La ZNIEFF du Mont Grand Matoury et de Petit Cayenne (type II) se situe à 8 km au sud de Cayenne. Elle inclut six ZNIEFF de type I qui focalisent sur les habitats remarquables du secteur.
Cette grande ZNIEFF comporte ainsi une large gamme d'habitats, depuis les mangroves, pripris et savanes jusqu'aux forêts marécageuses et forêts sur cuirasse.
Depuis l'Amazone jusqu'à l'Orénoque, le Mont Grand Matoury constitue le morne littoral le plus élevé avec une altitude de 234 m au sommet. Il forme avec les collines avoisinantes de l'Ile de Cayenne et de Kourou les premiers reliefs témoins du bouclier continental et s'inscrit dans la chaîne septentrionale de Guyane (Montagne de Kaw, Montagne Tortue, Montagne des Chevaux).
L'ensemble des cuirasses latéritiques, disposées en terrasses sur un substrat de roches antécambriennes, atteste de l'histoire géologique de la région. Des correspondances tectoniques sont mises en évidence avec des zones situées en Afrique de l'ouest.
Plusieurs sources importantes et permanentes ont été recensées sur le Massif du Grand Matoury. Par analogie avec le massif du Mahury, les géologues pensent que ce massif recèle aussi d'abondantes réserves d'eaux souterraines renouvelables.
Sur le sommet du relief, on trouve un secteur de forêt primaire, unique dans l'Île de Cayenne. Il est occupé par une très belle futaie, élevée, à la voûte jointive, au sous-bois relativement dégagé et bien structuré. Parmi les grands arbres, on trouve Geissospermum sp. (Maria-congo) et Platonia insignis (Parcouri) ainsi que Carapa guianensis. Le sous-bois, dans la strate de 2 à 10 m est dominé par un petit arbre très abondant ici : Paypayrola guianensis. Un palmier de taille moyenne, généralement très localisé, apparaît ici où il forme une petite population en bordure sommitale : Syagrus inajai.
Entre 160 et 200 m d'altitude, la formation forestière correspond à une forêt basse ou moyenne, humide de haut de pente et bord de plateau. Cette zone est soumise à un microclimat plus humide : c'est en effet à ce niveau que stagnent préférentiellement les nuages et les brouillards pendant les jours de grande pluie. Aussi, cette forêt rappelle-t-elle, sous certains aspects les forêts submontagnardes des massifs tabulaires du centre de la Guyane, bien que l'on ne trouve pas ici de fougères arborescentes ni d'épais manchons de mousses sur les troncs et les branches. Celles-ci sont cependant relativement abondantes par endroits. Parmi les arbres les plus élevés, on note Carapa guianensis, Geissospermum sp., Sloanea grandiflora et surtout beaucoup de palmiers : Socratea exorrhiza, Attalea maripa et en moindre abondance, Oenocarpus bacaba. La présence d’Astrocaryum murumuru, palmier normalement inféodée aux forêts marécageuses sur alluvions côtières, est très surprenante. Il en est de même de Sloaena grandiflora qui est aussi une espèce des bas-fonds. L'existence de ces deux plantes en forêt sommitale laisse supposer qu'il existe des zones de sols hydromorphes sur le plateau en raison de l'imperméabilité de la cuirasse sous-jacente. De manière plus extraordinaire, les botanistes ont découvert Astrocaryum minus, palmier extrêmement rare au niveau mondial et seulement connu de trois localités en Guyane.
A cette altitude, on trouve également des zones de végétation secondaire basse, probablement défrichées relativement récemment. Deux d'entre elles sont particulièrement étendues. La végétation, très dense, héliophile formée essentiellement de plantes herbacées, d'arbustes et de lianes grêles, dépasse rarement 2 à 5 m de haut. Quelques arbres et de nombreux palmiers, épargnés lors du défrichement, émergent çà et là.
Plus bas sur les pentes (entre 60 et 160 m), on rencontre la forêt basse sèche à lianes et à épiphytes sur cuirasse latéritique de pente, une formation à tendance xérophile, certainement la plus originale du massif. C'est une forêt basse et broussailleuse formée de petits arbres au port souvent buissonnant, enchevêtrés de nombreuses lianes, l'affleurement de la cuirasse ne permettant pas à de grands arbres de s'enraciner. Le sous-bois est relativement lumineux et de nombreux épiphytes bas y prolifèrent, en particulier les Aracées et des Broméliacées. Cette formation n'est pas sans rappeler, par sa physionomie et parfois par sa flore, la forêt basse de transition que l'on trouve sur les inselbergs granitiques de l'intérieur.
A la base du Mont, c'est une végétation secondaire manifestement perturbée par les actions anthropiques qui prédomine. Elle présente une alternance de zones de forêt basse à mi-haute, de zones de lianes, et de tâches de végétation broussailleuse, héliophile, avec quelques arbres émergents.
Le Mont Grand Matoury recèle des espèces végétales fort rares comme Coussarea hallei (Rubiaceae), endémique du nord-est de la Guyane française. D'autres espèces méritent une attention particulière, comme Xanthosoma acutum (Araceae), Passiflora cerasina (Passifloraceae) ou Raddiella vanessiae (Poaceae).
Du point de vue faunistique, l'avifaune du Mont Grand Matoury est particulièrement variée. Le peuplement de sa partie haute évoque celui de la forêt primaire de l'intérieur avec son cortège de fourmiliers, grimpars et moucherolles caractéristiques. Notons également que le Faucon orangé (Falco deiroleucus) y a été observé, une des rares citations sur les marges littorales de cette espèce forestière.
Chez les batraciens, il faut retenir au sein d'un peuplement très riche, la présence d'une belle population d'Atelopus flavescens (espèce déterminante, localité-type) et, beaucoup plus surprenant à cette distance des reliefs intérieurs, de la Microhylidae Otophryne pyburni. Récemment, la petite grenouille de verre Hyalinobatrachium kawense, endémique de Guyane, y a été découverte. Ces trois espèces sont liées aux petites criques d'eau vive pour leur reproduction et leur présence signifie bien que le Mont Grand Matoury représente un prolongement extrême du bouclier guyanais.
Le secteur de plaine humide du Petit Cayenne et de la savane Cavalet correspond à un dédale de savanes inondables et de criques bordées de mangroves et de forêts marécageuses au pied du Mont Grand Matoury. Il regroupe l'ensemble des milieux forestiers et des zones humides non perturbées qui forment la continuité écologique entre la forêt du Mont Grand Matoury et le grand massif forestier de terre ferme de l'intérieur.
La zone est essentiellement constituée d’un ensemble de savanes plus ou moins inondables, principalement herbacées et dominées par des Cypéracées (Rhynchospora curvula, Scleria cyperina) mais aussi différentes poacées (Echinolaena inflexa, Panicum spp.) et Blechnum serrulatum. Certains secteurs sont plus arbustifs, principalement peuplés de Malpighiacées (Byrsonima spp.) et de Chrysobalanacées (Chrysobalanus icaco ou Hirtella paniculata). Les îlots forestiers et forêts sont quant à eux caractérisés par une forte abondance de palmiers, dominés par des espèces arborescentes de sols hydromorphes (Symphonia globulifera, Virola surinamensis).
Concernant la faune, ce secteur abrite un grand nombre de poissons remarquables caractéristiques des estuaires et souvent endémiques de Guyane. Chez les oiseaux, on note la présence d'espèces de marais comme le Héron cocoi (Ardea cocoi) ou le canard musqué (Cairina moschata) et de forêt marécageuse d'affinité amazonienne comme le Caïque à queue courte (Graydidascalus brachyurus).
Enfin, le secteur est encore fréquenté abondamment par le Tapir (Tapirus terrestris), le grand tamanoir (Myrmecophaga tridactyla) et le Singe hurleur (Alouatta maconnelli), ce qui est remarquable pour une zone aussi proche de l'agglomération de Cayenne. Ce secteur constitue également l‘un des derniers sites « côtiers » fréquenté régulièrement par les pécaris à lèvre blanche.
Cette ZNIEFF constitue par sa biodiversité la plus riche et la plus singulière colline boisée et zone humide de l'Île de Cayenne. Outre l'intérêt patrimonial que recèle cette ZNIEFF, le Mont Grand Matoury présente également un intérêt historique. En effet, de par sa proximité avec Cayenne, la forêt du Matoury fut prospectée en priorité par les premiers naturalistes venus explorer la Guyane aux 17è et 18è siècles. Ainsi, de nombreuses formes végétales et animales ont été décrites au regard de la science à partir d'échantillons ou de spécimens originaires de Matoury. Ce site forme dès lors la " localité-type " de nombreuses espèces vivantes, en particulier les plantes.
Le Mont Grand Matoury est d'ailleurs devenu un des lieux de promenade les plus fréquentés des habitants de l'Île de Cayenne. Il présente également un attrait touristique important car c'est sur ce Mont que les touristes viennent s'immerger pour la première fois dans la forêt tropicale.
En 1995, un relais hertzien a été installé par l'armée au sommet du Mont et une piste a été ouverte pour accéder à ce pylône.
Une partie de la ZNIEFF est devenue une Réserve Naturelle Nationale depuis 2006.
La ZNIEFF est limitée de la manière suivante :
N: La limite nord débute sur la rive gauche de la rivière Montsinéry, à son intersection avec la crique Coco (ou crique Fontaine). Elle suit cette rive jusqu'à la ligne haute tension puis traverse la rivière le long de cette ligne. Elle suit cette ligne jusqu'au point A en englobant la mangrove.
E: Le zonage exclut le quartier de la Chaumière et les forêts dégradées qui le borde au nord (par les points A, B, C, D et E). La limite exclut ensuite les zones urbanisées qui bordent la Réserve du Mont Grand Matoury (Allée d'Entre -Deux coteaux et Cotonnière ouest) pour rejoindre la RN au point F, contourne le site du PROGT, recoupe le sentier du mont Grand Matoury au point G puis suis la courbe de niveau des 10m jusqu'à la Piste Concorde (point H à I). Puis elle exclut les bassins de pisciculture à l'est de la crique Concorde, englobe cette dernière en longeant sa rive gauche du point J en direction de l'aval jusqu'au point K puis remonte le cours d'eau par sa rive droite jusqu'à la limite de réserve au point L. La limite continue alors plein est jusqu'à la rive gauche de la rivière du Tour de l'Île (point M) qu'elle va suivre jusqu'au point N. Le zonage englobe alors les savanes du Galion en longeant la RN2 du point O à l'intersection avec la D5 (carrefour du Galion).
S: la limite longe les zones habités de la D5 du point O à P où elle traverse la rivière des Cascades et au point R où elle rejoint le rive droite de la rivière de Tonnégrande. Le zonage contourne alors toute la zone dégradée de Tonnégrande en longeant la Tonnégrande puis les zones dégradées qui longent la D12.
W: Le contour longe à nouveau les zones dégradées de la D5 pour rejoindre la crique Maripa (point S) et la remonte jusqu'à sa rencontre avec la crique Coco (ou crique Fontaine) puis la Montsinéry.
Coordonnées des points mentionnés (WGS84, UTM 22 nord):
A (349129m; 541116m) - B (347211m; 539386m) - C (347312m; 538482m) - D (348363m; 538008m) - E (349497m; 539379m) - F (351680m; 539329m) - G (351283m; 537759m) - H (350072m; 535450m) - I (350110m; 535074m) - J (349123m; 534918m) - K (349676m; 534486m) - L (348949m; 534848m) - M (347336m; 534534m) - N (346598m; 531345m) - O (345498m; 529857m) - P (342397m; 528884m) - Q (338815m; 530141m) - R (336713m; 532403m) - S (332407m; 535458m)