La ZNIEFF de la Savane Malmaison (type I) se situe le long de la RN1, à environ 5 kilomètres au sud-est de Tonate-Macouria. Il s'agit d'une grande savane arbustive remarquable par la présence d'une petite dalle rocheuse granitique, émergente sur 150 mètres de long et 50 mètres de large. Elle fait partie de l'ensemble des savanes sèches littorales de Guyane, principalement localisées entre Cayenne et Organabo dans la plaine côtière ancienne.
Ces savanes se trouvent sur des sols argileux marins, consolidés et en grande partie recouverts de sédiments sableux fins datant du Pléistocène. Ces sols sont le plus souvent exondés. L'origine des savanes n'est probablement pas entièrement naturelle. Elle est due à un ensemble de facteurs liés entre eux, d'ordre climatique (saison sèche plus marquée sur la bande côtière), paléoclimatique (témoin des époques plus froides et plus sèches du Pléistocène et de l'Holocène durant lesquelles la Guyane était en partie recouverte de savane), édaphique (sols peu favorables à une couverture forestière) et anthropique (localisation des communautés amérindiennes d'autrefois et de la population actuelle sur la bande côtière ; maintien de la physionomie des savanes par les feux saisonniers).
La Savane Malmaison correspond à une savane basse sur sols argilo-sableux, se présentant sous l'aspect d'une grande étendue d’herbes en touradons de 10 à 30 cm de haut laissant entre eux des plages de sol nu, à l'exception de tapis épars d'une petite plante carnivore, Drosera capillaris. Dans cette savane herbacée, la flore y est dominée par des Cypéracées et des Poacées, auxquelles se mêlent principalement des Burmanniacées, Astéracées, Gentianacées, Mélastomatacées, Polygalacées et Lentibulariacées. Ponctuellement, la physionomie est marquée par quelques arbustes nains particulièrement bien adaptés au feu, émergeant du tapis herbacé notamment à proximité des lisières avec les fourrés sclérophylles et la forêt de la plaine côtière. Ces arbustes sont représentés principalement par deux espèces de Malpighiacées : Byrsonima verbascifolia (" z'oreil d'âne "), sous-arbrisseau nain (nanophanérophyte) de 30 à 60 cm, aux grandes feuilles duveteuses caractéristiques ; et Byrsonima crassifolia, espèce ligneuse se présentant sous la forme de petits arbres tortueux constituant une formation plus riche floristiquement ("savane à poiriers ") et transitoire avec les milieux paraforestiers (le passage répété du feu ne lui permettant pas cette évolution). L'intérêt floristique de cette savane est surtout lié, d'une part, à l'existence de la savane-roche avec mare temporaire hébergeant une flore originale d'espèces rares et localisées dont plusieurs ptéridophytes protégés (Isoetes sp. et Ophioglossum nudicaule), ainsi qu’une phanérogame déterminante, Portulaca sedifolia (Portulacaceae).
D'autre part, l'intérêt botanique se révèle avec le maintien localement (à l'est) d'un faciès écologique et paysager non dégradé. Il en résulte une formation arbustive et herbacée haute de 50 cm à 1,30 m, floristiquement plus riche que la savane basse, et transitoire avec les groupements paraforestiers périphériques. La flore herbacée est dominée par les Poacées ainsi que des Cypéracées (Rhynchospora barbata caractéristique du milieu) et Rubiacées, alors que Curatella americana domine la flore des buissons et petits arbres, accompagné de Byrsonima crassifolia, de Mélastomatacées et de Clusiacées. Plusieurs plantes déterminantes profitent de cet habitat non dégradé : Psidium guineense (Myrtaceae), Rhynchanthera serrulata (Melastomataceae), Acisanthera crassipes (Melastomataceae).
Sur le plan faunistique, la savane herbacée et arbustive accueille un cortège caractéristique avec notamment plusieurs espèces d’oiseaux, déterminantes du fait de leur lien étroit avec le biotope : le Sporophile plombé (Sporophila plumbea), l'Elénie menue (Elaenia chiriquensis) et l'Elénie huppée (Elaenia cristata). La Buse des savanes (Buteogallus meridionalis) se maintient ici en trouvant son biotope de prédilection non perturbé, les grandes zones ouvertes herbeuses. Cette espèce patrimoniale est peu commune et sa répartition restreinte en Guyane. Au cours de leur passage migratoire postnuptial, certains limicoles recherchant préférentiellement les secteurs herbacés ras et découverts, font halte dans la savane, tout particulièrement le Pluvier dominicain (Pluvialis dominica) et très probablement le Maubèche des champs (Bartramia longicauda).
A l'image des savanes voisines, le peuplement herpétologique est bien conservé et caractéristique des savanes. Dans les secteurs avec une végétation herbacée haute et un substrat humide, on trouve la Rainette Hypsiboas raniceps et le lézard Anolis auratus. Dans les secteurs plus ras, le crapaud Rhinella merianae est abondant lors de la saison des pluies. Enfin, les lisières et les parties les plus arborées de la savane abritent les lézards Mabuya bistriata et Kentropyx striata.
Ces savanes sont aussi le milieu de vie des mygales terricoles Ephebopus murinus et sont parfois trouvées dans les mêmes terriers que ceux occupés par Rhinella merianae.
La Savane Malmaison subit chaque saison sèche des feux d'origine anthropique, accidentels ou volontaires, qui empêchent toute évolution à partir des lisières vers une végétation forestière.
Le développement de l'urbanisation aux environs (lotissement du Lac Bleu) lié à l'accroissement démographique du bourg de Macouria, a déjà fortement dégradé l'écosystème au sud de la RN1. L'extension des parcelles agricoles à l'est de la savane a abouti à une réduction de la ZNIEFF vis à vis de son périmètre initial pour limiter l'emprise exclusivement à la savane bien conservée, en excluant ainsi les secteurs urbanisés et dégradés.
Soulignons aussi que la plupart des savanes-roches en Guyane s'insèrent dans le massif forestier intérieur. Quelques dalles rocheuses côtières se retrouvent également dans la région de Kourou, essentiellement sur le territoire du Centre Spatial. Aussi l'accessibilité de la Savane-roche Malmaison lui confère un intérêt pédagogique indéniable, d'autant qu'on peut y observer les vestiges de champs de buttes amérindiennes d'époque précolombienne.
La ZNIEFF est limitée de la manière suivante :
N: Au nord, les milieux de savanes s'étendent jusqu'à la Nationale 1 et sont bordés par les milieux dégradés et urbanisés. La limite relie en ligne droite les points A et B, puis les points B et C.
E: A l'est, la limite du zonage délimite les savanes s'étendant du point C jusqu'à la Nationale 1 (point D), en excluant les forêts dégradées de terre ferme.
W: La Nationale 1 constitue la limite ouest de la zone, du point D au point A.
Coordonnées des points mentionnés (WGS84, UTM 22 nord):
A (340096m; 550152m) - B (340452m; 550335m) - C (340962m; 549931m) - D (340697m; 549075m)