La ZNIEFF de "Saut Kachiri" (type I) se situe sur la partie basse du fleuve Oyapock, à une trentaine de kilomètres au sud de Saint-Georges.
Le site de saut Kachiri se situe au cœur d'une succession de sauts débutant 6 kilomètres plus en amont (saut Montabo) et finissant 500 mètres en aval (saut Fourmi). Le fleuve forme sur ce secteur un important lacis de bras secondaires s'écoulant sur des roches saisonnièrement immergées et englobant une vingtaine d’îlets forestiers (d'une superficie allant d'une dizaine de mètres carrés à un demi hectare). Le fleuve est ensuite moins dynamique sur quelques kilomètres avant de retrouver une deuxième succession de sauts dont le site de saut Maripa fait partie.
Au niveau du saut Kachiri, le fleuve fait 900 mètres de large. Une hétérogénéité de milieux compose le lit mineur. On y retrouve des îlets forestiers, îlots à épiphytes, roches à nu ou couvertes de plantes aquatiques, bancs de sable, zones de fort courant et bras latéraux peu dynamiques. Le fonctionnement écologique de ces habitats et l'activité de la biocénose associée sont fortement liés aux fluctuations annuelles des hauteurs d'eau. Lors des fortes pluies et de la montée du niveau d'eau en régime de crue, l'ensemble du lit mineur du fleuve est immergé. Seuls les îlets forestiers peuvent rester hors d'eau.
Sans végétation, les bancs de sables en aval des sauts sont des lieux de ponte pour les tortues aquatiques protégées (Podocnemis cayennensis). Sur les premières roches immergées et entrelacées de sable, s'observe une formation végétale particulière et inféodée aux sauts des grands fleuves guyanais. Cette formation est caractérisée par un goyavier sauvage, Psidium acutangulum (Myrtaceae)), espèce déterminante répartie sur l'ensemble de la zone équatoriale de l’Amérique du sud.
Juste en aval de la passe à pirogue utilisée en saison sèche, se trouve une impressionnante barre de blocs granitiques. Cette barre, issue d'un filon d'andésite fracturé semble unique sur l'itinéraire parcouru et présente un intérêt écologique indéniable. En effet, deux gîtes de la Loutre géante d'Amazonie (Pteronura brasiliensis), mammifère aquatique intégralement protégé et déterminant, ont été observés entre les blocs. Les interstices servent aussi d'abris et de gîtes pour l'Engoulevent trifide (Hydropsalis climacocerca), pour plusieurs couples d'Hirondelles des torrents (Pygochelidon melanoleuca), ainsi que pour une colonie importante de chiroptères.
Les substrats rocheux soumis plus ou moins temporairement aux forts courants du fleuve sont les sites de prédilection des rhéophytes (plantes vivant dans les courants), appartenant à la famille des Podostemaceae. On y recense notamment la Salade Coumarou (Mourera fluviatilis) aux inflorescences violettes et aux larges feuilles spongieuses qui flétrissent progressivement lorsqu'elles se retrouvent hors d'eau durant la saison sèche. Cette plante est commune aux grands sauts des fleuves de Guyane (Mana, Approuague, Maroni ,..). Les populations s'amenuisent généralement sur les parties amont des fleuves.
D'autres Podostemaceae plus discrètes se développent sur les contours des roches aux contacts de l'eau. Le genre Apinagia est le plus fréquent, mais la taxonomie de ce groupe est en constante évolution et les collections, souvent insuffisantes, présentent de nombreuses lacunes , en particulier en Guyane .
Les îlots à Epiphytes et lisières forestières constituent un habitat remarquable. Il s'agit de roches émergées sur lesquelles une végétation bien spécifique s'est installée (essentiellement épiphytes appartenant aux familles des Araceae, Bromeliaceae, Cyclanthaceae et Orchidaceae). On y observe notamment Philodendron billietiae (Araceae) et Aechmea aquilega (Bromeliaceae). Ce cortège floristique se retrouve ensuite sur les lisières des parties forestières. Les roches de ces secteurs, ainsi que les arbres au port en «parapluies» surplombant le fleuve (Licania macrophylla, Eperua rubiginosa, Inga spp.), offrent des conditions propices au développement de ce cortège de plantes. Un secteur particulièrement riche se situe en aval du saut, entre l’îlet forestier et la barre rocheuse. Cet ensemble de roches héberge notamment Ananas comosus (espèce protégée), Anthurium jenmanii (Araceae) et Costus spiralis var. villosus (Costaceae), trois espèces que l'on trouve généralement sur les savanes-roches et inselbergs.
Les formations végétales sur îlet de terre ferme sont les plus perturbées du secteur. En effet, une habitation y est présente et son occupation permanente a conduit à une modification de la flore pour y favoriser les espèces valorisables (palmier maripa, anacardier...). Aussi, plusieurs zones ont été incendiées pour maintenir une certaine ouverture du milieu. Sur les abords du sentier piéton, de moins d'un mètre de large, on retrouve alors majoritairement des espèces pionnières et héliophiles : Selaginella cf. conduplicata, Melastomataceae, Piperaceae, Mimosa myriadenia (Fabaceae), Phenakospermum guyannense (Strelitziaceae), Attalea maripa(Aracaceae)…..
Une douzaine de végétaux déterminants est connue de cette ZNIEFF. Certaines de ces plantes semblent, en Guyane, restreintes au bassin de l'Oyapock ou sont directement liées à ces habitats rares : Ernestia rubra (Melastomataceae), Amanoa congesta (Phyllanthaceae), Froesiochloa boutelouoides (Poaceae), Ixora versteegii (Rubiaceae), Paullinia subnuda (Sapindaceae), Solanum schomburgkii (Solanaceae).
Les menaces qui concernent potentiellement les habitats de cette ZNIEFF sont le défrichage pour l'installation de carbets et la réalisation d'aménagements pour le contournement de ce saut.
La ZNIEFF du saut Kachiri est délimitée de la manière suivante :
N et W : A l’Ouest et au Nord, la limite suit la rive gauche de l’Oyapok depuis le point A jusqu’au point B, situé en aval du Saut Kachiri (îlets inclus).
E et S: A l’Est et au Sud, la ZNIEFF est délimitée par la frontière brésilienne depuis le point B jusqu’au point C, puis par une ligne droite reliant le point C au point A.
Coordonnées des points mentionnés (WGS84, UTM 22 nord):
A (390561m; 406453m) - B (396453m; 411595m) - C (390655m; 406417m)