des affleurements des roches plutoniques de la Rivière du Mât a permis d’interpréter les différents massifs comme faisant partie d’une même chambre magmatique stratifiée. Cette chambre, d’âge plus ancien que 2 Ma, devait se situer à environ 3 km de profondeur (Berthod, 2016).

Âge du phénomène
Le plus récent : Pléistocène supérieur (0.0117 millions d'années)
Le plus ancien : Pléistocène inférieur (2.58 millions d'années)

Âge des terrains
Le plus récent : Pléistocène supérieur (0.0117 millions d'années)
Le plus ancien : Pléistocène inférieur (2.58 millions d'années)
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