La ZNIEFF "Abattis et montagne Cottica" (type II) s'étend sur près de 24000 hectares, au nord du bourg de Papaïchton. Cette ZNIEFF est destinée à mettre en valeur les habitats remarquables présents à basse altitude et en bordure du fleuve. Les secteurs d'altitude supérieure à 400 mètres sont visés par une ZNIEFF de type I "Sommets Cottica", qui se trouve incluse dans ce vaste zonage.
Les abattis Cottica représentent un ensemble naturel exceptionnel sur le cours moyen du Maroni. La montagne Cottica, un des plus hauts reliefs de Guyane, domine le fleuve Maroni qui est caractérisé dans cette portion par la présence d'une multitude d’îlets et de bras sur une quinzaine de kilomètres.
Vaste espace forestier, la montagne Cottica héberge une succession d’habitats probablement unique en Guyane. Depuis le lit du fleuve jusqu’à la forêt sommitale, la diversité des milieux naturels y est remarquable tant d’un point de vue écologique que paysager. Au pied de la montagne, le fleuve serpente en de multiples méandres noyés au cœur de la forêt primaire. Son rythme est coupé par une impressionnante série de sauts qui se découvrent à la saison sèche pour former un lit minéral.
Les secteurs de sauts et de rapides sont très nombreux sur cette portion du Maroni. Ces habitats rocheux inondables constituent des biotopes uniques pour certaines plantes très spécialisées : Podostemaceaes aquatiques, Cyperaceae, Psidium acutangulum (Myrtaceae), Solanum schomburgkii (Solanaceae). Des bancs de sable sont fréquents sur les îlots du fleuve. Dans ce biotope, a été découverte une population d'un ptéridophyte protégé : Ophioglossum nudicaule (Ophioglossaceae).
Les berges marécageuses sont également bien représentées, formant de vastes clairières ripicoles impénétrables, refuge pour la faune aquatique. Les berges hautes hébergent des espèces typiquement ripicoles et assurent la transition avec les forêts attenantes. Des forêts inondables et des forêts drainées se développent en retrait de la rivière.
Plusieurs espèces végétales remarquables ont été recensées dans ces habitats de basse altitude : Dichaea kegelii (Orchidaceae), Palmorchis prospectorum (Orchidaceae), Raputia aromatica (Rutaceae), Serjania setulosa (Sapindaceae), Ruellia fulgens (Acanthaceae), Tabernaemontana albiflora (Apocynaceae), Acioa guianensis (Chrysobalanaceae), Polygala membranacea (Polygalaceae).
La découverte d'un pied de Palmier à huile (Elaeis oleifera) confirme l'extension de la répartition de cette espèce à certains secteurs sableux des berges du Maroni avec une répartition disjointe de son bastion des forêts sur sables blancs du nord-ouest du département.
Rhodostemonodaphne leptoclada (Lauraceae) n'était précédemment connu que du spécimen type issu de la région de Saül.
Henriettea ininiensis (Melastomataceae) découvert en forêt drainée à 300 mètres d'altitude constitue la seconde mention mondiale de cette espèce décrite du type collecté sur les sommets Bellevue de l'Inini.
D'un point de vue faunistique, le secteur des Abattis Cottica s'illustre par la présence de nombreuses espèces déterminantes dans chacun des groupes de vertébrés inventorié.
Les grands mammifères sont bien représentés avec la présence avérée de Tapir, Atèle, Hurleur roux, Loutre commune et Loutre géante.
Parmi les chiroptères, la capture de Lionycteris spurrelli indique l'existence proche de cavités rocheuses indispensables à cette espèce cavernicole, ainsi qu'à l'ensemble des chauves-souris troglophiles déterminantes.
Le cortège ornithologique de la zone est remarquablement diversifié.
Les espèces déterminantes directement liées au fleuve sont bien représentées : Hirondelle des torrents (Atticora melanoleuca), Engoulevent trifide (Hydropsalis climacocerca), Grimpar strié (Xiphorhynchus obsoletus), Héron coiffé (Pilherodius pileatus).
Les espèces exigeantes des massifs forestiers intacts non perturbés sont nombreuses : Autour à ventre gris (Accipiter poliogaster), Amazone de Dufresne (Amazona dufresniana), Porte-éventail roi (Onychorhynchus coronatus), Tamatia à gros bec (Notharchus macrorhynchos), Agami trompette (Psophia crepitans), Caïque à tête noire (Pionopsitta caica), Coracine chauve (Perissocephalus tricolor).
Enfin des espèces caractéristiques de l'intérieur du département sont également bien implantées sur le site : Synallaxe de McConnell (Synallaxis macconnelli), Faucon orangé (Falco deiroleucus), Alapi à sourcils blancs (Myrmoborus leucophrys).
En ce qui concerne les amphibiens, au-delà des espèces inventoriées sur le sommet, deux espèces déterminantes remarquables sont recensées dans les parties basses : Hamptophryne boliviana et Scinax proboscideus.
Les inventaires ichtyologiques réalisés mettent en évidence une richesse piscicole exceptionnelle, avec une trentaine d'espèces déterminantes, particulièrement rares en Guyane ou strictement endémiques du bassin versant du Maroni. Cette diversité remarquable d'espèces de poissons déterminants est à ce jour unique en Guyane, au regard des inventaires menés sur l'ensemble du territoire. Seule la ZNIEFF "Zone de flat de palmiers bâche de la Waki" apporte des résultats comparables en termes de richesse spécifique.
La montagne Cottica ainsi que sa frange fluviale présente un bon état général de conservation. Son occupation est limitée ponctuellement à quelques habitations temporaires le long du fleuve. Cependant, l'impact de l’activité minière sur les flancs du mont commence à se faire sentir de façon significative sur le couvert forestier et les cours d’eau, au détriment de ce qui fait actuellement son caractère pittoresque et légendaire.
Les activités liées à la chasse menacent également l'intégrité de cette zone naturelle.
L’inscription des abattis Cottica à l'inventaire des sites et monuments naturels en 2005 représente un premier pas pour la reconnaissance du site et de son histoire marquante. Son classement en 2011 affirme son importance sur le plan national, parmi les sites les plus prestigieux du pays.
Ce renforcement de la protection du site permettra, en outre, de mieux y encadrer le développement des activités, afin de préserver ses caractéristiques patrimoniales dans le respect des attentes de la communauté locale.
La ZNIEFF est délimitée de la manière suivante :
N : Au Nord, la limite commence par franchir le talweg entre les points A et B, puis suit un affluent de la rivière Petit Abounami jusqu’à son point de confluence avec la rivière et enfin longe la rivière Petit Abounami jusqu’au point C, point de confluence d’un affluent avec la rivière.
E : A l’Est, la limite longe cet affluent jusqu’à sa source (point D), prend le talweg menant au point E, suit un premier affluent de la rivière Petit Abounami, depuis sa source (point E) jusqu’au point de confluence avec un deuxième affluent (point F), que la limite suit également jusqu’à sa source (point G). Après avoir atteint le point H par le talweg, la limite suit la crique comprise entre les points H et I, puis franchit le talweg jusqu’au point J, source d’une crique sans nom, et enfin suit cette crique jusqu’au point K.
S : La limite sud emprunte ensuite le talweg jusqu’au point L, source de la crique Amadou Kiiki, suit cette crique jusqu’à son point de confluence avec l’un de ses affluents, et enfin poursuit le long de cet affluent jusqu’à sa source (point M). La ZNIEFF est ensuite délimitée par le talweg menant au point N, source d’un affluent de la crique Likanaon Kiiki, puis par cet affluent et enfin par la crique Likanaon Kiiki jusqu’à sa source (point O).
W : La limite ouest suit la limite du site inscrit des abattis Cottika, du point O au point A.
Coordonnées des points mentionnés (WGS84, UTM 22 nord):
A (148463m; 445644m) - B (151527m; 446251m) - C (155002m; 441490m) - D (153882m; 440085m) - E (153283m; 438981m) - F (154460m; 437284m) - G (153019m; 436033m) - H (153751m; 434958m) - I (152083m; 433561m) - J (151308m; 432998m) - K (150752m; 429809m) - L (150064m; 429092m) - M (148755m; 428273m) - N (148258m; 428821m) - O (146971m; 430643m)