La ZNIEFF des "Montagnes de la Sparouine" est destinée à mettre en valeur les habitats remarquables présents dans cet imposant secteur de relief situé entre les bassins versants du Maroni et de la Mana. Il s'agit en effet d'un des points culminants du nord-ouest de la Guyane, avec les proches massifs de Lucifer et de Dékou-Dékou auxquels il s'apparente au niveau biogéographique.
La région des montagnes de la Sparouine est entièrement recouverte de forêt primaire et est désormais connue pour abriter nombre d'espèces originales voire endémiques à ce secteur. Les habitats concernés sont essentiellement des forêts drainées de basse et de moyenne altitude, ainsi que les éventuels habitats rocheux fréquemment liés aux terrains accidentés. Des inselbergs et savanes-roches sont également localisés au sein de cette ZNIEFF mais n'ont fait l'objet d'aucune prospection à ce jour.
L'habitat dominant est la forêt haute des hauts reliefs sur granitoïdes. Les peuplements forestiers rencontrés sont globalement bien structurés et élevés (env. 40 m de hauteur). Reposant sur un substrat de type granitoïde, ils présentent des faciès plus ou moins denses selon les modelés topographiques du paysage (pentes, crêtes, ruptures de pentes, replats). Se développe une strate arborée riche en Fabaceae avec notamment : Vouacapoua americana, Dicorynia guianensis, Swartzia polyphylla, Peltogyne venosa, Andira coriacea, Bocoa prouacensis. Au côté des Lecythidaceae (Couratari guianensis et Eschweilera alata, très abondant sur toute la zone), des Chrysobalanaceae (Licania spp.) et des Sapotaceae (Chrysophyllum spp.et Manilkara bidentata, présentant la plupart du temps des traces d’anciennes «saignées» pratiquées à l’époque de l’exploitation de la gomme de balata, la famille des Clusiaceae est bien représentée avec les espèces suivantes : Platonia insignis, Moronobea coccinea, Symphonia sp.1, Tovomita spp. (à noter la forte densité de Tovomita gazelii). Les palmiers marquent fortement le sous-bois avec notamment le patawa, Oenocarpus bataua et Attalea sp. (acaule) sur les zones de crêtes.
Dans la zone altitudinale s'étageant de 280 à 340 m, on note la présence de Elvasia macrostipularis (Ochnaceae), qui semble présenter de fortes densités dans le secteur. En sous-bois, la Violaceae Rinorea amapensis est également très abondante dans ce gradient. Sont notés, dans les zones de pente, des individus de Sagotia brachysepala (Euphorbiaceae), petit arbre de strate inférieure, pour lequel peu de localités sont recensées en Guyane actuellement. La composition floristique a également été examinée du point de vue des espèces absentes, notamment celles qui, de par leur abondance, marquent les communautés végétales sur d’autres types de substrats géologiques. De ce point de vue, on remarque la faible abondance des Burseraceae mais surtout des Vochysiaceae (notamment Qualea rosea) .Ces observations sont en accord avec les résultats de données d’inventaires forestiers mentionnant que les Vochysiaceae semblent quasi absentes des substrats sur granodiorites.
Dans les zones où s’étalent les criques qui ont pris leur source sur les hauts de pente, à une altitude supérieure à 200 m, sont implantées des forêts inondables et marécageuses. Le tracé des criques est en effet marqué par un couloir de forêts sur flat, parfois très temporairement inondées, mais au sol toujours plus ou moins asphyxiant car gorgé d’eau pendant la saison des pluies. Le peuplement arboré est marqué notamment par les espèces suivantes : Sloanea grandiflora (Elaeocarpaceae), des Fabaceae : Alexa wachenheimii, Eperua falcata, Macrolobium bifolium. Quelques petites pinotières (formations à palmier Euterpe oleracea) se rencontrent çà et là.
Des vallons encaissés se développent en bordure des criques rocheuses des secteur pentus. Les cascades et talwegs ont été peu prospectés dans cette ZNIEFF, toutefois s'y distingue une florule de rochers de bords de criques forestières composée essentiellement de fougères telles que Dracoglossum sinuatum, Bolbitis semipinnatifida ou encore de plantes herbacées et arbustes telles que Macrocentrum cristatum (Melastomataceae) et Psychotria capitata (Rubiaceae) sur les affleurements granitiques.
Plusieurs espèces végétales déterminantes, endémiques ou sub-endémiques de Guyane française sont recensées sur la zone : Tovomita gazelii (Clusiaceae), Licaria rufotomentosa (Lauraceae), Rhodostemonodaphne revolutifolia (Lauraceae), Zygia tetragona (Fabaceae), Elvasia macrostipularis (Ochnaceae).
D'autres plantes déterminantes particulièrement peu communes sont également repérées : Lindsaea sagittata (Lindsaeaceae), Couroupita guianensis (Lecythidaceae), Neea constricta (Nyctaginaceae), Unonopsis glaucopetala (Annonaceae), Licania parvifructa (Chrysobalanaceae).
La récente mission d'inventaire botanique a également permis la découverte d'un arbre inconnu pour la science du genre Swartzia (Fabaceae).
Le cortège ornithologique fréquentant ce massif est caractéristique des grandes forêts primaires préservées de l'intérieur du territoire. Ainsi les espèces déterminantes régulièrement chassées présentent sur cette montagne des populations en bon état de conservation : Hocco alector (Crax alector), Agami trompette (Psophia crepitans) et Pénélope marail (Penelope marail). Plusieurs autres espèces forestières endémiques du plateau des Guyanes sont également inventoriées : Amazone de Dufresne (Amazona dufresniana), Tamatia à gros bec (Notharchus macrorhynchos), Cotinga brun (Iodopleura fusca), Batara à gorge noire (Frederickena viridis), Tangara cyanictère (Cyanicterus cyanicterus).
Les premiers inventaires herpétologiques réalisés sur la zone mettent également en évidence la présence d'espèces d'intérêt patrimonial : Micrurus collaris, Atelopus spumarius, Hypsiboas dentei, Otophryne pyburni, Leptodactylus heyeri, Allobates granti.
Les grands mammifères semblent présenter des populations en bon état de conservation, notamment l'Atèle (Ateles paniscus) et le Tapir (Tapirus terrestris).
La capture de chiroptères a permis de révéler la présence d'un cortège d'espèces typiquement liées aux cavités rocheuses : Phyllostomus latifolius, Anoura geoffroyi, Pteronotus parnellii. Ces données sous-entendent l'existence d'abris rocheux qui constituent des habitats rares et remarquables, hébergeant des espèces très exigeantes.
Enfin le peuplement ichtyologique de ce bassin versant fait apparaître plusieurs espèces rares ou endémiques : Lithoxus stocki, Lithoxus planquettei, Rivulus holmiae, Phenacogaster wayana, Moenkhausia moisae, Krobia itanyi, Ituglanis nebulosus, Hyphessobrycon copelandi, Guianacara owroewefi, Crenicichla albopunctata, Chasmocranus brevior, Odontostilbe gracilis.
Les menaces qui pèsent sur ce massif isolé concernent essentiellement les activités liées à l'orpaillage illégal, comme la chasse et les pollutions aquatiques.
La ZNIEFF de la montagne Sparouine est délimitée comme suit:
N: Au Nord, la limite suit le cours de la crique Lilas, depuis sa source (point A) jusqu’au point de confluence avec la crique Monique, puis suit la crique Monique jusqu’à son point de confluence avec la crique Sparouine et enfin continue le long de la crique Sparouine (sur environ 2km), puis le long de l’un de ses affluents jusqu’à sa source (point B). La limite nord de la ZNIEFF se poursuit en ligne droite, du point B au point C, source d’une crique (sans nom), puis continue le long de cette crique jusqu’au point D. La limite rejoint ensuite le point E (en ligne droite), puis suit la crique (sans nom) du point E jusqu’à sa source (point F), continue par le talweg jusqu’au point G, source d’un affluent de la crique Takouba. La limite longe ensuite cet affluent jusqu'à son point de confluence avec la crique Takouba, puis suit la crique Takouba sur environ 500m jusqu’au point H, départ d’un autre affluent de la crique et enfin se termine en longeant cet affluent jusqu’au point I.
E : A l’Est, la ZNIEFF est délimitée par la limite du bassin-versant des criques Voltaire, Takouba et Sparouine, du point I jusqu’au point J, source d’un affluent de la crique Lézard.
S: La limite sud suit cet affluent de la crique Lézard du point J jusqu’à son point de confluence avec la crique, puis continue sur la crique Lézard sur environ 500m avant de poursuivre le long d’un autre affluent de la crique Lézard jusqu’à sa source (point K). La limite rejoint ensuite la courbe de niveau des 150m (point L) en suivant le talweg, puis continue le long de cette courbe de niveau jusqu’à son intersection avec la source d’un affluent de la crique Yaya (point M). La ZNIEFF est ensuite délimitée par cet affluent jusqu’au point N.
W: La limite ouest suit ensuite un deuxième affluent de la crique Yaya du point N au point O, puis traverse le talweg qui mène au point P et enfin poursuit le long de la crique Espérance jusqu’à sa source (point Q). La limite ouest de la ZNIEFF se termine en suivant le talweg situé entre les points Q et R, source de la crique Fourca, puis la crique Fourca jusqu’au point S avant de rejoindre la point A, source de la crique Lilas par le talweg.
Coordonnées des points mentionnés (WGS84, UTM 22 nord):
A (135893m; 533304m) - B (141190m; 545371m) - C (143131m; 546252m) - D (144498m; 549020m) - E (144785m; 549328m) - F (146221m; 550729m) - G (147328m; 550763m) - H (149901m; 555048m) - I (156598m; 555776m) - J (160301m; 538625m) - K (158738m; 536076m) - L (158063m; 536103m) - M (144038m; 524112m) - N (137519m; 516909m) - O (136578m; 518081m) - P (135725m; 518481m) - Q (134153m; 522584m) - R (133664m; 523090m) - S (135165m; 533438m)