ZNIEFF 030020020
Forêt sur sables blancs d'Organabo

(n° régional : 00030001)

Commentaires généraux

La ZNIEFF des forêts sur sables blancs d'Organabo (type I) se situe à une trentaine de kilomètres à l'est du bourg de Mana, et s'étend sur un peu plus de 23000 ha entre la rive droite du fleuve Mana et la RN1.

La formation géologique des sables blancs du Plateaux des Guyanes, très étendue au Guyana et au Surinam, s'épuise vers l'est en Guyane dans la région d'Organabo où elle présente une extension remarquable dans l'axe de la Crique Irakompapi. Cette ZNIEFF se distingue ainsi par l'ampleur des dépôts de la série détritique de base (podzol ou arène de délavage) constitués de silice pratiquement pure. Ces sables blancs, dont la capacité de rétention d'eau est particulièrement faible et la fertilité nulle, conditionnent toute la structure de la végétation locale.

Le climat de la région est un des plus secs de la Guyane avec un fort ensoleillement. Cette tendance renforce le caractère xérique des sols sableux, substrat sur lequel se développe ainsi une forêt particulière et d'un intérêt paysager certain. Elle représente un très bel exemple de paysages littoraux forestiers où le relief presque absent souligne de grandes étendues naturelles se fondant graduellement depuis la mer jusqu'aux marges du bouclier intérieur.

L'étendue de ce substrat pauvre a en effet permis l'émergence d'une forêt qui constitue le milieu déterminant de cette ZNIEFF. Elle est physionomiquement différente de celle sur sols ferralitiques, avec une voûte moins élevée (10-20 m) disjointe et un cortège floristique présentant des espèces caractéristiques, telles que Clusia nemorosa et Clusia fockeana, Humiria balsamifera, Humiria floribunda, Licania incana, Bombax flaviflorum, Conomorpha magnoliifolia, Macrolobium guianense, Dimorphandra polyandra, Matayba opaca, ou encore une grande broméliacée terrestre, Bromelia plumieri, ainsi que de nombreuses Myrtacées dont Myrcia sylvatica.

Le secteur pratiquement plat, la majeure partie du plateau de sables blancs se situant entre 15 et 40 mètres d'altitude, n'est seulement creusé que de quelques talwegs de petites criques. Le long des principaux cours d'eau se développe ponctuellement une forêt galerie à Palmier bâche (Mauritia flexuosa) qui avec les forêts marécageuses s'étendant dans les flats, constituent d'autres milieux patrimoniaux de la zone. Dans la forêt marécageuse qui se développe sur des sols hydromorphes temporairement et partiellement exondés, les espèces les plus caractéristiques sont le Palmier pinot (Euterpe oleracea), le yayamadou marécage (Virola surinamensis), le manil (Symphonia globulifera), le moutouchi marécage (Pterocarpus officinalis), et, en sous-bois, de nombreuses fougères et monocotylédones. Dans les bas-fonds sableux, on peut noter la présence de la fougère arborescente Cyathea macrocarpa ainsi que du Palmier à huile américain (Elais oleifera).

Il faut souligner le rôle fonctionnel que cette forêt joue, non seulement en terme d'habitat pour des populations végétales et animales, mais aussi comme zone particulière d'alimentation (associée aux forêts marécageuses, pinotières et forêts sur anciens cordons sableux littoraux) lors des mouvements migratoires saisonniers en fin de saison des pluies, des grands oiseaux frugivores (Psittacidés, Ramphastidés et Cotingidés).

Cet ensemble forestier reste également très attractif pour la grande faune. On signale toujours la présence de grandes troupes de Pécari à lèvres blanches (Tayassu pecari), de la Loutre géante (Pteronura brasiliensis) sur la crique Irakompapi et de nombreuses espèces de singes dont le Capucin blanc (Cebus olivaceus). Il faut souligner également sur le plan herpétologique le recensement de quelques espèces patrimoniales comme le Lézard Cnemidophorus lemniscatus et du très rare serpent malacophage Dipsas copei, dont la forêt sur sable blanc constitue une des rares stations connues en Guyane. ). Des populations très importantes de caïmans rouges, dont de très gros individus présentant des tailles rarement (ou même jamais) observées sur la zone côtière y ont également été inventoriées.

Face à ses intérêts biologiques et écologiques, cette zone fait l'objet d'une protection au titre d'un Arrêté préfectoral de Protection des Biotopes.

Elle n'en reste pas moins actuellement menacée de secondarisation et de destruction par l'implantation massive de réfugiés Buschi-nengue surinamiens qui défrichent à un rythme soutenu pour leurs cultures sur brûlis. Ils exercent en outre une pression de chasse très importante et des prélèvements de certaines essences végétales. Toutefois, cette zone reste encore largement intacte alors qu'ailleurs sur le Plateau des Guyanes, ce type de forêt a déjà été fortement exploité et dégradé. Ceci confère à cette ZNIEFF abritant des espèces strictement inféodées au substratum de sables blancs ou de bas-fonds hydromorphes, un rôle très important pour la conservation de la biodiversité à l'échelle du Plateau des Guyanes.

Soumise à influence surinamaise et située en périphérie nord du massif forestier de l'intérieur, sur les marges océaniques du bloc amazonien, elle présente de ce fait des caractéristiques biogéographiques fondamentales pour l'étude de la répartition des espèces en Amérique du Sud.

Commentaires sur la délimitation

La ZNIEFF est limitée de la manière suivante :

N: Au nord, la limite longe la rive gauche de la crique Grand Village (du point A au point B) puis englobe la forêt sur sable blancs au sud du CD8. Puis la zone est limitée par les zones dégradées le long de l'axe routier CD8, depuis le lieu-dit Bassin Mine d'Or jusqu'à l'intersection entre le CD8 et l'Irakompapi. Puis la limite longe la rive droite de l'Irakompapi en remontant vers le nord jusqu'à la mangrove (point C) et la longe jusqu'au point D où elle atteint les zones dégradées qui bordent la RN1 au niveau de la rivière Organabo.

E et S: A l'est et au sud, la ZNIEFF est limitée par la RN1 et ses zones dégradées, depuis le pont sur l'Organabo jusqu'à son intersection avec le fleuve Mana.

W: La limite suit la rive droite de la Mana jusqu'au point E pour longer à nouveau la forêt sur sables blancs. Du point E au point A, la limite suit la Mana en excluant les forêts de la plaine côtière ancienne et les forêts inondables.

Coordonnées des points mentionnés (WGS84, UTM 22 nord):

A (201574m; 619435m) - B (202313m; 619136m) - C (213493m; 617153m) - D (225924m; 614588m) - E (203521m; 612701m)