ZNIEFF 030120057
Sommet Tabulaire

(n° régional : 00430003)

Commentaires généraux

Cette ZNIEFF de type I du Sommet Tabulaire s'inscrit au sein de la vaste zone des Massifs Centraux de la Guyane (ZNIEFF de type II) appartenant à la chaîne Inini-Camopi, massif sur roches basiques formé des plus hauts sommets de Guyane.

Le Sommet Tabulaire, également nommé mont Itoupé, se présente en fait sous la forme d’une succession de crêtes et d’un vaste plateau culminant à 830 m, entaillés par des têtes de criques et de vallées. Comme la plupart des reliefs tabulaires de Guyane, celui-ci possède une cuirasse latéritique de faible épaisseur sur son sommet, mais en partie démantelée, reposant sur un socle de roches basiques (gabbros).

Secteur particulièrement reculé et inaccessible, cet imposant massif a fait l'objet d'une mission pluridisciplinaire d'importance conduite en 2010 par le Parc Amazonien de Guyane, la seule autre mission d’inventaire floristique remontant à 1980.

La forêt qui recouvre les versants fait partie des formations forestières les plus majestueuses que l'on puisse observer en Guyane. Ce type de forêt contraste avec celle se rencontrant sur les plateaux et le haut des pentes (plus abruptes à partir de 500 m.) où apparaît la forêt à nuages, en particulier sur les versants sous le vent. Cette dernière est une forêt basse, riche en lianes avec une prolifération de mousses et d'épiphytes, trait caractéristique de la végétation submontagnarde. Les palmiers ne présentent qu'une faible diversité, mais on remarque tout particulièrement Geonoma umbraculiformis et Geonoma euspatha étroitement liés à cet habitat submontagnard. Si la flore reste assez comparable à celle connue sur les autres massifs tabulaires élevés de Guyane, il faut toutefois noter la profusion de fougères arborescentes, exceptionnelle pour la Guyane, avec, notamment, Alsophila cuspidata et Cyathea oblonga, ainsi que les 2 espèces déterminantes Cyathea lasiosora et Cyathea marginalis qui sont typiquement liées à ces forêts d'altitude.

En dessous de 300 m, au pied du Sommet Tabulaire, la forêt haute fait place à une formation d'aspect plus classique dans les zones marécageuses et sur les éboulis. On y remarque aussi l'existence de vastes cambrouses à bambous (Guadua macrostachya) ainsi que de petites savanes-roches au pied de la montagne.

Plus de 130 espèces de plantes déterminantes de la qualité des habitats sont inventoriées sur ce vaste massif. Parmi celles-ci cinq sont des végétaux remarquables et intégralement protégés : Chamaecostus curcumoides (Costaceae), Peperomia gracieana (Piperaceae), Pitcairnia sastrei (Bromeliaceae),, Pilea tabularis (Urticaceae), Lecythis pneumatophora (Lecythidaceae).

De nombreuses autres espèces rares sont caractéristiques de ces habitats centraux submontagnards ou sont endémiques de Guyane : Justicia potarensis (Acanthaceae), Ruellia amapensis (Acanthaceae), Anthurium lanjouwii (Araceae), Aristolochia cremersii (Aristolochiaceae), Costus lasius (Costaceae), Plukenetia supraglandulosa (Euphorbiaceae), Inga nubium (Fabaceae), Mitreola petiolata (Loganiaceae), Aciotis rubricaulis (Melastomataceae), Leandra agrestis (Melastomataceae), Macrocentrum vestitum (Melastomataceae), Eugenia argyrophylla (Myrtaceae), Eugenia galbaoensis (Myrtaceae), Degranvillea dermaptera (Orchidaceae), Passiflora plumosa (Passifloraceae), Carapichea ligularis (Rubiaceae), Notopleura microbracteata (Rubiaceae), Notopleura saülensis (Rubiaceae), Rudgea bremekampiana (Rubiaceae), Coussarea spicata (Rubiaceae), Allophylus robustus (Sapindaceae), Ruptiliocarpon caracolito, unique représentant de la famille des Lepidobotryaceae en Guyane, Peperomia popayanensis (Piperaceae) connue uniquement des Andes colombiennes et du Sommet Tabulaire etc.

Pour les ptéridophytes déterminants, rares et liés à ces milieux d’altitude, on citera : Hymenasplenium repandulum (Aspleniaceae), Blechnum gracile var. pilosum et B. occidentale (Blechnaceae), Danaea ypori (Marattiaceae), 4 espèces de Diplazium (Athyriaceae), D. expansum, D. gracilescens, D. radicans et D. striatum, 3 espèces d’Elaphoglossum (Dryopteridaceae), E. cremersii, E. mitorrhizum, E. praetermissum, Trichomanes polypodioides (Hymenophyllaceae), Phlegmariurus acerosus (Lycopodiaceae), Lindsaea lancea var. submontana (Lindsaeaceae), plusieurs Polypodiaceae (Moranopteris taenifolia, Polypodium flagellare, Serpocaulon caceresii, Terpsichore staheliana, T. taxifolia), plusieurs Pteridaceae (Doryopteris sagittifolia, Hemionitis rufa, Polytaenium jenmanii, Vittaria graminifolia), Thelypteris pennata (Thelypteridaceae).

Certaines espèces demeurent à ce jour uniquement connues du mont Itoupé, localité-type de Dicliptera granvillei (Acanthaceae), Sipanea ovalifolia var. villosissima (Rubiaceae) et Tragia tabulaemontana (Euphorbiaceae).

Enfin, une vingtaine d’espèces végétales nouvelles pour la science et non encore décrites ont été recensées dans le périmètre de cette ZNIEFF

La faune est remarquablement diversifiée sur ce massif avec la présence de l'ensemble des grandes espèces forestières. La présence du saki satan (Chiropotes chiropotes) constitue une des rares données centrales de cette espèce emblématique et méridionale. Parmi les chiroptères, l'observation de Lonchorhina inusitata démontre l'existence de cavités favorables aux chauves-souris troglophiles.

Une dizaine d'amphibiens déterminants sont inventoriés sur le secteur, parmi lesquels Pristimantis sp.2 marque le caractère submontagnard de cette ZNIEFF. Au niveau herpétologique, il faut aussi souligner la découverte sur ce massif d'un petit lézard de litière, nouveau pour la Guyane, extrêmement rare et localisé à la région brésilienne de l'Amapa : Amapasaurus tetradactylus.

Enfin, d'un point de vue ornithologique, ce massif s'avère particulièrement riche avec plus de 200 espèces inventoriées, dont près d'une trentaine sont déterminantes. Parmi celles-ci se distingue le cortège des espèces liées aux massifs centraux : moucherolle à bavette blanche (Contopus albogularis), tyranneau nain (Phyllomyias griseiceps), grisin à croupion roux (Terenura callinota), araponga blanc ou oiseau-cloche (Procnias albus), tangara orangé (Piranga flava).

Ce massif forestier remarquable bénéficie désormais de la protection du Parc Amazonien de Guyane.

Commentaires sur la délimitation

La ZNIEFF est délimitée de la manière suivante :

N : Au Nord, la limite suit une crique, du point A à sa source (point B), puis prend le talweg qui mène au point C et suit un affluent de la crique Petite Waki jusqu’au point D. La limite nord se poursuit par le talweg menant au point E, source d’un affluent de la crique Inipi, que la limite suit ensuite jusqu’au point F. La ZNIEFF continue par le talweg situé entre les points F et G, source d’un affluent de la crique Inipi, puis suit cet affluent jusqu’à son point de confluence avec la crique Inipi et enfin continue par la crique Inipi jusqu’au point H, d’où part un affluent que la limite suit jusqu’à sa source (point I).

E : A l’Est, la limite prend le talweg qui lie les points I et J, suit la crique située entre les points J et K, puis continue en ligne droite jusqu’au point L. A partir du point L, la limite est de la ZNIEFF suit le talweg jusqu’au point M, longe la crique Carbet Roche, puis l’un de ses affluents jusqu’à sa source (point N). La ZNIEFF est ensuite délimitée par le talweg menant au point O, source d’un affluent de la crique Continent, puis par cet affluent jusqu’à son point de confluence avec la crique Continent (point P). La limite est continue le long de la crique Continent jusqu’à sa source (point Q), puis suit le talweg jusqu’au point R, source d’une crique sans nom, que la limite longe ensuite jusqu’à son point de confluence avec une autre crique. La limite longe ensuite cette deuxième crique jusqu’à sa source (point S). La ZNIEFF poursuit ensuite par le talweg jusqu’au point T, source d’un affluent de la crique Mali, puis continue le long de cet affluent, puis le long de la crique Mali jusqu’à sa source (point U) et emprunte enfin le talweg suivant jusqu’au point V. A partir du point V, la limite longe un affluent de la crique Grand Tamouri jusqu’au point W, puis suit le talweg jusqu’au point X, longe de nouveau un affluent de la crique Grand Tamouri jusqu’au point Y et enfin suit le talweg menant à la source d’un affluent de la crique Petit Tamouri (point Z) et suit cet affluent jusqu’à son point de confluence avec la crique Petit Tamouri (point AA).

S : Au Sud, la limite longe la crique Petit Tamouri, du point AA au point AB, point de confluence avec un affluent de la crique, puis suit cet affluent jusqu’au point AC. La ZNIEFF continue alors par le talweg menant au point AD, puis par la crique qui s’étend du point AD au point AE.

W : La limite ouest commence par suivre le talweg entre les points AE et AF, puis une ligne droite entre les points AF et AG et enfin continue le long d’une crique du point AG au point AH. La limite se prolonge ensuite par le talweg menant au point AI, point de confluence d’un affluent avec la crique Verdun et enfin suit cet affluent jusqu’à sa source (point AJ). La ZNIEFF est ensuite délimitée par le talweg situé entre les points AJ et AK, source d’un affluent de la crique Petite Waki, que la limite suit jusqu’au point AL. La limite ouest continue par le talweg qui mène au point AM, puis suit deux affluents de la crique Petite Waki jusqu’au point AN, source de l’un d’eux. La ZNIEFF poursuit par le talweg jusqu’au point AO, puis par la crique Petite Waki jusqu’à sa source (point AP), se prolonge par le talweg suivant jusqu’au point AQ et enfin continue le long de deux criques jusqu’au point AR, source de la deuxième crique. Enfin, la limite prend le talweg menant au point AS, source d’un affluent de la crique Carbet Brûlé, suit cet affluent jusqu’au point AT, continue par le talweg suivant jusqu’au point AU, source d’un autre affluent de la crique Carbet Brûlé et enfin rejoint le point A.

Coordonnées des points mentionnés (WGS84, UTM 22 nord):

A (262855m; 350943m) - B (264355m; 350012m) - C (264898m; 349884m) - D (268674m; 346875m) - E (269906m; 347608m) - F (272161m; 351582m) - G (272357m; 352411m) - H (283025m; 353453m) - I (282653m; 352440m) - J (283079m; 351879m) - K (283204m; 351561m) - L (282716m; 350128m) - M (283928m; 344233m) - N (284500m; 342926m) - O (284667m; 342306m) - P (285688m; 337347m) - Q (280896m; 331046m) - R (280294m; 330820m) - S (279769m; 329513m) - T (279494m; 328660m) - U (278516m; 326070m) - V (278152m; 325324m) - W (277788m; 322278m) - X (277203m; 321759m) - Y (276368m; 321031m) - Z (276218m; 320327m) - AA (274279m; 318102m) - AB (265657m; 322953m) - AC (262322m; 329337m) - AD (261761m; 329623m) - AE (260478m; 330662m) - AF (260776m; 331616m) - AG (260621m; 332147m) - AH (261057m; 332690m) - AI (261122m; 333609m) - AJ (262471m; 334850m) - AK (263091m; 335286m) - AL (263945m; 338448m) - AM (264327m; 339284m) - AN (264142m; 341903m) - AO (264010m; 342571m) - AP (263366m; 344809m) - AQ (262763m; 345167m) - AR (261701m; 346653m) - AS (261242m; 347291m) – AT (261009m; 347381m) - AU (260729m; 348353m) - AV (260663m; 348765m) - AW (260985m; 349535m)