La ZNIEFF de la Roche Touatou (type I) est située à environ 35 km au sud-ouest de Camopi et 15 km à l'ouest de l'Oyapock.
Il s'agit d'un inselberg résultant de l'affleurement de roches granitiques, culminant à 350 mètres environ et présentant des pentes douces et partiellement dénudées sur le versant sud et plus abruptes sur le versant nord. Cette vaste savane-roche permet d'atteindre un col menant au sommet recouvert par la forêt.
Les différentes formations végétales pouvant être rencontrées dans cette zone vont ainsi de la forêt haute marécageuse qui couvre les flats en contre-bas, à la forêt basse de transition d'inselberg et groupements végétaux de savane-roche sur les hauteurs, en passant par la forêt haute sempervirente de terre ferme sur les pentes.
Sur le plan biogéographique, il constitue un intermédiaire intéressant entre les savanes-roches du nord-est (piton rocheux d'Armontabo, pic du Grand Croissant, mont Chauve) et celles du sud-ouest (Roche Koutou, Tumuc-Humac).
À l'image des différents inselbergs étudiés en Guyane, la Roche Touatou possède un ensemble d'espèces saxicoles xérophiles inféodées à l'habitat "savane-roche", mais également un cortège floristique spécifique qui lui confère son originalité. Pour les bosquets isolés, les fourrés de lisière de savane-roche et la forêt basse de transition, on observe, en effet, une rareté d'espèces traditionnellement dominantes dans ces habitats, et surtout leur remplacement par d'autres espèces généralement peu fréquentes ailleurs. Citons ici Syagrus stratincola dans les forêts basses, où l'abondance de ce palmier (au point de former une forêt sommitale quasi monospécifique avec une physionomie particulière) revêt un caractère exceptionnel car il s'agit d'une espèce rare, endémique des Guyanes, et connue en quelques autres localités et en populations limitées. Notons encore que la physionomie du sous-bois de la forêt basse est marquée par l'abondance exceptionnelle des populations d'ananas sauvages (Ananas ananassoides), ce qui confère à cette ZNIEFF un rôle de réservoir génétique pour cette espèce ayant une valeur économique importante.
Au total, une trentaine d'espèces végétales déterminantes sont connues du site. Parmi celles-ci une espèce est protégée, Calathea squarrosa (Marantaceae) et plusieurs sont endémiques du département ou particulièrement rares en Guyane française : Xanthosoma acutum (Araceae), Ipomoea leprieurii (Convolvulaceae), Rhynchospora dentinux (Cyperaceae), Nautilocalyx kohlerioides (Gesneriaceae), Paradrymonia maculata (Gesneriaceae), Monotagma vaginatum (Marantaceae), Guarea michel-moddei (Meliaceae), Triphora amazonica (Orchidaceae).
La Poaceae Lasiacis anomala n'est connue en Guyane française que d'une seule récolte decette localité. La Roche Touatou est la localité type de Pitcairnia cremersii (Bromeliaceae), espèce endémique du centre-est de la Guyane qui forme de grands peuplements sur les savanes-roche.
Enfin, Varronia cremersii (Boraginaceae) est un arbuste de la savane-roche, endémique de Guyane et connu à ce jour uniquement de la Roche Touatou (localité type).
Concernant la faune, peu de choses sont jusqu'à présent connues de cette zone et l'inventaire reste à faire dans la plupart des groupes taxonomiques. Les grands mammifères sont probablement bien représentés dans ce secteur éloigné. Le Tapir (Tapirus terrestris) et l'Atèle (Ateles paniscus) sont cités du secteur. Quelques espèces de chiroptères cavernicoles sont inventoriées sur le site : Anoura geoffroyi et Lionycteris spurelli. Au niveau herpétologique, les secteurs rocheux hébergent le cortège classique des espèces déterminantes des savanes-roches du sud du département : Leptodactylus myersi, Leptodactylus longirostris, Hypsiboas crepitans. Enfin les oiseaux constituent le groupe le mieux étudié avec notamment la présence avérée d'espèces caractéristiques des inselbergs comme le Bruant chingolo (Zonotrichia capensis) et le Sporophile curio (Oryzoborus angolensis).
L'inselberg de la Roche Touatou constitue donc un véritable système insulaire, refuge d'espèces présentes sous la forme de populations isolées et relictuelles. Cette particularité présente un intérêt scientifique très important. La région constitue en effet un véritable laboratoire pour comprendre l'histoire des forêts en offrant l'opportunité d'aborder plusieurs questions fondamentales concernant l'évolution des espèces et des milieux.
Cet espace naturel remarquable bénéficie désormais de la protection du Parc Amazonien de Guyane.
La ZNIEFF encerclant les reliefs de roche Touatou est délimitée par les affluents de la crique Touatou, à savoir:
N: la limite nord est matérialisée par la limite de bassin versant, entre les points A et B.
E: A l'est, la limite longe la rive droite d'une crique depuis le point B jusqu'à sa confluence au point C.
S: l'extrême sud est marqué par la rive gauche d'un affluent de la crique Touatou, entre les points C et D.
W: l'ouest de la ZNIEFF est délimitée par la rive gauche du cours d'eau entre les points D et E, emprunte un affluent à l'ouest jusqu'à sa source au point A.
Coordonnées des points mentionnés (WGS84, UTM 22 nord):
A 324479m; 328964m) - B (330356m; 327731m) - C (329578m; 324681m) - D (328250m; 324683m) - E (326400m; 326989m)