ZNIEFF 030120058
Monts Alikéné

(n° régional : 00420000)

Commentaires généraux

La ZNIEFF des Monts Alikéné (type II) se situe au nord-ouest du village de Camopi, entre le Fleuve Oyapock à l'est, la Crique Sikini au nord et la Rivière Camopi et la Crique Alikéné au sud et à l'ouest.

Les Monts Alikéné, culminant entre 300 et 400 mètres d'altitude, dominent d'une centaine de mètres la plaine environnante, et correspondent aux plus hauts reliefs de tout le bassin de l'Oyapock en Guyane, à l'exception des Monts de la Haute Camopi.

Cette ZNIEFF, d’une superficie totale de 13 298 hectares, est essentiellement (près de 80% de la superficie de la ZNIEFF) située sur la zone biogéographique «Chaîne Inini-Camopi ou synclinorium du sud». Elle est également concernée pour la partie Est et Nord-Ouest par la zone biogéographique «Massif central ou domaine granito-gneissique central».

Ce massif forestier est essentiellement couvert de forêts drainées, mais comporte également de nombreux autres faciès forestiers ainsi que habitats plus ouverts à proximité de l’inselberg ou au niveau des anciens abattis.

La forêt haute des hauts reliefs sur granitoïdes domine. Les peuplements forestiers rencontrés sont globalement bien structurés et élevés (env. 30-40 m de hauteur). Reposant sur un substrat de type granitoïde, ils présentent des faciès plus ou moins denses selon les modelés topographiques du paysage (pentes, crêtes, ruptures de pentes, replats). Des blocs de granites sont visibles sur les reliefs, au niveau des têtes de crique et des sommets, avec une florule composée de fougères (Tectaria plantaginea var. macrocarpa), d’Araceae (Monstera adansonii) ou d’Acanthaceae (Justicia oldemanni). Nous avons observé une strate arborée riche en Leguminosae (Mimosoideae, Caesalpinioideae et Faboideae), avec une forte abondance de Dicorynia guianensis. A noter la faible abondance de Vouacapoua americana, qui est habituellement bien représenté sur les granitoïdes. Les Burseraceae sont très présentes (Protium spp., Trattinickia spp.) et marquent le caractère méridional de la zone d’étude. Le caractère montagneux se retrouve dans la présence de Sapotaceae (Chrysophyllum spp., Micropholis venulosa, Pouteria decorticans, Manilkara paraensis…) associées aux Lecythidaceae, avec notamment Corythophora amapaensis et Couratari guianensis. Concernant les Arecaceae, la zone des Monts Alikéné se caractérise par une forte abondance en palmiers. Parmi les grands palmiers à stipes, Astrocaryum rodriguesii est régulièrement observé sur toute la zone. A noter l’absence des Patawa (Oenocarpus bataua), remplacés par les Comous (Oenocarpus bacaba).

Les forêts hautes à Dicorynia guianensis et Burseraceae, de basse altitude sont riches en gros arbres (Leguminosae, Burseraceae, Lecythidaceae, Chrysobalanaceae) avec la présence marquée de Dicorynia guianensis et de fortes dominances locales comme c’est le cas avec Diospyros dichroa (Ebenaceae), un arbre de strate inférieure, très fréquent sur les plateaux bien drainés de 80-100 m, ainsi que Huberodendron swietenioides (Bombacaceae) arbre de la canopée également très présent. En sous-bois, le palmier Geonoma deversa est très présent ainsi qu’un petit arbre Paypayrola guianensis (Violaceae), localement très abondant.

Un inselberg, culminant à 270 m d’altitude, a été exploré. Sur sa partie sommitale repose une forêt haute sur sols profonds. Ses pentes, abruptes, présentent des parties de rocher nu, partiellement colonisées par une végétation basse discontinue avec des arbres et arbustes petits et tortueux tels que Tabebuia serratifolia (Bignoniaceae), ainsi que les espèces suivantes : Turnera glaziovii (Turneraceae), Encyclia granitica (Orchidaceae), Anthurium jenmannii (Araceae) ou encore Macrocentrum cristatum (Melastomataceae).

Une zone de transition vers 250 m d’altitude est occupée par une forêt basse sèche poussant sur des sols minces. On y trouve le palmier Syagrus inajai en abondance. Le sous-bois est colonisé par une graminée tapissante Olyra latifolia.

Dans les zones où s’étalent les criques qui ont pris leur source sur les hauts de pente, on trouve une autre gamme de biotopes. Le tracé des criques est marqué par un couloir de forêts marécageuses, parfois très temporairement inondées, mais au sol toujours plus ou moins asphyxiant car gorgé d’eau pendant la saison des pluies. Le peuplement arboré est marqué notamment par les espèces suivantes : Sloanea grandiflora (Elaeocarpaceae), Terminalia dichotoma (Combretaceae), Symphonia globulifera (Clusiaceae), des Leguminosae (Caesalpiniodeae): Eperua falcata, Macrolobium bifolium. Le sous-bois est marqué par la présence d’Araceae terrestres telles que Dieffenbachia elegans ou Anaphyllopsis americana ainsi que de la Marantaceae Monotagma exile.

Une forêt ripicole borde la rivière Camopi et forme un rideau de végétation typique de l’interface fleuve-forêt, avec des lianes drapant les arbres et arbustes. La zone prospectée comprend notamment les petits arbres suivants : Hirtella tenuifolia (Chrysobalanaceae), Mouriri grandiflora (Melastomataceae), Unonopsis guatterioides (Annonaceae) ou encore la fougère terrestre Adiantum argutum (Adiantaceae).

Des zones de formations secondarisées, formées par d’anciens abattis, ont été observées jusqu’à environ 300 m de distance de la rivière Camopi. Ces zones comportent une importante fraction d’arbres appartenant à des espèces héliophiles typiques, fréquentes à basse altitude dans les milieux perturbés (Cecropia sciadophylla, Bagassa guianensis, Trema micrantha, Ischnosiphon arouma, Lacistema polystachyum, Jacaratia spinosa, Isertia coccinea, Palicourea calophylla, etc…)

L’ensemble des observations de la mission botanique menée en 2012, basées sur des relevés à vue, a permis le recensement de 253 plantes vasculaires dont de nombreuses espèces déterminantes ZNIEFF. Parmi ces plantes remarquables, citons Bocoa viridiflora (Boraginaceae), Coussapoa ferruginea (Urticaceae), Tovomita gazelii (Clusiaceae), Aiouea longipetiolata (Lauraceae), Rhodostemonodaphne rufovirgata (Lauraceae), Guarea michel-moddei (Meliaceae), Palmorchis prospectorum (Orchidaceae).

Antérieurement, d'autres plantes notablement rares sont également citées de ce secteur : Annona trunciflora (Annonaceae), Miconia cacatin (Melastomataceae), Miconia longispicata (Melastomataceae).

En ce qui concerne les oiseaux, la rareté sur la zone d'étude de plusieurs espèces gibiers particulièrement sensibles à la chasse est manifeste. Les tinamous (Tinamidae), le Tocro de Guyane (Odontophorus guianensis, Odontophoridae), le Marail (Penelope marail, Cracidae), l'Agami trompette (Psophia crepitans, Psophiidae) sont apparus notablement rares par rapport à des stations exemptes de chasse. Le Hocco (Crax alector, Cracidae) n'a pas été contacté au cours de l'étude. Aucune espèce d'oiseau associée aux reliefs ou liée aux forêts submontagnardes n'a été notée au cours de cette mission. Considérant le relief général de la ZNIEFF, ces espèces peuvent néanmoins être présentes sur des secteurs plus centraux et se rencontrer occasionnellement dans les zones basses périphériques.

Parmi les 14 espèces déterminantes contactées sur la ZNIEFF s’illustrent particulièrement : Amazone de Dufresne (Amazona dufresniana), Conopophage à oreilles blanches (Conopophaga aurita), Carnifex à collier (Micrastur semitorquatus), Porte-éventail roi (Onychorhynchus coronatus), Coracine chauve (Perissocephalus tricolor), Platyrhynque à cimier blanc (Platyrinchus platyrhynchos), Hirondelle des torrents (Atticora melanoleuca), Batara de Cayenne (Sakesphorus melanothorax).

D’un point de vue herpétologique la ZNIEFF paraît riche avec plus de 60 espèces inventoriées lors d’un unique inventaire. Plusieurs espèces déterminantes de reptiles et d’amphibiens y sont présentes : Allobates granti, Atelopus franciscus, Eleutherodactylus gutturalis, Hypsiboas ornatissimus, Cercosaura argulus et Tretioscincus agilis.

Les grands mammifères restent bien représentés sur le secteur malgré une chasse régulière à proximité des rivières : Atèle (Ateles paniscus), Singe Hurleur (Alouatta macconnelli), Tapir (Tapirus terrestris), Jaguar (Panthera onca) ou l'oppossum Didelphis imperfecta.

Lors d’un premier inventaire des chiroptères de la zone, 26 espèces ont été mises en évidence dont trois sont déterminantes et signalent la présence de cavités rocheuses : Pteronotus parnellii, Lionycteris spurellii, Anoura geoffroyi.

La ZNIEFF inclut également des sauts rocheux du réseau hydrographique qui la limite, notamment ceux du Fleuve Oyapock juste en aval de Camopi (Sauts Wakarayou), de la Basse Camopi (Saut Mauvais) et de la Crique Alikéné.

Du réseau hydrographique limitant la ZNIEFF, une trentaine d'espèces déterminantes de poissons sont connues, dont plusieurs sont particulièrement représentatifs de la qualité hydrologique de ce bassin versant : Apistogramma gossei, Astyanax leopoldi, Astyanax validus, Bivibranchia simulata, Boulengerella cuvieri, Chilodus zunevei, Corydoras condiscipulus, Corydoras oiapoquensis, Crenicichla ternetzi, Cteniloricaria fowleri, Geophagus camopiensis, Guianacara geayi, Hyphessobrycon takasei, Leporinus gossei, Leporinus melanostictus, Leporinus nijsseni, Hyphessobrycon roseus, Pseudoplatystoma fasciatum, Retroculus septentrionalis, Tometes trilobatus.

La ZNIEFF des monts Alikéné bénéficie désormais de la protection du Parc Amazonien de Guyane.

Commentaires sur la délimitation

La ZNIEFF des monts Alikéné est délimitée comme suit :

N : Au Nord, la limite de la ZNIEFF débute à la source d'un affluent de rive gauche de la crique Alikéné (point A), puis emprunte une ligne droite jusqu’au point B, situé sur un affluent de la crique Sikini. La limite nord suit ensuite le cours de cet affluent jusqu’au point C, puis emprunte une ligne droite jusqu’au point D, situé sur un autre affluent de la crique Sikini. Ensuite, la limite longe à nouveau l’affluent jusqu’à sa source (point E), traverse en ligne droite jusqu’au point F, situé sur un autre affluent, le suit également jusqu’à sa source (point G) et enfin gagne en ligne droite la source d'un affluent en rive gauche du fleuve Oyapok (point H). Enfin la limite nord de la ZNIEFF suit cet affluent jusqu’au point de confluence avec le fleuve Oyapok (point I).

E : A l'Est, la limite longe la rive gauche du fleuve Oyapok en incluant les îlets du point I au point de confluence avec la rivière Camopi (point J).

S : La limite sud correspond à la rive gauche de la rivière Camopi, du point J au point de confluence avec la crique Alikéné (point K).

W : A l'Ouest, la ZNIEFF est délimitée par la rive gauche de la crique Alikéné, du point K au point de confluence avec un affluent en rive gauche (point L), puis par le cours de cet affluent, du point L jusqu'à sa source (point A).

Coordonnées des points mentionnés (WGS84, UTM 22 nord):

A (345155m; 362339m) - B (345591m; 361697m) - C (346985m; 362011m) - D (347681m; 361486m) - E (348780m; 361456m) - F (349521m; 361280m) - G (350193m; 361044m) - H (350856m; 360205m) - I (356376m; 358004m) - J (352031m; 350493m) - K (341526m; 356018m) - L (340286m; 360565m)