La ZNIEFF du Mont Belvédère de la Haute Camopi (type I) correspond à un inselberg s'inscrivant dans la zone du massif forestier des monts granitiques de la Haute Camopi, à l'extrême sud-est de la Guyane (ZNIEFF de type II).
La ZNIEFF présente divers écosystèmes allant des savanes-roches à la forêt primaire de moyenne altitude et la forêt dense et haute de basse altitude, jusqu'aux forêts marécageuses et ripicoles des vallées alluvionnaires. Les formations végétales de cette ZNIEFF liées en particulier à l'inselberg, présentent une richesse remarquable en monocotylédones endémiques (Bromeliaceae, Marantaceae, Arecaceae).
Les forêts marécageuses et ripicoles s'étendent le long du réseau hydrographique, sur les alluvionsargilo-sableuses. Sa physionomie et sa composition floristique sont comparables à celles des autres forêts marécageuses de l'intérieur de la Guyane. L'étage supérieur est dominé par le palmier pinot, Euterpe oleracea, Sloanea sp. (Elaeocarpaceae), le yayamadou-rivière, Virola surinamensis (Myristicaceae), tout particulièrement en forêt ripicole et le manil-marécage, Symphonia globulifera (Clusiaceae). En sous-bois, on trouve deux espèces de palmiers dont une très commune, Geonoma baculifera, et l’autre très rare, Asterogyne guianensis. On y remarque également Spathanthus unilateralis (Rapateaceae), Costus spiralis (Costaceae) et de nombreuses espèces de Piperaceae, plusieurs fougères et espèces d'Ischnosiphon (Marantaceae). Sur les flats, c'est un faciès très appauvri en grands arbres qui émergent d'un fourré dense et peu élevé (10-15 mètres), où dominent de petits arbres (Sclerolobium melinonii, Pourouma saulensis, Cecropia sp., Inga sp.). En sous-bois, il faut noter Licania hypoleuca (Chrysobalanaceae), des Rubiaceae (Faramea guianensis, Psychotria sp.), des Mélastomataceae, Myrsinaceae, et surtout un très grand nombre de lianes ligneuses, Fabaceae, Mimosaceae, ainsi que des Araceae et des fougères épiphytes.
Notons dans ce milieu la présence de Bactris tomentosa, un petit palmier connu uniquement de cette localité et de la crique Gabaret située également dans le bassin de l'Oyapock.
La forêt de terre ferme est nettement la formation la plus riche et la plus complexe. Elle est typique de celle se développant sur socle cristallin (pauvreté du sol et mauvais drainage vertical), d'où une futaie moins haute que celle pouvant être rencontrée sur roches basiques dans la région proche de Saül par exemple. La composition floristique est relativement classique, les familles les mieux représentées étant les Fabaceae, Burseraceae, Moraceae, Lécythidaceae, Sapotaceae, Lauraceae, Méliaceae, Apocynaceae, Chrysobalanaceae, Myristicaceae, Vochysiaceae.
En sous-bois, Astrocaryum paramaca et Bactris rhaphidacantha sont deux palmiers acaules fréquents, envahissant par endroits presque totalement les étages inférieurs. D'autres palmiers atteignent la voûte comme le comou, Oenocarpus bacaba.
Une des caractéristiques essentielles de la flore de cette zone est la prolifération de certaines espèces, dominantes dans le sous-bois comme le petit arbre Licania hypoleuca et Faramea guianensis. C'est donc moins la composition floristique que la proportion relative des différentes espèces végétales qui caractérise la zone. La rareté des Mélastomataceae est surprenante, généralement si abondantes dans le sous-bois des forêts sur granite. Notons encore l'absence du palmier mourou-mourou (Astrocaryum sciophilum) et du wacapou (Vouacapoua americana).
Les formations basses sur affleurements rocheux (forêt de transition à voûte de 5 à 15 mètres de hauteur) présentent, dans la strate arborescente, de nombreuses espèces de Ficus (Moraceae) et de Myrtaceae ainsi que Tabebuia capitata (Bignoniaceae) ; les arbustes du sous-bois relativement bien éclairé appartiennent essentiellement aux familles suivantes : Clusiaceae, Mimosaceae, Turneraceae, Rubiaceae, Sterculiaceae, Euphorbiaceae. Les lianes qui y prolifèrent (Fabaceae, Apocynaceae, Vitaceae, Euphorbiaceae…) grimpent en atteignant, pour la plupart, la cime des arbres de la forêt basse jouxtant la savane-roche et confèrent ainsi une physionomie bien particulière à la lisière. Enfin, pour les plantes herbacées du sous-bois, il faut noter Costus spiralis (Costaceae) aux tiges hélicoïdales spectaculaires, Stylosanthes hispida (Fabaceae) et des Rubiaceae, Astéraceae, ainsi que de nombreuses épiphytes (Araceae, Orchidaceae et Broméliaceae en particulier). C’est également dans ce milieu que pousse Alstroemeria amazonica (Alstroemeriaceae), espèce rarissime en Guyane, connue uniquement en cette localité et au mont Itoupé.
En savane roche, sur les zones les moins pentues et les moins sèches, se développe un faciès à Poaceae tandis que les parois les plus sèches, aux pentes les plus fortes, sont occupées par une végétation discontinue, exclusivement formée de Pitcairnia saxosa (Bromeliaceae).
Au total, plus d'une trentaine d'espèces végétales déterminantes sont connues dans cette ZNIEFF, dont Pitcairnia saxosa, Ernestia confertiflora et Cyrtopodium andersonii (orchidée protégée) en savane-roche. Certaines sont endémiques de Guyane et presque uniquement restreintes à la région des monts de la haute Camopi, comme le palmier Asterogyne guianensis, espèce protégée et faisant l’objet d’un Plan National d’Action, découverte et décrite pour la première fois dans cette localité, ou encore Ernestia subglabra (Melastomataceae).
Sur le plan faunistique, ce site possède des populations préservées de grands vertébrés. L'éloignement de la zone de toute installation humaine et, donc, de pression de chasse importante, permet au jaguar (Panthera onca), au grand fourmilier (Myrmecophaga tridactyla) ou encore au chien-bois (Speothos venaticus) d'être bien représentés.
L'avifaune est particulièrement riche en espèces (plus de 260). Il faut souligner la présence de plusieurs espèces de aras, des populations optimales d'espèces gibiers comme l'agami trompette (Psophia crepitans) et le hocco alector (Crax alector). Plusieurs espèces particulièrement rares en Guyane sont présentes dans ce secteur : geai de Cayenne (Cyanocarax cayanus), coracine rouge (Haematoderus militaris), batara à gorge noire (Frederickena viridis), paruline de Pelzeln (Granatellus pelzelni). De plus, un cortège d'oiseaux inféodés aux habitats de savane-roche y a été observé : moucherolle hirondelle (Hirundinea ferruginea), sporophile curio (Oryzoborus angolensis), bruant chingolo (Zonotrichia capensis). Il faut également souligner la présence du coq-de-roche orange (Rupicola rupicola) qui profite des abris sous roche offerts par les éboulis d'inselbergs pour sa nidification.
Cet espace naturel remarquable bénéficie désormais de la protection du Parc Amazonien de Guyane.
La ZNIEFF est limitée de la manière suivante :
N et E: Depuis sa confluence avec la rivière Camopi (point A), la limite suit la rive gauche d'un affluent jusqu'au point B.
S: La limite sud emprunte un talweg entre les points B et C pour rejoindre un autre affluent de la rivière Camopi. Puis elle longeant la rive droite de celle-ci pour rejoindre son embouchure sur la Camopi (point D). Elle emprunte un talweg pour rejoindre un affluent de la Camopi au point E et le remonter jusqu'à la rive droite de la crique Camopi au point F. La limite longe cette rive sur environ 500m en direction de l'aval pour rejoindre une embouchure d'un affluent au point G.
W: Du point G au point H, la limite est longe la rive gauche d'un affluent de la Camopi, puis prend la branche est et longe celle-ci jusqu'à sa source au point I. La limite passe le col pour traverser un criquot au point J et poursuivre par un autre talweg qui passe au point K. La limite emprunte ce cours d'eau jusqu'à sa confluence avec la Camopi au point L. Elle rejoint le point A situé environ 400m en aval.
Coordonnées des points mentionnés (WGS84 UTM 22 nord):
A (267430m; 271434m) - B (268408m; 263292m) - C (267069m; 262305m) - D (266003m; 262506m) - E (265045m; 262692m) - F (262891m; 264001m) - G (263034m; 264323m) - H (261342m; 265985m) - I (262013m; 266903m) - J (262426m; 267366m) - K (262583m; 267548m) - L (267083m; 271353m)