La ZNIEFF de la Montagne des Gouffres (type I) se situe à une quinzaine de kilomètres au nord-ouest de Régina, le long de la Route Nationale 2.
La montagne des Gouffres présente par contre un habitat relativement unique pour la Guyane. En effet, son versant sud, abrupt, est constitué de grands chaos rocheux ainsi que de cavités profondes, propices à une faune et une flore très particulières. Cette géomorphologie particulière, unique en Guyane, est due au substratum géologique constitué de conglomérats, quartzites et schistes de l’Ensemble Détritique Supérieur, anciennement appelé « série de Bonidoro » et datant de 2,1 milliards d’années.
Des forêts drainées, de crête et de pente, ainsi que des forêts inondables de bas-fonds sont également présentes dans ce périmètre, de même que, le long de la RN 1, des zones de talus caillouteux secs à végétation basse, propices à certaines fougères (Schizaeaceae et Lindsaeaceae) que l’on trouve habituellement sur les sables blancs du nord-ouest de la Guyane.
La physionomie rocheuse et accidentée du site permet la présence d'une forte colonie de reproduction de Coq-de-roche orange (Rupicola rupicola), estimée à une dizaine de nids. Il s'agit ainsi avec la montagne de Kaw des plus fortes concentrations connues pour cette espèce en Guyane française.
D'importantes colonies de chiroptères strictement cavernicoles et déterminants trouvent aussi refuge dans ces chaos : Pteronotus parnellii, Lionycteris spurrelli, Anoura geoffroyi, Phyllostomus latifolius. Ces concentrations importantes de chauves-souris représentent également un des plus grands rassemblements connus en Guyane.
Parmi les vertébrés forestiers non liés aux roches, seuls les oiseaux ont fait l'objet d'inventaires ponctuels dans cette ZNIEFF. Quelques espèces déterminantes supplémentaires sont ainsi connues de ce secteur : Coracine chauve (Perissocephalus tricolor), Tamatia à gros bec (Notharchus macrorhynchos), Tangara cyanictère (Cyanicterus cyanicterus), Pénélope marail (Penelope marail).
D'un point de vue botanique, cette ZNIEFF s'illustre principalement par la présence d'un pied d'Astrocaryum minus, palmier extrêmement rare au niveau mondial et protégé en Guyane française. Cette espèce fait l’objet d’un Plan National d’Actions. Il s'agit ici d'une des trois seules stations connues dans le département. Malgré quelques prospections complémentaires, d'autres individus n'ont pas encore été découverts à proximité du pied unique découvert en 2006.
Globalement cette ZNIEFF n'a pas fait l'objet d'inventaires botaniques systématiques. Toutefois, un premier inventaire des ptéridophytes de la zone laisse apparaître une forte diversité botanique avec de nombreuses espèces déterminantes : Actinostachys pennula, Actinostachys subtrijuga, Asplenium pediculariifolium, Asplenium cuneatum (seule localité de Guyane connue à ce jour), Cyathea macrocarpa, Lindsaea surinamensis, Selaginella kochii.
Vue l'originalité des habitats liés aux nombreux affleurements rocheux, le secteur paraît favorable à la découverte d'espèces rares très spécialisées. Il faut par exemple signaler la présence sur les suintements des parois d'une espèce d'Araeococcus (Bromeliaceae) probablement nouvelle pour la science et uniquement connue de ce site.
La rare Ladenbergia lambertiana, Rubiaceae endémique du plateau des Guyanes, n'est connue à ce jour, enGuyane française, que d'une seule observation dans cette ZNIEFF.
La ZNIEFF de la montagne des Gouffres, par sa situation directe en bord de route, fait l'objet de prélèvements potentiels au niveau de la faune et de la flore, ainsi que de dérangements éventuels des animaux liés aux cavités en cas de sur-fréquentation. Ce site est également menacé par l'exploitation d'Or primaire. En effet, deux permis de recherche en cours de renouvellement se superpose à une grande partie de son périmètre.
Les limites de la ZNIEFF sont:
N: La limite nord longe la route nationale 2 du point A au point B, sur une longueur d'environ 8km.
E: A l'est, le zonage est bordé par un affluent de la crique Saut, du point B au point C puis du point C au point D, confluence avec la crique Saut.
S: au sud, la limite remonte la crique Saut sur environ 300m, du point D au point E, où elle rencontre un autre affluent. Le contours suit la crique jusqu'à son intersection avec la courbe des 50m (point F).
W: la bordure ouest suit la courbe des 50m depuis le point F jusqu'au point G, situé à environ 400m de la RN. La limite rejoint la nationale 2 par une ligne droite entre les points G et A.
Coordonnées des points mentionnés (WGS84, UTM 22 Nord):
A (356442m; 484008m) - B (361512m; 479216m) - C (358962m; 476202m) - D (358129m; 476188m) - E (358146m; 476501m) - F (357174m; 476886m) - G (356202m; 483673m)