ZNIEFF 030120066
Mont Cacao de la Haute Camopi

(n° régional : 00450001)

Commentaires généraux

La ZNIEFF du Mont Cacao de la Haute Camopi (type I) correspond à un inselberg, s'inscrivant dans la zone du massif forestier des monts granitiques de la haute Camopi, à l'extrême sud-est de la Guyane (ZNIEFF de type II).

La ZNIEFF présente divers écosystèmes allant des savanes-roches à la forêt primaire de moyenne altitude ainsi que la forêt dense et haute de basse altitude. Des forêts basses de transition et des fourrés denses s’épanouissent en lisière de la savane-roche. De gros blocs rocheux ainsi que des parois verticales de taille importante s’intègrent dans les boisements de fortes pentes. Enfin, des forêts marécageuses et ripicoles des vallées alluvionnaires sont également bien développées le long de la rivière Camopi.

Ce site reste dans l'ensemble inexploré. Toutefois, et même si son intérêt biologique reste méconnu, son potentiel est élevé à l'image des autres hauts inselbergs étudiés dans le sud de la Guyane, notamment ceux du mont Belvédère et du mont Saint Marcel appartenant au même massif.

Plus de 60 plantes présentent un caractère déterminant pour la qualification des habitats en Guyane, parmi plus de 500 plantes inventoriées.

La savane-roche est une formation herbacée, basse et discontinue, laissant apparaître des plaques de roche nue, tapissée seulement d'algues bleues (Cyanophycées) qui lui donnent sa couleur noire et jouent un rôle fondamental dans l'altération du granite et sa colonisation ultérieure par les végétaux. Ce milieu naturel, aux conditions extrêmes de ruissellement et d’ensoleillement, constitue un refuge d'espèces présentes sous la forme de populations isolées et relictuelles, pouvant ainsi présenter des originalités propres. Au niveau botanique, cette savane-roche se distingue par une forte communauté de plantes particulièrement rares en Guyane et caractéristiques de cet habitat : Selaginella minima (Selaginellaceae), Furcraea foetida (Agavaceae), Hippeastrum elegans (Liliaceae), Pitcairnia saxosa (Bromeliaceae), Rhynchospora dentinux (Cyperaceae), Scleria staheliana (Cyperaceae), Syngonanthus caulescens (Eriocaulaceae), Cyrtopodium andersonii (Orchidaceae), Panicum arctum (Poaceae), Matelea sastrei (Asclepiadaceae), Clusia minor (Clusiaceae), Utricularia choristotheca (Lentibulariaceae), Psidium sartorianum (Myrtaceae).

En ce qui concerne la faune, la savane-roche du mont Cacao s’illustre par un cortège assez restreint de passereaux liés aux ouvertures rocheuses, dont deux sont déterminants : sporophile curio (Oryzoborus angolensis) et tangara à galons rouges (Tachyphonus phoenicius). Cet habitat est également occupé par deux amphibiens rares et caractéristiques de cet habitat rocheux : Leptodactylus longirostris et Leptodactylus myersi.

La forêt basse d'inselberg (voûte de 5 à 15 mètres de hauteur) se matérialise par une ceinture de quelques dizaines de mètres de large au pied ou au sommet des pentes granitiques dénudées, assurant la transition entre la savane-roche et la forêt haute de terre ferme. Le socle granitique qui affleure çà et là n'est recouvert que par un sol peu épais, sableux, formé par les produits d'altération du granite et l'accumulation des débris végétaux fixés par un chevelu racinaire dense et superficiel. Ce milieu, temporairement xérique, n'est guère favorable au développement de grands arbres. Au contraire, cette formation est constituée de petits arbres souvent ramifiés à la base (port buissonnant), tortueux et penchés, portant de nombreuses épiphytes à faible hauteur en raison d'un éclairement relativement important. Ces formations basses et fourrés d’inselberg hébergent une communauté de plantes rares et caractéristiques de cet habitat : Alstroemeria amazonica (Liliaceae), Aechmea egleriana (Bromeliaceae), Dioscorea dodecaneura (Dioscoreaceae), Dioscorea pubescens (Dioscoreaceae), Lafoensia vandelliana (Lythraceae).

Les forêts drainées existantes aux alentours directs de la savane-roche présentent des faciès variés depuis les forêts hautes et claires jusqu’aux forêts sommitales denses et riches en lianes. Dans ces forêts, se distinguent plusieurs plantes remarquables dont certaines montrent des affinités avec les massifs submontagnards : Asplenium formosum (Aspleniaceae), Blechnum gracile var. pilosum (Blechnaceae), Beloglottis costaricensis (Orchidaceae), Leandra agrestis (Melastomataceae), Peperomia gracieana (Piperaceae). Dans ce contexte de forêt drainée, il est intéressant de relever qu’un palmier extrêmement rare et endémique de Guyane française a été observé dans une écologie atypique. En effet, Asterogyne guianensis (Arecaceae) est typiquement connu de quelques forêts de bas-fond alors qu’un pied unique se trouvait ici en forêt sommitale. Enfin, l’inventaire botanique de la zone fut couronné d’une découverte tout à fait spectaculaire, avec une petite population d’Ombrophytum sp. (Balanophoraceae). Non identifié au rang spécifique et probablement nouveau pour la science, cette plante représente une nouvelle sous-famille pour l’ensemble du plateau des Guyanes.

Dans ces biotopes forestiers drainés, plusieurs espèces de passereaux présentent un caractère déterminant : todirostre de Joséphine (Hemitriccus josephinae), tclérure à gorge rousse (Sclerurus mexicanus), alapi à sourcils blancs (Myrmoborus leucophrys).

Les imposants chaos rocheux et les grandes parois abritent plusieurs espèces particulièrement rares en Guyane car strictement inféodées à ces habitats peu répandus. Il s’agit notamment du coq-de-roche orange (Rupicola rupicola) ainsi que de chauves-souris cavernicoles : Lonchorhina inusitata et Pteronotus parnellii. Certaines plantes particulièrement rares en Guyane française sont également liées à ces micro-habitats rocheux : Blechnum occidentale (Blechnaceae), Pitcairnia sastrei (Bromeliaceae), Vasconcellosia microcarpa (Caricaceae), Cecropia granvilleana (Cecropiaceae)

Les différents types d’habitat existants sur les bords de la rivière Camopi au pied de l’inselberg confèrent à ce secteur une hétérogénéité de biotopes particulièrement favorables à une très forte biodiversité : forêt ripicole, forêt marécageuse, forêt à lianes, clairières. De nombreuses plantes déterminantes et mal connues dans leur répartition en Guyane ont été détectées à proximité de la rivière : Hygrophila costata (Acanthaceae), Centrosema vexillatum (Fabaceae), Mimosa annularis (Fabaceae), Byttneria aurantiaca (Sterculiaceae), Boehmeria cylindrica (Urticaceae).

Le cortège d’espèces d’oiseaux déterminants est exceptionnellement élevé dans ce secteur ripicole : ara vert (Ara severa), anabate rubigineux (Automolus rubiginosus), anabate à couronne rousse (Automolus rufipileatus), jacamar brun (Brachygalba lugubris), grisin noirâtre (Cercomacra nigrescens), granatelle de pelzeln (Granatellus pelzelni), moucherolle d’Euler (Lathrotriccus euleri), synallaxe de McConnell (Synallaxis macconnelli), ermite d’Antonie (Threnetes niger), sittine à queue rousse (Xenops milleri), grimpar strié (Xiphorhynchus obsoletus).

Soulignons enfin que la ZNIEFF du mont Cacao abrite, en bord de rivière, des populations naturelles de Cacaoyers (Theobroma cacao) connues depuis le XVIIIe siècle et qui constituent un véritable réservoir de gènes pour l'espèce.

Enfin, l'éloignement de la zone de toute installation humaine et, donc, de pression de chasse importante permet aux grands vertébrés d'y avoir des populations préservées, ce qui est notamment le cas pour l’atèle (Ateles paniscus) et le tapir (Tapirus terrestris).

Cet espace naturel remarquable bénéficie désormais de la protection du Parc Amazonien de Guyane.

Commentaires sur la délimitation

La ZNIEFF est limitée de la manière suivante :

N: la limite nord suit la courbe de niveau des 200m depuis la rive droite de la crique Claire (point K) jusqu'à l'embouchure de la crique Camopi encadrée par les points A et B.

S: la limite sud suit la courbe des 200m autour des affluents de la crique Camopi jusqu'au point C où elle longe la rive gauche de l'affluent jusqu'à sa source (point D) puis emprunte le talweg pour atteindre un autre affluent (au point E). Elle remonte cet affluent jusqu'au point F, prend l'affluent est jusqu'à sa source au point G. Elle poursuit par le talweg (point H) pour rejoindre l'intersection entre l'affluent et la courbe de niveau de 200m au point I.

E: la limite est suit la courbe de niveau des 200m jusqu'à la rive gauche de la crique Claire (point J) et traverse celle-ci jusqu'au point K.

Coordonnées des points mentionnés (WGS84 UTM 22 nord):

A (255803m; 261426m) - B (255990m; 261331m) - C (254171m; 258061m) - D (253295m; 257934m) - E (253053m; 258239m) - F (252829m; 258135m) - G (252431m; 258136m) - H (252082m; 257716m) - I (251864m; 257572m) - J (253652m; 261095m) - K (253836m; 261224m)