Située à une cinquantaine de kilomètres au sud de Saül, la ZNIEFF « Zone de flat de palmiers bâche de la Waki » (type II) est circonscrite par la Grande Waki, la Petite Waki et la ligne de séparation des bassins du Maroni et de l'Oyapock. L'altitude y est comprise entre 120 m et 180 m d'altitude avec quelques petits reliefs atteignant 241 m.
La zone inventoriée en 2012 se situe dans la pointe de la confluence de la Grande Waki et de la Petite Waki, dans les zones basses au relief peu marqué avec des sols peu drainant, argilo-sableux et d'origine alluviale. La largeur moyenne de la Grande Waki y est de 32 m pour une profondeur moyenne de 3 m. La géologie du site d'étude est principalement composée de gneiss et se situe à proximité d'une unité de roches volcano-sédimentaires de la série du Paramaca (ceinture de roches vertes).
Cette ZNIEFF est en majorité constituée de forêts marécageuses et de forêts drainées, ainsi que de l’ensemble des habitats liés aux cours des rivières de l’intérieur (sauts, berges, îles).
Les sauts, rochers et bancs de sable sont souvent inondés en saison des pluies et plus ou moins découverts en saison sèche. Le peuplement végétal y est spécialisé et restreint en raison de la nature du substrat, des longues phases d'immersion, du courant violent en période de hautes eaux, et des hautes températures au sol en journée de saison sèche. Les rochers des sauts et seuils rocheux sont le support d'une flore rhéophyte originale à base de Podostemaceae (6 espèces).
Les rochers nus et émergés des sauts ou des berges rocheuses hébergent dans leurs anfractuosités quelques arbustes dont l'appareil racinaire puissamment ancré permet de lutter très efficacement contre le courant en saison des pluies (Alchornea fluviatilis, Eugenia ramiflora, Myrcia tomentosa, Homalium guianense, Marlierea ferruginea). Leurs branches servent de support à diverses épiphytes
(Phlegmariurus linifolius, Aechmea egleriana, Orchidaceae) ainsi que quelques lianes (Cissus erosa). Quelques herbacées se développent dans les fissures (Oldenlandia corymbosa).
Des bancs de sable se développent souvent au bas des sauts ou dans l'aval immédiat des zones rocheuses soumises à un faible courant. Ils sont colonisés dans leurs zones immergées par des herbacées aquatiques ou amphibies (Hydrolea spinosa, Eichhornia diversifolia, Eleocharis minima, Eleocharis cf. retroflexa, Rhynchospora reptans). Les zones ensoleillées, émergées en saison sèche, peuvent rester nues ou se faire coloniser par d'autres herbacées (Ludwigia latifolia). Lorsque les bancs de sable sont suffisamment grands et forment des îles, s'installent des arbres, petits ou moyens, souvent tortueux et généralement bas (Roupala nitida, Peltogyne paniculata subsp. pubescens, Zygia latifolia var. lasiopus, Maytenus oblongata...), servant à leur tour de support à des lianes (Smilax schomburgkiana, Mucuna urens) ou des épiphytes (Orchidaceae, Microgramma persicariifolia, Microgramma percussa). Sous leur couvert s'installe une strate éparse de mousses et d'herbacées (Spermacoce hyssopifolia, Bromelia fosteriana). Certaines îles sont vastes et atteignent des surfaces de l'ordre de l'hectare. Leur hauteur dépasse le niveau du saut de plusieurs mètres. Il s'y développe alors une forêt haute de terre ferme.
Les berges marécageuses convexes et autres zones soumises à un faible courant permettent le dépôt d'alluvions argilo-sableuses et de matière organique en décomposition. Il s'y développe une végétation ouverte et basse et souvent très dense (petits arbres isolés, arbustes, lianes et plantes herbacées). L'une des espèces caractéristiques principales est le moucou-moucou (Montrichardia linifera), presque systématiquement présent autour de ces zones. On y trouve également de nombreuses lianes (Mikania congesta, Combretum rotundifolium, Cynanchum blandum), de grandes herbes (Hibiscus camopiensis sp. nov., Vigna juruana, Commelina diffusa) et arbustes (Tabernaemontana siphilitica, Croton cuneatus, Solanum monachophyllum, Cordia exaltata) et quelques arbres épars (Inga disticha, Mauritia flexuosa, Cecropia latiloba).
Le peuplement végétal des berges hautes est typique des rives concaves : les troncs des végétaux se penchent au dessus du cours d'eau à la recherche de la lumière. Certains arbres penchés au dessus de l'eau (Zygia latifolia var. lasiopus...) hébergent une flore épiphyte particulièrement riche en mousses, fougères et autres herbacées . Parmi elles se distingue une espèce nouvelle pour la Guyane : Brassavola nodosa (Orchidaceae).
Des forêts de flat sur sol hydromorphe occupent de vastes superficies. Ce milieu majoritaire dans la zone se caractérise par un sol argileux et légèrement sableux d'origine sédimentaire, dit d'éluvions continentales. Sa capacité de drainage est faible. Il est assez fertile car riche en matière organique. Rarement soumis aux crues et aux inondations, la nappe phréatique est cependant peu profonde. Le sol de ce milieu est largement criblé de djougoun-pété, cuvettes profondes de 50 cm à 1 m et larges de 1 à 2 m communiquant généralement entre elles, vestiges de chablis anciens sur sols hydromorphes. La végétation est fermée, de type forestier et comporte peu de grands arbres avec une canopée atteignant 35 m. La voûte se compose d’arbres variés et de palmiers petits à moyens, ayant la capacité de survivre sur des sols à faible capacité de drainage. Le sous-bois est généralement dense, riche en lianes et en herbacées. Des forêts marécageuses de bas-fond ou pinotières s’étendent dans les secteurs les plus inondés. Cette forêt est caractérisée par son sol très argileux engorgé en permanence, proche d'un petit cours d’eau à faible débit. L'engorgement freine la décomposition de la litière qui s'accumule. La végétation est principalement dominée par les palmiers pinots (Euterpe oleracea) accompagnés de quelques herbes géantes (Phenakospermum guianensis) ou d'espèces arborescentes souvent dotées de pneumatophores et qui atteignent 20 m. Les arbres servent de support à quelques mousses, lianes (Begonia glabra) et épiphytes. Le sous-bois clair est envahi de lianes (ex : Piper cf. foveolatum) et de grandes herbacées monocotylédones.
Enfin, le peuplement forestier de terre ferme se développe sur les quelques zones un peu plus élevées que les autres. Le sol y est drainant, profond et fertile, argilo-sableux. La pente est plus ou moins marquée et la capacité de drainage élevée. Dominée par de grands arbres de diamètre plus ou moins important : Tabebuia impetiginosa (Bignoniaceae), Crudia oblonga (Fabaceae), Protium giganteum var. crassifolium (Burseraceae), Attalea maripa (Arecaceae), Pourouma minor (Urticaceae), Hymenolobium flavum (Fabaceae) Touroulia guianensis (Quiinaceae) Parkia velutina, Dicorynia guianensis (Fabaceae), Goupia glabra (Celastraceae), Chimarrhis turbinata (Rubiaceae) et de grosses lianes qui forment une canopée fermée (35-40 m) absorbant une bonne part du rayonnement solaire et surplombée par quelques arbres dominants (40 m). Les étages intermédiaires sont relativement peu denses et peuplés de petits arbres ainsi que quelques lianes. Le sous-bois assez dégagé se compose d'arbustes et de nombreuses plantules dont un jeune palmier-bâche (Mauritia flexuosa).
Lors de l’inventaire de 2012 dans la zone du flat de palmiers bâche de la Waki, près de 400 taxons végétaux ont été répertoriés. Parmi ces plantes, une trentaine d’espèces sont déterminantes : Adiantum nudum, Polytaenium jenmanii, Anaxagorea brevipedicellata, Vanilla aff. odorata, Epidendrum cf. oldemanii, Aechmea egleriana, Roupala nitida, Alchornea fluviatilis, Ouratea occultinervis, Raputia aromatica, Spermacoce hyssopifolia, Matelea gracieae, Staurogyne trinitensis…
Au niveau ornithologique cette ZNIEFF héberge le cortège caractéristique des espèces des rivières de l’intérieur et des forêts de flat. Les nombreuses zones rocheuses semblent favoriser la présence de deux ardéidés forestiers déterminants : le Bihoreau blanc (Pilherodius pileatus) et l’Onoré fascié (Tigrisoma fasciatum). Le Caurale-soleil (Eurypyga helias) exploite aussi ce réseau hydrographique varié. Parmi les grandes espèces forestières se distinguent l’Amazone de Dufresne (Amazona dufresniana), le Hocco alector (Crax alector), la Pénélope marail (Penelope marail), l’Agami trompette (Psophia crepitans) et la Coracine chauve (Perissocephalus tricolor). Plusieurs passereaux remarquables vivent également dans ces habitats forestiers ripicoles : le Conopophage à oreilles blanches (Conopophaga aurita), l’Alapi à sourcils blancs (Myrmoborus leucophrys) et le Batara de Cayenne (Sakesphorus melanothorax).
Cette ZNIEFF abrite des populations en bon état de grands mammifères avec cinq espèces de primates dont le Saki satan (Chiropotes chiropotes). Une famille de Loutre géante (Pteronura brasiliensis) a été observée à la confluence des deux branches de la Waki.
La faune aquatique apparaît d’ailleurs particulièrement riche à la vue du peuplement ichtyologique très diversifié. Lors d’un premier inventaire, 96 espèces ont été recensées. Parmi celles-ci, 38 sont déterminantes, c'est-à dire qu’elles présentent un intérêt de part leur répartition, abondance ou rareté à l’échelle de la Guyane. En comparaison avec les autres recensements effectués dans le cadre de la modernisation des ZNIEFF, ces résultats placent cette zone au même niveau que les Abattis Cottica qui présentent la plus grande diversité observée (99 espèces dont 36 déterminantes). Il apparaît donc important de préserver cette zone comprenant de nombreuses espèces rares et peu connues telles que Tetragonopterus rarus, Thayeria ifati, Hyphessobrycon roseus, Pimelodella leptosoma, Mastiglanis cf. asopos, Creagrutus melanzonus, Ochmacanthus reinhardti, Melanocharacidium dispilomma, Aphyocharacidium melandetum, Gen. Nov. Aff. parotocinclus, Jupiaba maroniensis et Cyphocharax punctatus.
L’herpétofaune demeure peu connue sur cette ZNIEFF mais quelques espèces déterminantes y sont déjà repérées : Allobates granti, Eleutherodactylus gutturalis, Hamptophryne boliviana, Rhinella martyi.
Cet espace naturel remarquable bénéficie désormais de la protection du Parc Amazonien de Guyane.
La ZNIEFF est délimitée de la manière suivante :
N et E : Au Nord et à l’Est, la ZNIEFF suit les limites du bassin-versant de la crique Petite Waki, depuis le point de confluence entre la crique Grande Waki et la crique Petite Waki (point A) jusqu’à intersection avec un affluent en rive droite de la crique Grande Waki (point B).
S et W : Au Sud et à l’Ouest, la limite suit l’affluent de la crique Grande Waki depuis sa source (point B) jusqu’à son point de confluence avec la crique Grande Waki (point C). Ensuite, la limite longe la crique Grande Waki à une distance d’environ 200m, du point C au point A, point de confluence avec la crique Petite Waki.
Coordonnées des points mentionnés (WGS84, UTM 22 nord):
A (224475m; 352447m) - B (243515m; 338930m) - C (240928m; 334875m)