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La ZNIEFF des "Polders Vidal et canal de Beauregard" (type I) est incluse dans la ZNIEFF des "Zones humides de la crique Fouillée" (type II), qui constitue une continuité écologique de zones humides et milieux aquatiques au cœur de l'Île de Cayenne.
En effet, la crique Fouillée traverse d'Ouest en Est l'Île de Cayenne, du fleuve Cayenne à l'embouchure du Mahury (au niveau du Fort Trio). Cette crique et ses zones inondées connexes (marais de Cabassou, canal et pripris de Beauregard, partie basse du Canal nord-sud) sont classées inondables dans le Plan de Prévention des Risques d'Inondation. La crique Fouillée, qui possède deux sens d'écoulement en fonction des marées et des saisons, collecte une partie des eaux pluviales des zones urbanisées, notamment via la crique Cabassou et les autres canaux de drainage. Elle joue donc un rôle de tampon vis à vis des inondations en redistribuant l'eau dans les marais adjacents.
A l'extrémité de la crique, on trouve une zone de mangrove à palétuviers blancs (Avicenia germinans), typique des embouchures des fleuves. Les palétuviers rouges Rhizophora racemosa et Rhizophora mangle sont aussi bien implantés à mesure que l’on s’éloigne du fleuve. En bordure de la mangrove, quelques patchs de forêt marécageuse à Euterpe oleracea et Symphonia globulifera persistent. En arrière de la mangrove se développe un cortège de plantes halophiles typique des marais saumâtres sub-littoraux. Il est composé d'herbacées (Typha domingensis, Eleocharis spp.), de fougères (Acrostichum aureum, Blechnum serrulatum) et de plantes aquatiques flottantes dans les zones d'eau ouverte. Des marais intérieurs herbacés à Eleocharis mutata et marais arbustifs à Montrichardia arborescens et Chrysobalanus icaco dominent la plaine inondable. Ces marais s'étendent parfois sur de vastes superficies bien conservées.
Par la présence d'habitats attractifs (mangrove, marais), cette ZNIEFF abrite un cortège d'oiseaux typiques du littoral humide : Amazone aourou (Amazona amazonica), Pic de Malherbe (Campephilus melanoleucos), Buse urubu (Buteogallus urubitinga), Ani des palétuviers (Crotophaga major), Grimpar talapiot (Dendroplex picus), Grimpar des cabosses (Xiphorhynchus guttatus), Batara huppé (Sakesphorus canadensis), Tyran audacieux (Myiodynastes maculatus) et Conirostre bicolore (Conirostrum bicolor). Outre ces espèces classiques, les mangroves et les forêts marécageuses hébergent plusieurs espèces déterminantes : Buse buson (Buteogallus aequinoctialis), Caîque à queue courte (Graydidascalus), Buse ardoisée (Leucopternis schistacea) et Toucan toco (Ramphastos toco). Les marais isolés et difficiles d'accès permettent le maintien de populations de Canard musqué (Cairina moschata) à proximité immédiate de Cayenne.
Ces marais herbacés accueillent également quelques reptiles et amphibiens peu courants comme la tortue Peltocephalus dumeriliani et l'Anaconda de Deschauense (Eunectes deschauenseei). Les pripris de Beauregard constituent seulement la troisième localité en Guyane pour cette dernière espèce. On note également la présence de deux espèces typiques des savanes humides: la Rainette Hypsiboas raniceps et le petit lézard Anolis auratus.
Chez les mammifères, les principaux enjeux de conservation concerne des espèces liées à la mangrove avec comme espèce emblématique le Cerf des palétuviers (Odocoileus cariacou).
Un inventaire ichtyologique recense des espèces correspondant à un écotone entre milieu estuarien et zone humide littorale, avec la présence de quelques genres estuariens (Anchoviella, Lycengraulis) et des espèces purement continentales (Astyanax bimaculatus, Rivulus…). L'ensemble de ces espèces est adapté à des milieux peu oxygénés (Rivulus, Erythrinus…) et ne présente aucune espèce rare ou patrimoniale. Néanmoins, ces zones humides représentent un intérêt fonctionnel puisqu'elles servent de frayères pour de nombreuses espèces lors des épisodes de hautes eaux.
Ces habitats patrimoniaux sont des milieux humides très sensibles aux pollutions d'origines anthropiques (hydrocarbures, déchets, rejets sauvages). Ils sont actuellement menacés par l'extension de l'agglomération cayennaise.
La ZNIEFF est délimitée de la manière suivante :
N : Au Nord, la limite inclut la zone humide encadrant le canal de Beauregard depuis la Matourienne (au niveau du centre pénitentiaire) jusqu’à la route N3.
E: La limite inclut la zone humide qui s’étend de la Matourienne jusqu’au canal Nord-Sud, puis continue le long de la rive gauche du Mahury, du sud du Dégrad des Cannes (port de plaisance exclu) au Fort Trio.
S: La ZNIEFF inclut la zone humide qui s'étend de la rive gauche du Mahury jusqu'au lotissement des Barbadines de Matoury. W: Des Barbadines de Matoury, la limite de la ZNIEFF remonte vers le nord en suivant toujours les limites de la zone humide et la Matourienne qu’elle recoupe seulement à deux reprises. La limite ouest se termine lorsqu’elle recoupe une dernière fois la Matourienne, au Nord du canal de la crique Fouillée, au niveau du centre pénitentiaire.
Les limites de la ZNIEFF suivent toute la zone humide décrite précédemment en excluant une bande de 50m environ en périphérie.
