La ZNIEFF des "Savanes de Nancibo" (type I) se situe sur la commune de Roura. Elle est incluse dans la ZNIEFF de type II "Forêts hydromorphes de Nancibo". Elle s'étage de 4 à 52 mètres d'altitude.
Il s'agit d'un vaste ensemble de savanes humides, entièrement incluses dans le massif forestier de la plaine littorale. Ces savanes, de par leur caractère très hydromorphe, s'apparentent aux savanes de l'est guyanais, nettement distinctes des savanes sèches du centre littoral par leur physionomie et leur composition floristique.
Les habitats présents dans cette ZNIEFF sont essentiellement des savanes basses et hautes herbacées, inondées une grande partie de l'année. Certains secteurs plus drainés arborent un faciès plus arbustif. Une petite savane périphérique présente un caractère de savane basse sèche. Ces savanes sont encerclées de forêts basses, inondables et marécageuses. Les cordons, les bosquets et les îlots forestiers sont très nombreux et confèrent au site un aspect de mosaïque paysagère avec alternance de milieux ouverts et de milieux boisés. L'étendue des lisières et des biotopes de transition offrent au secteur une grande variété de micro habitats et une grande diversité biologique.
Les savanes hydromorphes constituent l'élément majeur de cette ZNIEFF. En raison d'un sol argileux ne laissant pas pénétrer l'eau, ces surfaces herbacées sont inondées presque en permanence. Les végétaux capables de supporter de telles conditions écologiques (ensoleillement permanent et asphyxie du sol) sont particulièrement adaptés à cette situation et sont pour certains spécialisés à ces exigences écologiques. Le secteur s'illustre ainsi par exemple par la très forte diversité en Utriculaires (Lentibulariaceae). 11 espèces y sont inventoriées dont 5 sont des espèces déterminantes et manifestement rares en Guyane : Utricularia benjaminiana, Utricularia guyanensis, Utricularia myriocista, Utricularia nana, Utricularia viscosa.
La petite savane sèche explorée à l'ouest est tout à fait atypique par rapport à l'habitat dominant. La faible pente du sol sableux permet un drainage efficace et la composition floristique de ces affleurements sableux s'apparie aux savanes sèches du centre littoral. Dans cet habitat a été détecté Genlisea pygmaea (Lentibulariaceae), extrêmement rare en Guyane et protégée.
Cette savane sèche affiche de plus un faciès très arbustif, ce qui peu fréquent pour les savanes de l'est guyanais et très favorable aux passereaux insectivores rares. Deux espèces d'Elénies déterminantes sont ainsi bien implantées : Elénie menue (Elaenia chiriquensis) et Elénie huppée (Elaenia cristata).
Les bosquets arborés, isolés au sein de ces grandes savanes constituent de réels micro-habitats et servent notamment de refuge à la faune vertébrée qui fréquente ces habitats très ouverts. Ces îlots forestiers représentent également des biotopes uniques pour certaines plantes très spécialisées. A ainsi été détectée dans plusieurs de ces bosquets la très rare orchidée terrestre Aspidogyne longicornu, récemment découverte dans le même type d'habitat et connue en Guyane seulement de quatre localités.
Les forêts encadrant ces savanes, ainsi que les corridors forestiers qui les isolent les unes des autres, affichent un caractère très hydromorphe. Ces boisements très humides varient depuis les forêts inondables de flat jusqu'aux formations marécageuses à palmier-bâche (Mauritia flexuosa). Des forêts denses et basses de transition sont également nombreuses.
Plus de 500 taxons végétaux sont inventoriés sur le secteur, à travers les différents habitats.
Le cortège d'espèces savanicoles rares et déterminantes est particulièrement bien diversifié : Burmannia bicolor, Becquerelia tuberculata, Bulbostylis juncoides, Eleocharis pachystyla, Rhynchospora curvula, Rhynchospora triflora, Scleria martii, Syngonanthus biformis, Syngonanthus umbellatus, Acisanthera bivalvis, Sauvagesia rubiginosa, Cleistes tenuis, Habenaria schwackei, Habenaria longicauda, Habenaria sprucei, Selaginella minima, Abolboda americana, Xyris malmeana.
Pseudolycopodiella tatei (Lycopodiaceae) est une espèce des savanes sur sables blancs intactes, rarissime, découverte récemment en Guyane et connue de cette seule localité. Ailleurs, elle est uniquement présente dans les savanes de la région des Tépuis du Guyana et du Venezuela.
Les espèces déterminantes liées aux boisements et aux lisières sont également nombreuses : Anthurium moonenii, Tabernaemontana rupicola, Astrocaryum rodriguesii, Aechmea egleriana, Disteganthus basilateralis, Clusia cuneata, Cyathea macrocarpa , Erythroxylum ligustrinum, Calliandra hymenaeodes, Trichomanes pinnatum, Monophyllanthe oligophylla, Actinostachys pennula, Actinostachys subtrijuga.
Deux stations à Bactris nancibaensis, palmier endémique et protégé, sont repérées dans le corridor central et l'extrémité nord-est.
La faune est particulièrement bien préservée dans ces secteurs très difficiles d'accès. S'y retrouvent ainsi des populations de grands mammifères en bon état de conservation : Alouatta macconnelli, Panthera onca, Tapirus terrestris.
Au niveau herpétologique, ces grandes savanes se distinguent par la présence de la totalité du cortège des lézards savanicoles rares et déterminants : Anolis auratus, Kentropyx striata, Mabuya bistriata.
L'avifaune résidant sur les lieux est très diversifiée en raison de la mixité des habitats.
Sont ainsi présentes des espèces caractéristiques des savanes naturelles : Tachyphonus phoenicius, Gallinago sp.
Sont également très bien représentées les oiseaux liés aux rivières, forêts inondables et marécageuses : Heliornis fulica, Leucopternis schistacea, Orthopsittaca manilata, Perissocephalus tricolor.
Enfin, le grand massif forestier alentour permet le maintien d'espèces exigeantes rares à proximité de Cayenne : Automolus rufipileatus, Cercomacra nigrescens, Crax alector, Galbula leucogastra, Morphnus guianensis, Notharchus macrorhynchos, Penelope marail, Pyrilia caica, Selenidera culik,Tyranneutes virescens.
Le réseau hydrographique s'écoulant dans cette ZNIEFF semble aussi présenter tout son intérêt. La qualité et la clarté de ses eaux de ruissellement apparaissent très favorables à la présence d'espèces de poissons rares et déterminants : Ageneiosus ucayalensis, Apistogramma gossei, Chilodus zunevei, Corydoras solox, Cyphocharax aff. Spilurus, Cyphocharax spilurus, Hemiodus aff. unimaculatus, Hyphessobrycon copelandi, Hyphessobrycon simulatus, Microcharacidium eleotrioides, Nannacara aureocephalus.
En raison de sa physionomie très inondée, cette ZNIEFF subit peu de pressions mis à part la chasse, toutefois limitée par les difficultés d'accès.
Les Savanes de Nancibo se répartissent en deux entités principales de part et d'autre de la crique Nancibo (sur la rive gauche de la rivière Comté), à savoir:
Au nord-est, une entité incluant les savanes encadrées par la route de Nancibo (au nord), la Comté au sud, la Nancibo à l'ouest et la Crique Sourou à l'est.
Au sud-ouest, une seconde entité regroupant les savanes à l'ouest de la crique Nancibo, à l'est et au nord de la crique Pachabo et au nord de la rivière Comté.
Entre ces deux entités, un large corridor de forêt marécageuse est inclus.
L'extension à l'extrême nord-est de la ZNIEFF englobe une partie de la Crique Sourou.
Les zones forestières au sein de chaque entité ont été incluses afin de prendre en compte les corridors écologiques entre les savanes. Une zone tampon de 100m en milieu forestier a également été inclus afin de prendre en compte l'effet de lisière des savanes.