Pas moins de 155 espèces ont en effet été recensées sur ce territoire naturel du centre sud de Saint Barthélemy parmi lesquelles une bonne proportion d’espèces protégées par arrêté ministériel.
La zone s’étend au-dessus de la Grande saline depuis le Morne de Grand Fond culminant à 274m jusqu’au Morne rouge au sud et offre des vues dégagées et remarquables.
Les conditions topographiques (fort ensoleillement et intense exposition aux vents chargés d’embruns, ..) et édaphiques locales (structure squelettique du sol, taux élevé de blocs rocheux et de pierraille..) génèrent, dans le contexte de faibles précipitations de Saint Barth, des effets différenciés de site, de crête, ou de versant qui apportent de la variabilité de part et d’autre de ce massif montagneux. La richesse en bryophytes (mousses, ..), lichens et en épiphytes (Orchidées, Broméliacées : Tillandsia, Aechmea, ..) souvent épilithes sur ces sols secs et pierreux, marque le paysage.
Sur la roche affleurante et les dalles rocheuses, une végétation saxicole, rupicole s’installe. De remarquables colonies de cactées vulnérables dont certaines sont protégées prospèrent parmi des fourrés à Croton, Oplonia, Lycium dont les racines s’infiltrent parfois dans les interstices des roches favorisant ainsi l’installation de Pectis, Talinum sp., et fougères du genre Pityrogramma. Bon nombre de Tête à l’Anglais ou Melocactus intortus montrent des signes de pourriture et dépérissent. Un suivi de ces populations d’espèces protégées s’impose. Opuntia dilenii, non protégé mais peu fréquent sur l’île (à surveiller) est également touché.
Les conditions contraignantes du milieu freinent la croissance des végétaux et ne leur permettent pas un développement maximum. Parmi les plus grands arbres Pisonia fragrans (6m de haut, 50 cm de circonférence), Bursera simaruba (5m de haut, 33 cm de circ), Sideroxylon obovatum, Piscidia carthagenensis, Tabebuia heterophylla, Jacquinia arborea, Capparis cynophallophora, Tecoma stans réalisent une formation ouverte d’une à deux strates, de petits arbres ou grands arbustes, arbres au tronc tortueux de 2 à 4m ou 6m avec les premières ramifications très basses.
La localité est riche en orchidées, dont deux espèces, à distribution très réduites dans les Petits Antilles (protégées par arrêté ministériel), rarissimes à la Guadeloupe, et qui agrémentent par leurs inflorescences d’un bel effet ornemental, cette singulière unité paysagère du Morne de Grand Fond. Fortement affectées par des prélèvements et par le pâturage des cabris en libertés, ces orchidées se sont réfugiées dans des massifs épineux d’Oplonia et de Lycium afin d’échapper à la main et à la dent de ses prédateurs. En effet, les populations résiduelles et en fleur restent confinées à ces buissons épineux.
C'est également l'une des rares stations sur l’île, avec le plateau de Lurin, de la Myrtacée Myrcianthes fragrans, et celle présentant les individus de plus belle taille.
Des traces de l’activité humaine sont visibles dans ce site, en particulier dans les parties basses, les plus faciles d’accès : déchets, encombrants, début de décharge le long de la ravine, passage pour l’eau mais également pour l’homme qui y laisse des traces. La présence de fruitiers, de palmeraies (Sabal), de plantes ornementales et de cultures sur le versant surplombant l’Anse de la Grande saline, constitue des empreintes d’une activité agricole passée.
La faune contribue à la valeur du site fréquenté par des invertébrés, reptiles, oiseaux et mammifères, dont parmi les plus visibles, le Fou fou (Orthorhyncus cristatus), l’Anolis de Saint Barth (Anolis gingivus), l’Améive (Ameiva pleii), Crécerelle ou Petit rapace (Falco sparverius), ainsi que (signalés par Karl QUESTEL) la couresse d’anguilla (Alsophis rijgermaei) en danger selon l’UICN, l’iguane (Iguana delicatissima) et une araignée rare.
Deux anses sableuses au caractère naturel très fort, situés de part et d’autre du site, sont des sites de ponte pour les rares tortues vertes et imbriquées qui reviennent sur l’île.
Il convient donc de veiller à la préservation de cette unité écologique exceptionnelle et d’importance patrimoniale.
Remerciements à Hélène Bernier.
Version du Mai 07 revue le 10 juillet avec membres CSRPN felix.lurel@wanadoo.fr