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La ZNIEFF des savanes des Terres blanches (Type 1) est localisée à moins d'une dizaine de kilomètres au sud du bourg de Sinnamary.
Les savanes de Terres Blanches se caractérisent en premier lieu par leur caractère intact. Cette situation est extrêmement rare pour les savanes en Guyane et n’est partagée qu’avec quelques autres savanes telles que les savanes Trésor ou de Nancibo, toutes enclavées dans la forêt. Concrètement cela se traduit par une absence de brulis et peu de chasse.
D’un point de vue paysager, l’absence d’incendie a un impact remarquable. La savane se caractérise par le fort développement d’arbustes formant ici et là de petits buissons ou bosquets. Dans les savanes soumises aux incendies, ces arbustes (à l’exception des espèces pyrophiles Byrsonima crassifolia et Curatella americana) disparaissent. A Terres blanches, plusieurs espèces remarquables d’arbustes marquent ainsi le paysage, ce sont notamment : Cybianthus fulvopulverulentus (Primulaceae), Ternstroemia dentata (Pentaphylacaceae) ou Tetracera asperula (Dilleniaceae).
En termes d’habitats, la savane des Terres Blanches est remarquablement diversifiée. Les sols se caractérisent par la forte présence de sables blancs, formant par endroits de vastes affleurements purs. Ce type de sol induit le développement d’une flore caractéristique écologiquement très spécialisée, caractéristique et rare. C'est dans ces formations qu’ont été découvertes deux espèces particulièrement remarquables et nouvelles pour la flore de Guyane : Lagenocarpus verticillatus (Cyperaceae) et Paepalanthus sp. (Eriocaulaceae). Notons que cette dernière espèce n’a pas pu être déterminée au rang spécifique et pourrait bien être nouvelle pour la science.
La formation végétale la plus répandue et la plus caractéristique de Terres Blanches est une savane rase à recouvrement faible, très riche en Cyperaceae, Eriocaulaceae, Xyridaceae et Lentibulariaceae et hébergeant de nombreuses espèces rares. Ici et là les arbustes prennent un développement important mais ménagent une flore diversifiée à leur pied comme le rarissime Exochogyne amazonica (Cyperaceae). On trouve également de beaux et grands bosquets comprenant de nombreux arbres caractéristiques et rares tel que Matayba opaca (Sapindaceae).
En fonction du régime hydrique se développent également plusieurs autres types d’habitats. Dans les zones les plus humides de la savane, on trouve des formations à touradons hébergeant entres autres espèces rares de belles populations de Becquerelia tuberculata (Cyperaceae). Plusieurs mares hébergent une flore intéressante avec par exemple Utricularia benjaminiana ou Websteria confervoides (= Eleocharis confervoides), espèce protégée. L’une d’elle est entourée d’une ceinture de Lagenocarpus guianensis, une Cyperaceae connue ailleurs en Guyane d’une seule collecte historique à la savane de Passoura.
De belles formations de palmiers bâches existent aussi et séparent certains blocs de savane. Ces formations hébergent là aussi une flore particulièrement intéressante avec par exemple Miconia alternans (Melastomataceae) ou Clitoria laurifolia (Fabaceae). Notons enfin que les forêts de lisière bordant l’ensemble de la savane ne sont pas dépourvues d’intérêt. On y trouve par exemple à la faveur de petites criques le petit arbre protégé Ouratea cardiosperma (Ochnaceae). Cependant, la découverte la plus significative est certainement Daphnopsis granitica (Thymelaeaceae), un arbre connu auparavant que des inselbergs des Nouragues et de la Trinité.
Concernant la faune, ces habitats abritent quelques oiseaux typiques des savanes comme l'Elénie huppée (Elaenia cristata), le râle ocellé (Micropygia schomburgkii), le Sporophile curio (Oryzoborus angolensis) et le Tangara à galons rouges (Tachyphonus phoenicius), ce dernier étant particulièrement rare et localisé en Guyane. Les habitats paraissent également favorables à des passereaux spécialistes de ce type de savanes et très rarement observés en Guyane comme le Manakin à panache doré (Neopelma chrysocephalum) ou le Manakin noir (Xenopipo atronitens). La Chouette mouchetée (Ciccaba virgata) a été observée en périphérie de la savane au sein de la forêt marécageuse.
L'herpétofaune de la savane est aussi remarquable avec la présence de belles populations des lézards Kentropyx striata et Mabuya bistriata qui profitent des lisières et des bosquets. Les zones sableuses abritent Cnemidophorus cryptus. Enfin, plusieurs mares offrent des sites de reproduction à la rare et localisée Rainette Dendropsophus gaucheri.
Signalons enfin que ces savanes sont potentiellement menacées par la proximité de la piste de la crique Toussaint et le front de développement agricole associé qui s'arrête à moins d'1 kilomètre au nord de celles-ci. Un nouveau front de développement agricole traditionnel (cultures sur abattis) se développe rapidement le long du Sinnamary.
Située sur la rive gauche du fleuve Sinnamary face à la Pointe Combi, la ZNIEFF est délimitée comme suit:
N: Au nord, elle englobe les savanes et la forêt de flat depuis le point A jusqu'au point B où la limite coupe la forêt de flat jusqu'au point C et poursuit jusqu'à son intersection avec le fleuve Sinnamary au point D. Une bande de 500m est exclue pour prendre en compte le front de développement agricole de ce secteur.
E: A l'est, elle longe la rive gauche du Sinnamary du point D à l'embouchure de la crique Saulnier (point E ) en excluant une bande de 500m.
S: La limite sud longe la rive gauche de la crique Saulnier depuis son embouchure (point E) jusqu'au point F où elle se divise en deux.
W: La limite ouest emprunte la branche nord de la crique Saulnier du point F jusqu'au point G, puis emprunte un affluent au point H et le remonte jusqu'à sa source (point H). Elle englobe les forêts de flats (point I) et rejoint alors le point A.
Coordonnées de points mentionnés (WGS84, UTM 22 nord):
A (279163m; 589576m) - B (280593m; 590007m) - C (281048m; 589994m) - D (282560m; 590365m) - E (282329m; 583027m) - F (280196m; 583221m) - G (278536m; 587260m) - H (278648m; 587936m) - I (278447m; 588638m)
