Située dans la partie nord de Saint Martin, la colline de Red Rock est l’un des rares derniers massifs boisés encore préservés de l‘île de Saint-Martin. Il culmine à 286 mètres et regroupe un ensemble gémorphologique varié (chaos de roches de diorites à l’ouest, d’Andésite à l’est, de calcaire au nord, crêtes, falaises, versant, baie, dépression, zone humide ..) d’une grande diversité biologique et constitue une entité remarquable du point de vue paysager.
La relative difficulté d’accès de ce site, en grande partie escarpé et rocheux, en fait un refuge pour de nombreuses espèces qui contribuent à l’originalité de ce territoire naturel dont le centre se prête particulièrement à l’accueil d’espèces sauvages rares.
L’inventaire non exhaustif (du fait des difficultés d’accès) fait déjà état de la présence de plus de 182 espèces végétales xérophiles dont certaines sont protégées tête à l’anglais ou Meloccactus intortus, le bois d’ébène ou Rochefortia acanthophora Les arbres les plus fréquents sont des héliophiles qui atteignent jusqu’à 12m de haut. Il s’agit notamment de Gommiers rouges Bursera simaruba en association avec des Mapou Pisonia fragrans, des Griffes à Chat Pithecellobium unguis-cati.
Dans les coulées, les amas rocheux gardent une certaine humidité et permettent l’installation d’espèces plus exigeantes en eau. Au niveau de la plage une végétation littorale psammophile des genres Ipomoea, Suriania, Argusia, Scaevola est prolongée en arrière plage par des fourrés arborés dominés par les espèces des genres Croton, Acacia et Pisonia.
Le couvert végétal est moins structuré sur le versant est exposé au vent. Des arbres morts debout, stigmates des derniers cyclones Luis et Maryline de 1995, témoignent de la violence de ceux-ci. Les bas-versants au sud mis à profit par l’agriculture et l’élevage, ont été transformés en prairies parsemées ça et là de fruitiers ou arbres utiles. Comme la décharge, elles ont été pour l’essentiel exclues de la ZNIEFF du fait de leur artificialisation.
L’intérêt floristique est complété par un intérêt faunistique indéniable constitué par plus de 25 d’espèces animales vertébrées de la faune terrestre et aviaire de ce territoire. Celui-ci est particulièrement favorable à des reptiles endémiques de Saint Martin tels que l’Anolis pogus, Anolis gingivinus, Sphaerodactylus sputator. Par ailleurs il est intéressant de noter que la couresse du banc d’Anguilla (Alsophis rijhersmaei) a été signalée et capturé sur Red Rock (BRONGERSMA, 1959) mais n’a pas été revue depuis (Westermann 1953, signalé par Michel BREUIL page 293).
Au niveau de l’avifaune signalons la présence du Balbuzard pêcheur, Pandion haliaetus de la Crécelle d’Amérique Falco sparverius, et du Ramier Columba squamosa
Certains projets et pratiques menacent l’intégrité cet écosystème témoin de la richesse de ces milieux insulaires tropicaux très sensibles (du fait de leur faible capacité de régénération) aux modifications de l’environnement.
- projet de ferme éolienne avec ouverture de voirie d’accès
- incendies à répétition au départ d’une décharge peu ou non contrôlée
- prolifération de mammifères nuisants (rats et mangoustes) s’attaquant à la faune
- défrichements et brûlis liés à l’agriculture (maraîchage) et à l’élevage (cabris, mulets), aux infrastructures d’assainissement (station d’épuration) en particulier dans les parties basses
- dépôts d’immondices le long du chemin littoral conduisant à la décharge
- Bivouac de surfeur
Il est donc capital de préserver l’authenticité de ce patrimoine d’exception pour Saint-Martin,. Il est suggéré intéressant que le Conservatoire s’intéresse à l’acquisition de tout ou partie de ce site, en particulier la zone 146-6 littorale remarquable.
felix.lurel@wanadoo.fr LUREL Félix, Avr. 06