La ZNIEFF de Dékou-Dékou (type I), d’une superficie de 2 900 hectares, est située sur les communes de Saint-Laurent-du-Maroni et d’Apatou. Cette ZNIEFF est incluse dans la ZNIEFF de type II "Massifs Lucifer et Dékou-Dékou".
Le massif du Dékou-Dékou correspond à une crête d’orientation est-ouest, composée de deux plateaux tabulaires séparés par un petit col. Son altitude maximale est de 565 m. Le versant nord est en moyennement pentu, recoupé par de nombreux ravins nord-sud, alors que le versant sud est très abrupt. Géologiquement, le socle est constitué principalement de roches volcano-sédimentaires et magmatiques du Paramaca (roches volcaniques acides et basiques, tuffs, schistes graphiteux, quartzite, intrusions granitiques), métamorphisées et orientées est-ouest, de 2,2 milliards d’années. Cet ensemble est surmonté par une cuirasse latéritique en partie démantelée.
Plusieurs types d'habitats, jugés d’intérêt patrimonial remarquable, ont été considérés comme déterminants pour la délimitation de cette ZNIEFF du “Massif Dékou-Dékou” : forêts denses et basses sur cuirasse latéritique de moyenne altitude, forêts de pente, forêts des torrents et des vallons encaissés, forêts denses de terre ferme de moyenne altitude.
À partir de 200 m d’altitude, on commence à observer un faciès à Caesalpiniaceae avec notamment : Vouacapoua americana et Eperua falcata. Une espèce de Melastomataceae, Henriettela flavescens est très représentée dans la strate de sous-bois ainsi qu’une Euphorbiaceae, Pausandra martinii.
Entre 400 et 500 m d’altitude on observe, sur le versant nord du massif, une forêt plus structurée, dont la composition floristique se caractérise par la présence d’un plus grand nombre d’espèces généralement fréquentes comme Eperua falcata et Vouacapoua americana, au côté de Lecythidaceae et de Sapotaceae. La famille des Burseraceae est très représentée (genres Tetragastris et Protium).
Sur le faciès de crête, une forêt haute, bien structurée, cède la place, çà et là, à des formations plus basses et lianescentes, sur une crête étroite ; le sous-bois y est alors plus dense et dominé floristiquement par plusieurs espèces de Rubiaceae : Faramea guianensis,Posoqueria gracilis, Coussarea racemosa et Randia nitida. Enfin on note la présence d’une forêt de moyenne altitude sur la partie sommitale, de forme tabulaire, qui est couverte d’une forêt plutôt basse et lianescente où prolifèrent des mousses et des épiphytes du fait de l’humidité importante. Dans le sous-bois, on observe Stromanthe tonckat (Marantaceae), Clidemia hirta var. elegans (Melastomataceae) et de petits arbres (< 10 m de hauteur) dont Myrcia bracteata (Myrtaceae).
Plus d'une trentaine d'espèces végétales déterminantes sont inventoriées sur cette ZNIEFF. Certaines sont endémiques de Guyane française et d'autres sont caractéristiques des massifs forestiers d'altitude.
Parmi celles-ci plusieurs sont particulièrement rares : Ruellia schnellii (Acanthaceae), Unonopsis glaucopetala (Annonaceae), Philodendron cremersii (Araceae), Blechnum occidentale (Blechnaceae), Hirtella margaeet Couepia joaquinae (Chrysobalanaceae), Hemiscola latifolia (Cleomaceae), Helmontia cardiophylla (Cucurbitaceae), Leandra cremersii (Melastomataceae), Quiina macrophylla (Ochnaceae), Campyloneurum angustifolium (Polypodiaceae).
Quelques plantes, principalement des fougères, ne sont connues en Guyane française que de cette région de Paul Isnard (versant nord du Dékou-dékou) : Asplenium cristatum (Aspleniaceae), Hymenasplenium delitescens (Aspleniaceae). Enfin, un arbre de la famille des Moraceae, non encore décrit, Poulsenia sp. nov. n’est connu à ce jour que des massifs de Lucifer et Dékou-Dékou, où il est toutefois abondant par endroits.
Concernant la faune, malgré les perturbations existantes dans les zones basses, les forêts d’altitude accueillent encore une grande faune (Atèle, Capucin blanc, Jaguar et Tapir).
L’avifaune présente moins d’originalité que le massif voisin de Lucifer mais on y retrouve des espèces d’intérêt comme l’Oxyrhynque huppé, l'Aigle noir et blanc, l'Agami trompette, l’Araponga blanc ou oiseau-cloche, le Faucon orangé et la Coracine chauve.
Au niveau herpétologique, le secteur de Dékou-Dékou héberge plusieurs espèces déterminantes d'amphibiens : Atelopus spumarius, Otophryne pyburni, Leptodactylus heyeri, Hypsiboas dentei, Allobates granti, Hamptophryne boliviana.
Des inventaires piscicoles mettent également en avant l'intérêt patrimonial de ce bassin versant, avec une dizaine d'espèces déterminantes, dont Harttiella lucifer et Guianacara owroewefi.
Classée en Réserve Biologique Intégrale, cette zone n'en demeure pas moins soumise à une forte pression des activités aurifères (exploration pour or primaire sur le versant nord à basse altitude, et orpaillage illégal dans les flats et même à mi-pente).
Les contours de la ZNIEFF suivent la courbe de niveau des 200m.