ZNIEFF 030120009
Côtes rocheuses et Monts littoraux de l'Île de Cayenne

(n° regional: 00070000)

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La ZNIEFF des Côtes rocheuses et Monts littoraux de l'Île de Cayenne (Type II) est une ZNIEFF éclatée en plusieurs sous-ensembles. Chaque sous-ensemble correspond à une colline rocheuse littorale qui constitue une entité géomorphologique exceptionnelle au niveau du Plateau des Guyanes. Cet ensemble, constitué par les collines de Montabo, du Mont Bourda, de Montravel et le Mont Mahury, témoigne de l'avancée jusqu'au littoral du socle précambrien, qui confère aux rivages guyanais leur particularité dans la région nord-est du continent sud-américain. Il offre notamment des côtes rocheuses et des paysages forestiers collinaires originaux en front d'océan. C'est un élément prépondérant dans la structuration paysagère de l'Île de Cayenne dont l'intérêt remarquable tient également des panoramas qu'elle offre. D'un point de vue géologique, ce relief est constitué de roches cristallines et métamorphiques.

Le Mont Mahury est la plus imposante des quatre collines. Au même titre que le Mont Grand Matoury, cette montagne confère un attrait particulier à la Guyane de par son avancée jusqu'à la mer. Il constitue les premiers reliefs du bouclier continental parmi les plus imposants, avec un point culminant à 162 m. Le Mont Bourda culmine à 106 mètres et présente de fortes pentes (supérieures à 40%), avec une déclivité vers l'océan du côté des versants nord et nord-est, et vers les secteurs urbanisés pour les autres. Les collines de Montabo et Montravel sont de tailles modestes et ne dépassent pas 90 et 50 m d'altitude respectivement.

Le Mont Mahury est composé d'une couronne de petites collines hautes, en moyenne de 100 à 150 m d'altitude déterminant un sommet tabulaire sur lequel on trouve des petits lacs artificiels (Lac Rorota, Lac Lalouette, Lac de Rémire). Revêtue d'une couverture forestière luxuriante, ce morne permet d'apprécier un paysage d'une rare qualité en pleine zone urbaine. Sur l'ensemble du massif, on trouve une forêt secondaire très âgée. Une ancienne déforestation a sans aucun doute entraîné un appauvrissement de la flore, mais sa composition actuelle reste riche et complexe, et des essences de forêt primaire peuvent même encore s'y retrouver. Le maintien de cette forêt tropicale sempervirente, relativement haute et riche en espèces, en situation originale de front de mer, confère au milieu un caractère patrimonial.

Deux types de formations végétales prédominent : une forêt haute de terre ferme riche en espèces et une forêt basse sur cuirasse latéritique de plateau. Le terrain particulièrement accidenté, ses nombreuses sources et cours d'eau ainsi que son exposition aux vents et aux pluies ont favorisé une flore spécifique à chaque microclimat.

Parmi les espèces végétales déterminantes les plus remarquables recensées à ce jour, on peut signaler Pachystachys coccinea (Acanthaceae), reconnaissable à ses belles inflorescences rouges, Aristolochia leprieurii (Aristolochiaceae) et la fougère Thelypteris tetragona (Thelypteridaceae) qui, bien que répandue en Amérique tropicale, est rare en Guyane et limitée à 2 localités de l’Ile de Cayenne en l’état des connaissances Mont Mahury et Mont Grand Matoury) . Najas wrightiana (Najadaceae) est une plante aquatique collectée dans un des petits lacs de rétention du Rorota, qui serait l'unique site sur le Plateau des Guyanes, mais cette espèce a peut-être été introduite dans le passé. . Enfin, Guazuma ulmifolia (Sterculiaceae) existe dans les trois Guyanes mais reste une espèce assez rare en Guyane.

D'un point de vue avifaunistique, le Mont Mahury, au même titre que les autres monts de l'Île de Cayenne, constitue un lieu de transit et d'hivernage pour des passereaux migrateurs d'Amérique du Nord comme le Tangara Vermillon (Piranga rubra). Signalons que le lac du Rorota est un des rares sites en Guyane où l'on peut observer le Grèbe minime (Tachybaptus minimus) nicheur.

Parmi l'herpétofaune, il faut retenir la présence sur les lacs d'une espèce peu commune de grenouille purement aquatique, Pipa pipa. On note aussi la présence d'espèces typiques des milieux littoraux comme le Boa Epicrates maurus ou le lézard Mabuya bistriata.

L'entomofaune présente également des espèces qui n'ont été récoltées que sur le Mont Mahury : le papillon Doxocarpa agathina et le longicorne Recchia hirtocornis.

Enfin, pour démontrer encore l'intégrité écologique de ce site, notons que quatre espèces de Primates se maintiennent sur ce massif, dont le Capucin blanc (Cebus Olivaceus) et le Singe hurleur (Alouatta macconnelli).

Le Mont Mahury bénéficie d'un Arrêté préfectoral de Protection de Biotope. Il est cependant très menacé par l'urbanisation croissante et l'implantation d'abattis illégaux sur les pourtours du massif.

Occupé pendant l'époque précolombienne, cette montagne est un site archéologique de valeur sur laquelle des gravures rupestres amérindiennes et des poteries ont été découverts.

Avec le Mont Grand Matoury, ce site est un des lieux de promenade les plus fréquentés de l'île de Cayenne. Sa proximité de la zone urbaine, la facilité d'observation de sa faune (en particulier du Paresseux à trois doigts) et ses vestiges archéologiques en font un site privilégié pour toute approche pédagogique de la nature et de la culture guyanaises.

La colline de Montravel correspond à un petit massif culminant à 49 mètres, situé en bordure d'océan, à l'est de l'agglomération de Montjoly.

Sa façade maritime porte les seuls groupements végétaux sur rochers de bord de mer en Guyane, avec la Colline de Montabo, le Mont Bourda et les îlets de Rémire. Les avancées rocheuses sont couvertes partiellement d'une végétation saxicole dont la physionomie est marquée par l’abondance de Philodendron acutatum (Araceae) et Furcraea foetida (Asparagaceae) qui est une espèce déterminante et protégée.

Le massif forestier correspond à une vieille forêt secondaire qui présente toutefois un intérêt floristique. Les arbres appartiennent à de nombreuses familles, tout particulièrement les Sapotacées, les Lecythidacées comme l’ « arbre à boulets de canon » (Couroupita guianensis) qui est une espèce déterminante , les Clusiacées, les Chrysobalanacées et les Lauracées. De grands arbres comme Hymenaea courbaril peuvent atteindre des tailles remarquables et des diamètres de fût importants. Le sous-bois est également riche avec des familles caractéristiques de ce milieu, Melastomacées, Rubiacées, Violacées, Myrtacées et des lianes qui vont s'épanouir dans la voûte ainsi que des épiphytes : Orchidacées, Broméliacées et Ptéridophytes. A cette complexité floristique s'ajoutent des variations de faciès selon la topographie, l'exposition aux vents et les stades de régénérations forestières.

Le maintien de cette forêt tropicale sempervirente, relativement haute et riche en espèces, en situation originale de front de mer, confère au milieu un caractère patrimonial qui se révèle, avec notamment l'habitat de forêt littorale sur rochers à Coussapoa asperifolia, Ficus amazonica (Moraceae) et Spondias mombin (Anacardiaceae).

Bien que de taille modeste, ce mont offre une variété d'habitats qui entretient une faune d'autant plus riche qu'il existe des échanges avec les milieux voisins : notamment pour la faune marine fréquentant les côtes rocheuses tels que le Lamentin (Trichechus manatus), la Tortue verte (Chelonia mydas) et également la Sotalie (Sotalia guianensis) que l'on peut observer à quelques mètres du rivage.

Il faut souligner le rôle joué pour l'accueil des oiseaux migrateurs nord-américains, les limicoles trouvant sur les rochers des reposoirs à marée haute et les passereaux un milieu forestier sur leur route littorale.

Avec la Colline de Montabo et le Mont Bourda, ce relief constitue un espace forestier de première importance dans le tissu urbain en continuelle extension et densification. Signalons encore l'existence de polissoirs amérindiens sur les roches au sud du Mont, qui confère au site un intérêt également archéologique.

Certains terrains appartiennent au Conseil Général, dont une partie fait l'objet d'aménagements récréatifs ouverts au public.

La colline de Bourda est située à l'est de la ville de Cayenne.

Le massif forestier d'une trentaine d'hectares qui recouvre cette colline, est constitué d'une vieille forêt secondaire dont l'origine remonte aux déboisements du XVIIIème et début XIXème siècle. Cette ancienne déforestation a sans aucun doute entraîné un appauvrissement de la flore, mais sa composition actuelle reste riche et complexe, et des essences de forêt primaire peuvent même encore s'y retrouver.

On y trouve une forêt assez haute de terre ferme, qui présente cependant des variations de faciès selon la topographie, l'exposition aux vents et les stades de régénérations forestières. Ainsi, les versants abrités et les moins pentus présentent encore des arbres de grand diamètre, au fût élancé et un sous-bois assez clair. Par contre, les versants les plus exposés, en front d'océan, correspondant également aux pentes les plus fortes, montrent un boisement de voûte moins élevée, avec des arbres de plus faible diamètre, et un sous-bois beaucoup plus encombré. Les secteurs les plus perturbés sont riches en lianes. Ponctuellement, la face nord du mont, la plus exposée aux vents dominants, est couverte de petites cambrouzes à graminées, monospécifiques et extrêmement denses. Parmi les espèces forestières les plus remarquables, il convient de mentionner le champignon Entoloma luteosplendidum (Agaricales), nouveau pour la Science et récemment décrit du mont Bourda, connu d’une seule autre localité en Guyane (piste du Saut Léodate)

Sur le pourtour du massif, en bord de mer, une végétation saxicole de rochers assure une transition broussailleuse avec la forêt. Sa façade maritime porte en effet les seuls groupements végétaux sur rochers de bord de mer en Guyane, avec les collines de Montravel, de Montabo et les îlets de Rémire. De nombreuses espèces herbacées sont installées dans les fissures et anfractuosités. La physionomie de cette formation est marquée par la liane rampante Philodendron acutatum qui recouvre également les arbustes et Furcraea foetida aux énormes rosettes de feuilles dressées, épineuses et charnues.

S'il n'existe pas d'espèces endémiques recensées, il faut noter néanmoins la présence de plusieurs espèces remarquables : Cornutia pubescens (Lamiaceae) est un arbuste rupicole aux longues inflorescences lilas en grappes dressées, qui n'est connu par ailleurs en Guyane (et dans le monde !) que de la Colline de Montabo voisine. On peut noter également Guettarda argentea (Rubiaceae) qui n'est certes pas une espèce rare mais dont la plupart des échantillons connus en Guyane ont été récoltés sur les collines de l’Ile de Cayenne et les inselbergs de l’intérieur.

Bien que de taille modeste, ce mont offre une variété d'habitats qui entretient une faune d'autant plus riche qu'il existe des échanges avec les milieux voisins : notamment pour la faune marine fréquentant les côtes rocheuses tels que le Lamentin (Trichechus manatus) et la Tortue verte (Chelonia mydas).

D'une manière générale, la variété d'habitats permet au site de présenter une avifaune relativement diversifiée avec une centaine d'espèces répertoriées dont la Buse buson (Buteo aequinoctialis), rapace endémique des côtes du Plateau des Guyanes. Toutefois, le massif forestier en lui-même se révèle relativement pauvre : la disparition de la continuité forestière entre les différents monts de l'Île de Cayenne, a entrainé une perte de richesse dans le peuplement. Ce massif joue un rôle également dans le maintien et la diffusion d'une avifaune en milieu urbain, augmentant la richesse des espèces susceptibles d'être observées sur l'Île de Cayenne.

Le Mont Bourda a fait l'objet d'une acquisition par le Conservatoire du Littoral qui y réalise des aménagements pour l'accueil du public.

La colline de Montabo est un petit massif culminant à 85 mètres et d'environ 120 ha, situé en bordure d'océan, à l'est en sortie du centre ville de Cayenne. Ce sous ensemble de la ZNIEFF intègre dans sa limite nord les 3 Ilets Dupont. Sa façade maritime porte les seuls groupements végétaux sur rochers de bord de mer en Guyane, avec Montravel, Bourda et les îlets de Rémire. Les avancées rocheuses sont couvertes partiellement d'une végétation saxicole dont la physionomie est marquée par Philodendron acutatum et Furcraea foetida.

Comme pour les autres monts, le massif forestier correspond à une vieille forêt secondaire qui présente toutefois un intérêt floristique, notamment avec l'habitat de forêt littorale sur rochers à Coussapoa asperifolia, Ficus amazonica (Moraceae) et Spondias mombin (Anacardiaceae). S'il n'existe pas d'espèces endémiques recensées, il faut noter néanmoins la présence de plusieurs espèces remarquables : Cornutia pubescens est un arbuste rupicole aux longues inflorescences lilas en grappes dressées, qui n'est connu par ailleurs en Guyane (et dans le monde) que du Mont Bourda voisin. On peut noter également le "raisin de mer", Coccoloba uvifera (Polygonaceae) , espèce déterminante répandue sur les rivages néotropicaux mais très rare en Guyane où elle n’est connue que de Cayenne, Kourou et Montjoly. Enfin, Palmorchis pabstii est une orchidée connue du massif forestier intérieur et retrouvée de manière surprenante et remarquable sur cette colline de Montabo.

Bien que de taille modeste, ce mont offre une variété d'habitats qui entretient une faune d'autant plus riche qu'il existe des échanges avec les milieux voisins : notamment pour la faune marine fréquentant les côtes rocheuses tels que le Lamentin (Trichechus manatus) et la Tortue verte (Chelonia mydas).

Il faut souligner le rôle joué pour l'accueil des oiseaux migrateurs ou hivernants nord-américains, les limicoles comme le Bécasseau semipalmé (Calidris pusilla) trouvant sur les rochers des reposoirs à marée haute, et les passereaux, comme le Tangara vermillon (Piranga rubra), un milieu forestier sur leur route littorale. Les îlets Dupont intégrés à la ZNIEFF accueillent un dortoir à l'année de Héron garde-boeuf (Bubulcus ibis), Grande Aigrette (Egretta alba), Aigrette neigeuse (Egretta thula), Aigrette tricolore (Egretta tricolor) et Aigrette bleue (Egretta caerulea). En période de reproduction, environ 300 de ces petites aigrettes et une centaine de Héron garde-boeuf nidifient sur deux des trois îlets Dupont.

Avec le Mont Bourda et Montravel, cette colline constitue un espace forestier de première importance dans le tissu urbain en continuelle extension et densification. Il faut noter l'existence de deux routes qui mènent au plateau sommital de la colline, ce dernier ayant été urbanisé et recevant des installations radar du Centre Spatial. Une grande partie de la colline reste cependant inaccessible en raison de son inscription dans l'enceinte forestière de l'ONF, du niveau de sécurité maintenu sur le site du CSG et de son versant abrupt en front de mer. Enfin, une partie de la colline de Montabo appartient au Conservatoire du Littoral qui y réalise des aménagements pour l'accueil du public.

Comments on the delimitation

La ZNIEFF est composée de 4 entités qui se répartissent sur la côte de l'île de Cayenne. Du nord-ouest au sud-est, ces entités sont définies comme suit:

Au nord, la colline de Montabo est limitée de la manière suivante :

N: La limite suit le rivage en limite des plus basses eaux depuis la limite ouest jusqu'à la limite est de la forêt. Puis elle suit une ligne bordant les îlots rocheux les plus externes (incluant les îlets Dupont par le niveau des plus basses eaux).

E: La limite de la ZNIEFF relie les rivages extérieurs des îlets Dupont et des rochers émergents au sud pour regagner la côte au niveau du lieu-dit Montjoyeux à l'extrémité nord-ouest de l'Anse de Montabo.

S: La limite sud englobe le bloc forestier du Mont Montabo à la lisière avec la zone urbanisée résidentielle de la cité Grant. Les sites de l'ONF et du CSG sont inclus.

W: La route départementale 1 (ou route de Montabo) et le site de l'IRD constituent la limite ouest du zonage.

A environ 1200m au sud-est, la colline de Bourda est délimitée ainsi :

N: La limite nord longe la côte rocheuse en englobant les émergences rocheuses.

E: La limite est longe la côte rocheuse en englobant les émergences rocheuses.

S: Au sud, la limite rejoint la côte rocheuse au bout de la plage dite "Anse de Bourda", longe les zones résidentielles jusqu'au châlet du Préfet en les excluant (route de Bourda) puis le bloc forestier du Mont.

W: A l'est, les zones urbanisées des quartiers des Cigales et de Pacheco et la plage de Zéphyr marquent la limite avec le bloc forestier du mont Bourda inclut dans la ZNIEFF.

Située à Rémire-Montjoly, à 3,300km au sud-est, la colline de Montravel est définie comme suit :

N: Le zonage suit la côte rocheuse, au niveau de la ligne des plus basses eaux.

E: Le zonage suit la côte rocheuse, au niveau de la ligne des plus basses eaux.

S: Le zonage s'étend en ligne droite de la côte rocheuse jusqu'à l'affleurement rocheux émergent, le contourne puis rejoint la côte au niveau de la plage du Montravel.

W: La limite longe la plage et les zones résidentielles de Montravel en les excluant.

Enfin, l'entité la plus au sud est le mont Mahury qui est limitée par la courbe de niveau de 50m (scan25).