FR4100168 - Pelouses à Obergailbach

Site de la directive "Habitats, faune, flore"

Base de référence : Décembre 2023.

Mise à jour annuelle de la liste SIC - publication au JO UE : 02/02/2024 (à partir de la base : décembre 2022)

Organisme(s) responsable(s) de la gestion du site
Conservatoire des Sites Lorrains pour les terrains pour lesquels il assure la maîtrise foncière.
3 Rue du Président Robert Schumann
57400
Sarrebourg
Commune de Obergailbach
17 rue de la Liberté
57720
Obergailbach
Document d'objectifs
Document(s) d'objectif validé
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Mesures de conservation
Les actions de protection du site d’Obergailbach ont débuté en 1992 en collaboration avec la Naturlandstiftung Saar et le Parc Naturel Régional des Vosges du Nord. L’objectif était d’acquérir des parcelles sur le territoire communal afin de constituer une réserve de points en vue de l’attribution de terrains à haute valeur biologique à l'issue du remembrement. Le partenariat avec la commune d’Obergailbach a ainsi permis l’acquisition en 1999 par le CEN Lorraine de près de 58 ha de pelouses et prairies remarquables et tête de bassin versant de ruisseau à Ecrevisses. Depuis 2013, quelques bandes forestières situées sur le plateau ont été acquises pour compléter la protection des forêts d’intérêt communautaire puis laisser en libre évolution. En 2016 et 2017, le CEN Lorraine œuvre à la protection par maîtrise foncière et d’usage de parcelles situées en bordure du Gailbach.

Conservation des habitats ouverts
Les habitats les plus prioritaires du site à savoir les pelouses calcaires (6210) et les prairies oligotrophes (6510) sont pour partie, en très mauvais état de conservation, car l’embroussaillement y est très important et non contenus par les activités agricoles. La gestion de l’essentiel des surfaces ouvertes du site est réalisée par des agriculteurs locaux. L’application des différents plans de gestion du CEN Lorraine est assez ardue en raison de la nécessité de coupler travaux de restauration par gyrobroyage sur de grandes surfaces (réalisés par le CENL en régie ou sous-traitance) suivis d’un entretien ultérieur obligatoire par les agriculteurs locaux pour arriver à l’objectif visé. Ainsi, la défaillance de l’un des deux acteurs rend l’atteinte de l’objectif impossible.
Concernant les zones-refuges abritant la pelouse marneuse et les populations sources de Damier de la Succise, la gestion en régie par le CEN Lorraine est réalisée. 
Toutefois, l’absence de moyens financiers réguliers alloués au CEN Lorraine pour rédaction de contrat natura 2000 ou gestion effective hors contrat n’a pas permis de réaliser les autres travaux nécessaires au maintien de ces secteurs à forte valeur écologique. L’embroussaillement y est très important. Les derniers suivis lépidoptèriques et avifaunistiques datent de 2009, ils montraient le maintien global des cortèges typiques. Toutefois, depuis 2009, une fermeture générale du site par les broussailles est constatée. Les suivis des plantes remarquables mettent en évidence la persistance du mauvais état de conservation de la population d’Orchis brûlé. Les autres espèces d’orchidées se maintiennent avec des fluctuations inter-annuelles importantes. La population de Scabieuse des près (plante protégée en Lorraine) est en nette régression car les agriculteurs, engagés en mesures agri-environnementales, n’ont pas respecté le cahier des charges.
Des campagnes de contractualisation de mesures agri-environnementales sont menées depuis 2008 pour accompagner les exploitants agricoles dans une gestion extensive du site. Ces campagnes incitent à mener cette gestion grâce à plusieurs mesures relatives à la fauche tardive, sans fertilisation, avec ou sans bandes refuges ou bien à un pâturage extensif accompagné de mesures de maintien de l’ouverture des parcelles. 
Certains exploitants ne sont pas éligibles à ces mesures pour raisons de non respect de critères de conditionnalité de la PAC. Ainsi, sur 69 ha de surface agricole utile, seulement 55 ha sont contractualisables et 40 ha ont été contractualisés soit 72 %.
Les difficultés socio-économiques de plusieurs agriculteurs (3/4) exploitant majoritairement sur le site, s’ajoutent aux contraintes naturelles d’exploitation du site (tendance à l’embroussaillement, pentes fortes puis sources prairiales en bas de coteaux) impliquant une déprise des habitats ouverts. 
Une surveillance très régulière de la gestion agricole doit être menée car le non-respect des cahiers des charges (pourtant régulièrement expliqués et parfois malgré la contractualisation de mesures agri-environnementales dans le cadre de la PAC) est constaté sur le terrain. Le manque de moyens financiers dans le cadre de l’animation du document d’objectifs limite cet encadrement de la gestion agricole nécessaire au maintien des habitats en bon état de conservation.


Programme de restauration sur le ruisseau du Gailbach

Depuis 2008, le CEN Lorraine travaille à la définition, à l’acceptation locale et à la recherche de financements permettant le maintien de l’habitat du Chabot et de l’Ecrevisse des torrents sur l’ensemble du Gailbach (Gailbach amont situé au sein du site Natura 2000, et Dimmerbach et Gailbach aval situés en dehors du site Natura 2000). En 2012, le CEN Lorraine a proposé une extension de site Natura 2000 sur la base du périmètre ci-avant défini (non effective à ce jour mais délimitée dans le docob) et cette proposition a servi de support afin d’étendre le périmètre ZNIEF lors de leur réactualisation en 2013.
L’état inquiétant de la population d’Ecrevisses des Torrents sur le Gailbach a permis de passer en priorité la réalisation de travaux sur le Gailbach, au sein d’une étude relative à la restauration des ruisseaux du Pays de Bitche. Par manque de souplesse des mesures définies au sein des contrats Natura 2000, il a été décidé de rechercher des moyens financiers permettant la réalisation des travaux en dehors de cet outil. Ainsi, le CEN Lorraine a pris la délégation de maîtrise d’ouvrage en 2016 à la communauté de communes du Pays de Bitche pour réaliser les travaux de restauration du Gailbach (hors et dans N2000) avec des crédits de l’Agence de l’eau Rhin-Meuse (80 %) et de la DREAL (hors CN2000). Afin de mener à bien le projet et permettre une pérennisation dans le temps de son action, le CEN Lorraine a demandé en 2016 la maîtrise de l’usage pendant 10 ans, tacitement reconductible des propriétés communales jouxtant le Gailbach pour une surface de 3.3 ha. Cet accord permet la réalisation des travaux dans de bonnes conditions et la maîtrise de l’usage de 3.4 km de berges communales du Gailbach et 800 ml de berges communales du Dimmerbach (chiffrage donné pour les 2 berges cumulées). Au sein du site Natura 2000, cette convention ne représente que 0.2 ha de surface étant donné que le Conservatoire est propriétaire  majoritaire de la tête de bassin versant.

Actuellement, par propriété ou convention communale, le CEN Lorraine maîtrise l’usage sur le long terme ou/et le foncier de 60 % des linéaires des 2 berges du Gailbach et Dimmerbach confondus, depuis les sources, jusqu’à la frontière (environ 85 % sur le Gailbach soit environ 6 km cumulés sur 2 berges et 22 % sur le Dimmerbach). 
Les longueurs des ruisseaux sont respectivement d’environ 7 km pour le Gailbach et 1.6 km pour le Dimmerbach

Des travaux de clôtures des berges, rattrapage d’entretien, enlèvement d’anciennes clôtures, recépage de saules, création de systèmes d’abreuvement en substitution à l’abreuvement sauvage et création ou restauration de gués sont en cours de réalisation à l’hiver 2017/2018 au sein du site Natura 2000 et se poursuivront soit en 2018 soit en 2019 sur le reste du Gailbach et Dimmerbach hors Natura 2000. 

En parallèle de ces travaux, le CEN Lorraine est en cours d’achat de l’un des étangs situés le long du Gailbach et ayant un impact très fort sur l’habitat des espèces d’intérêt communautaire que constitue le ruisseau. L’objectif est de rétablir une bonne continuité écologique, permettre la mobilité piscicole, astacicole et sédimentaire par effacement de l’étang et recréation des conditions permettant au ruisseau de retrouver sa mobilité d’avant création de cet étang. Les travaux auront lieu en printemps 2019. 

Enfin, suite à la disparition des populations d’écrevisses des Torrents et d’Ecrevisses à Pattes rouge constatée en 2016, et en vue de renforcer les populations d’Ecrevisses des torrents de l’Est de la France, le PNRVN, l’AFB et l’aquarium de Besançon mènent en ce moment un programme de reproduction ex situ. La réintroduction d’individus est réalisée dans les cours d’eau du Pays de Bitche sur lesquels les succès de maintien sont prévisibles, à commencer par ceux déjà peuplés pour un soutien de population et ensuite au sein de ruisseau comme le Gailbach qui ont subi une décimation de leur population. La réintroduction des individus est prévue pour l’automne 2019 si l’ensemble de l’expérience actuelle se déroule correctement. 
Il importe de pouvoir disposer de financements adaptés aux besoins de gestion écologique de ce site Natura 2000 afin de garantir le maintien en bon état de conservation des habitats et des espèces communautaires. Les outils contrats Natura 2000 et Mesures agri-environnementales doivent être garantis sur le long terme, tout comme les crédits d’animation permettant la mise en place de ces contrats.