La ZNIEFF des Monts de la Haute Camopi (type II) se situe à l'extrême sud-est de la Guyane, couvrant les sources du fleuve Oyapock et de la rivière Camopi.
Plusieurs ZNIEFF de type I sont identifiées à travers ce massif, correspondant aux inselbergs des monts Belvédère, Saint-Marcel et Cacao.
De même que la région des Tumuc-Humac, il s'agit d'un vaste massif forestier dont le relief se marque par la présence de nombreux inselbergs granitiques émergeant du couvert forestier, lui conférant un caractère tout à fait remarquable sur le plan paysager.
Ces reliefs résultent de l'affleurement de roches granitiques très anciennes (2,2 milliards d'années) formant le socle du Bouclier des Guyanes s'étendant du Venezuela à l'Amapa. Le relief actuel est le résultat de phases d'aplanissement et d'érosion physico-chimique engendrées par les alternances de phases climatiques sèches et humides et les variations du niveau des mers accompagnant les cycles glaciaires. Lors de ces dernières grandes périodes de refroidissement climatique, la diminution de la pluviométrie a déterminé une réduction très importante de l'étendue de la forêt humide sempervirente au profit de grande zone de forêts basses, sèches, caducifoliées, voire de savanes qui réunissaient alors ces sommets. Cette extension des milieux ouverts (maximale vers - 18000 ans) a permis à certaines espèces d'étendre leur répartition, puis lors de la reconquête de l'espace par la forêt, celles-ci ont pu se maintenir dans certains sites ponctuels répondant jusqu'à ce jour à leurs exigences écologiques. L'ensemble de ces savanes-roches constitue donc de véritables systèmes insulaires, refuges d'espèces présentes sous la forme de populations isolées et relictuelles, témoignant de ces phases climatiques sèches anciennes. Les peuplements isolés les uns des autres par le massif forestier peuvent ainsi présenter des originalités propres à chaque inselberg ou groupe d'inselbergs ; différences pouvant s'observer même entre des sites proches.
En plus des milieux liés aux inselbergs, la zone regroupe divers écosystèmes forestiers allant de la forêt submontagnarde et la forêt dense et haute de basse altitude, jusqu'aux forêts marécageuses et ripicoles des vallées alluvionnaires. Il faut souligner ici qu'il s'agit d'une des rares régions de Guyane (avec les massifs des Emérillons-monts Bakra et des Mitarakas) présentant des reliefs granitiques suffisamment élevés (supérieur à 500 mètres, notamment le mont Saint-Marcel culminant à 650 m) pour abriter une forêt submontagnarde, plus fréquente généralement en Guyane sur le haut des reliefs tabulaires de roches basiques et cuirasses latéritiques.
Jusqu'à une période récente, la zone n’était accessible que par le fleuve et les criques, puis par marche en forêt. Aussi, cette région reste encore inexplorée, en dehors de quelques missions d'inventaires sur les monts Belvédère, Cacao et Saint-Marcel (botaniques, ornithologiques et herpétologiques).
Ces trois massifs présentent des cortèges végétaux et animaux tout à fait remarquables et caractéristiques des inselbergs du sud-est de la Guyane. Les populations de grands vertébrés y sont très probablement intactes, dans ces sites où la présence humaine est quasi-inexistante, à l’exception du Mont Saint-Marcel qui est un lieu de chasse temporaire traditionnel des amérindiens wayãpi de Trois-Sauts. Soulignons également que le mont Cacao abrite des populations naturelles de cacaoyers (Theobroma cacao) connues depuis le XVIIIe siècle qui constituent une véritable banque de gènes pour l'espèce. Cette ZNIEFF englobe aussi d'autres petites populations réparties sur divers cours d'eau.
Au total, près de 100 plantes déterminantes de la qualité des habitats sont déjà répertoriées dans ce vaste ensemble géographique. Certaines sont endémiques de Guyane française ou ne sont même connues que de ce secteur reculé comme la fougère Cyclodium rheophilum ou la Melastomataceae Ernestia subglabra.
Cette région d'inselbergs a la particularité de présenter une fragmentation de populations d'espèces végétales et animales en autant de peuplement de type insulaire, dans une matrice générale de forêt tropicale humide. Cette particularité présente un intérêt scientifique très important. La région constitue en effet un véritable laboratoire pour comprendre l'histoire des forêts en offrant l'opportunité d'aborder plusieurs questions fondamentales concernant l'évolution des espèces et des milieux.
Ce grand espace naturel remarquable bénéficie désormais de la protection du Parc Amazonien de Guyane.
La ZNIEFF des Monts de la Haute Camopi est délimitée comme suit :
N : Au Nord, la limite suit la rivière Tampok, à partir de son point de confluence avec la crique Alice (point A), puis emprunte l'affluent de la rivière Tampok, qui prend sa source au nord du point côté 480, jusqu'au point B. Ensuite, la limite continue en ligne droite entre les points B et C. La ZNIEFF est ensuite délimitée par la crique Farouche, à partir du point C jusqu'à la rivière Camopi, puis par la rivière Camopi, en amont du point de confluence entre la crique Farouche et la rivière Camopi, et ce jusqu'au point de confluence entre la rivière Camopi et son affluent situé juste en aval du Saut Koumouli (point D). Enfin, la limite emprunte cet affluent depuis le point D, suivi de l'affluent de la rivière Yaloupi situé en aval du saut Trouvé, jusqu'au point de confluence entre cet affluent et la rivière Yaloupi (point E).
E : A l'Est, la ZNIEFF est délimitée par la rivière Yaloupi, du point E jusqu'au point F, puis se poursuit dans la vallée qui relie le point F au point G. Enfin, la limite continue le long du cours d’un affluent en rive gauche de la crique Elepoussing, du point G à sa confluence avec la crique Elepoussing à saut Cambrouze (point H).
S : La limite sud suit le cours de la crique Elepoussing, du point H jusqu'à Saut Bocco en incluant les deux rives et continue jusqu'à la frontière brésilienne (point I) toujours par la crique Elepoussing. Le sud de la ZNIEFF est ensuite délimité par la frontière brésilienne (en passant par la borne 6) jusqu'au point J.
W : La limite ouest suit le cours de la rivière Tampok depuis la frontière brésilienne (point J) jusqu'au point A.
Coordonnées des points mentionnés (WGS84, UTM 22 nord):
A (216835m; 283898m) - B (239171m; 280082m) - C (239881m; 280336m) - D (274570m; 289218m) - E (296003m; 276829m) - F (281593m; 261686m) - G (281021m; 261305m) - H (280612m; 256115m) - I (252328m; 250438m) - J (225496m; 249261m)