ZNIEFF 110001610
FORÊT DE SENART

(n° régional : 91000001)

Commentaires généraux

Les limites de la ZNIEFF permettent de prendre en compte l'ensemble des espaces et espèces remarquables. La ZNIEFF inclut tous les secteurs d’intérêt écologique et les milieux connexes qui jouent un rôle reconnu in situ auprès de la faune. Cette ZNIEFF n’héberge pas moins de 51 espèces déterminantes pour la création de ZNIEFF en Île-de-France. L’intérêt de la ZNIEFF est tant floristique que faunistique. Elle regroupe ainsi 38 espèces de plantes déterminantes dont 4 protégées au niveau national et 14 au niveau régional, et 13 espèces faunistiques déterminantes dont 3 protégées au niveau national et 1 au niveau régional. Cette ZNIEFF regroupe principalement des habitats liés aux chênaies sessiliflores et aux chênaies-charmaies. Elle rassemble aussi des habitats humides (étangs, mares et boisements humides) et des habitats « prairiaux » (landes, prairies, friches…).

La forêt domaniale de Sénart est un massif forestier situé principalement dans l’Essonne et secondairement dans la Seine-et-Marne. C’est, en surface, la première forêt domaniale de l’Essonne. La forêt de Sénart est une relique de l’ancien arc boisé de l’est parisien qui joignait le Bois de Vincennes au nord à la forêt de Fontainebleau au sud.

La forêt domaniale de Sénart est presque entièrement ceinturée par l'urbanisation et intensément fréquentée par les habitants des communes environnantes. Pour répondre à cette demande, la forêt est très aménagée pour l'accueil du public avec un réseau dense d'allées (plus de 100 km), de pistes cyclables bitumées, de circuits de promenade.

Cette forêt est gérée dans sa totalité par l'Office National des Forêts (ONF), dont le plan d'aménagement pluriannuel prévoit d'améliorer la qualité de l'accueil du public en diversifiant les paysages, de préserver les habitats naturels et les arbres remarquables, de récolter du bois en respectant un développement harmonieux des peuplements forestiers.

La forêt de Sénart possède une grande richesse biologique due en grande partie à la diversité de ses habitats et à l'existence de plus de 850 mares réparties sur l'ensemble de la forêt.

Ces mares ont été créées, aménagées ou utilisées par l’homme, dans la majorité des cas à la suite de l’extraction de meulière. Les comblements de mares ont été très rares depuis le 18e siècle, ce qui paraît être un cas unique en Île-de-France. L’intérêt principal de ces mares tient à leur fonctionnement en réseau qui paraît leur conférer une très grande résistance aux perturbations (mares en à sec certaines années, inondées d’autres). Ceci explique sans doute pourquoi elles hébergent des plantes rares et/ou protégées.

Les mares les plus intéressantes et les plus riches au niveau floristique ont été classées en ZNIEFF de type 1. Elles sont reliées, pour la plupart d'entre elles, par les rigoles ou fossés de bord de chemins. Plusieurs mares sont des tourbières, à sphaignes pour 6 d’entre elles, dont l’intérêt écologique est certain. La tourbière du Cormier (parcelle 98) fait l’objet d’un projet de classement en Réserve biologique dirigée.

Ces espaces abritent des espèces protégées au niveau national dont le Flûteau nageant (Luronium natans), également inscrit en annexe II de la directive « Habitats », la Pilulaire à globules (Pilularia globulifera), la Rossolis à feuilles rondes (Drosera rotundifolia). Les espèces protégées en Île-de-France sont entre autres l’Utriculaire citrine (Utricularia australis), le Flûteau fausse renoncule (Baldellia ranunculoides), le Rubanier nain (Sparganium minimum), la Linaigrette à feuilles étroites (Eriophorum angustifolium), la Linaigrette engainée (Eriophorum vaginatum)… La Lobélie brûlante (Lobelia urens), protégée au niveau régional, est présente aux abords de ces mares et de manière assez dispersée au sein du massif forestier.

Ce cortège floristique s'enrichit fréquemment d'espèces considérées comme très rares à assez rares.

Ces mares présentent aussi un intérêt pour les amphibiens et les odonates. Le Triton crêté (Triturus cristatus), inscrit en annexe II de la directive « Habitats », est fréquent même dans des mares non végétalisées, sans pour autant être abondant. Le Crapaud accoucheur (Alytes obstetricans) fréquente aussi le massif forestier.

La forêt de Sénart présente des secteurs ouverts qui hébergent localement des landes, notamment au niveau de la Plaine des Bergeries. La lande mésophile accueille la Bruyère à balais (Erica scoparia), espèce protégée au niveau régional et dont le massif de Sénart constitue l'unique station en Essonne. Les landes à caractère plus humide permettent l'installation d’une flore spécifique dont le Genêt d'Angleterre (Genista anglica), espèce déterminante pour l'Essonne.

Ces milieux semi-ouverts de type landes constituent des habitats favorables pour l'Engoulevent d'Europe (Caprimulgus europaeus), protégé au niveau national et inscrit en annexe I de la directive « Oiseaux ». L'Engoulevent pourrait nicher dans les callunaies de la Plaine des Bergeries. Cette espèce fréquente aussi la zone incendiée où la probabilité de reproduction est plus forte.

En 2006, un incendie a parcouru environ 70 hectares de la forêt au niveau des communes de Brunoy et de Montgeron. Certaines parcelles touchées ont été totalement ou plus partiellement détruites. L'ONF envisage de laisser en libre évolution ces parcelles qui seront colonisées par la flore et la faune.

Pour ce qui est de l’avifaune, notons également la présence du Torcol fourmilier (Jynx torquilla) contacté dans la zone incendiée. Sa présence n'ayant pas été confirmée par la suite, il s'agissait probablement d'un oiseau venu d'une parcelle voisine mais le milieu ici lui est favorable en lui fournissant à la fois des perchoirs dégagés et des zones de sol nu où il peut s'alimenter.

Notons également la présence du Rougequeue à front blanc (Phoenicurus phoenicurus) et de la Bondrée apivore (Pernis apivorus), en légère régression et inscrite à l'annexe I de la directive « Oiseaux ». Ces deux espèces sont respectivement déterminantes pour la création de ZNIEFF à partir de 25 et 10 couples. Ces effectifs ne sont pas atteints sur le site.

Ce massif forestier présente aussi un intérêt paysager puisque 57 arbres ou peuplements remarquables sont recensés. Certains individus sont remarquables par leur âge, leurs dimensions, leur forme, leur valeur historique ou culturelle.

La ZNIEFF intègre également les franges sud du massif, non incluses dans le périmètre de la forêt domaniale. Localisés sur la commune de Soisy-sur Seine, ce secteur concerne pour l’essentiel des boisements, des prairies, des friches, des mares et des cultures.

Le boisement observé correspond à la chênaie-charmaie, avec localement de la chênaie-charmaie à tendance acidiphile. Il héberge quelques pieds de Polystic à soies (Polystichum setiferum), espèce rare et déterminante. La fraîcheur du sol et l'humidité ambiante favorisent la croissance de cette fougère. L'Achillée sternutatoire (Achillea ptarmica), rare dans l’Essonne, a été recensée sur un ourlet à la croisée de chemins. Ce boisement est fréquenté par la Bergeronnette des ruisseaux (Motacilla cinerea), nicheur rare et déterminante ZNIEFF en Île-de-France, le Pic noir (Dryocopus martius), dont le seuil des 10 couples n’est pas atteint pour être considéré comme déterminant.

Le Tarier des près (Saxicola rubetra) a été observé en pose migratoire dans les près et les friches. Cette espèce est déterminante ZNIEFF en tant que nicheuse. Les prairies et friches sèches accueillent plusieurs espèces déterminantes : l’Hespérie de l’Alcée (Carcharodus alceae), la Virgule (Hesperia comma) et le Demi-deuil (Melanargia galathea).

Les mares intraforestières, dont certaines s’assèchent en période estivale, hébergent l’Oenanthe aquatique (Oenanthe aquatica), la Laîche vésiculeuse (Carex vesicaria), la Patience maritime (Rumex maritimus), toutes trois assez rares dans l’Essonne.

L'Épiaire des champs (Stachys arvensis), assez rare en Ile-de-France et dans l’Essonne, a été recensée fin septembre en lisière de culture.

La ZNIEFF intègre également les habitats localisés au lieu-dit « Plaine de Sénart ». Ce secteur correspond à des prairies hygrophiles et mésophiles, des friches, des cultures et un plan d’eau.

L’intérêt de cette zone concerne les lépidoptères qui fréquentent les prairies très fleuries, les friches et les lisières. Notons la présence de plusieurs espèces déterminantes ZNIEFF : La Virgule (Hesperia comma), le Demi-deuil (Melanargia galathea), le Flambé (Iphiclides podalirius), rare et protégé en Île-de-France, le Petit Sylvain (Ladoga camilla). Ces prairies hébergent aussi quelques orthoptères déterminants : La Decticelle carroyée (Platycleis tessellata) et le Grillon des champs (Gryllus campestris), qui est très présent sur le site.

Ces prairies constituent du point de vue floristique un milieu riche en nombre d’espèces, dont certaines sont remarquables : l’Euphorbe raide (Euphorbia stricta), très rare dans l’Essonne, la Gesse de Nissole (Lathyrus nissolia), la Gesse hirsute (Lathyrus hirsutus), le Salsifis douteux (Tragopogon dubius), la Potentille argentée (Potentilla argentea), la Molène blattaire (Verbascum blattaria), l’Aigremoine odorante (Agrimonia procera), la Crételle des prés (Cynosurus cristatus), toutes assez rares et l’Ophrys abeille (Ophrys apifera), discrète orchidée, commune dans l’Essonne mais dite presque absente à l’est de la Seine.

L’Orthétrum brun (Orthetrum brunneum) a fréquemment été observé sur le site. Cette libellule est rare et déterminante ZNIEFF en Ile-de-France.

Deux plans d’eau à usage récréatif (commune de Tigery) ont montré une végétation aquatique plus ou moins développée dont le Potamot à feuilles crépues (Potamogeton crispus) et le Potamot à feuilles pectinées (Potamogeton pectinatus), tous deux assez rares. Une belle concentration de chiroptères a été relevée à ce niveau. Sept espèces ont été recensées : le Murin de Daubenton (Myotis daubentoni), la Noctule commune (Nyctalus noctula), la Noctule de Leisler (Nyctalus leisleri), la Pipistrelle commune (Pipistrellus pipistrellus), la Pipistrelle pygmée (Pipistrellus pygmaeus), la Sérotine commune (Eptesicus serotinus) et les Pipistrelles de Nathusius ou de Kühl (Pipistrellus kuhlii / nathusii). C’est un secteur le attractif en raison de la présence de très nombreux insectes volants.

Commentaires sur la délimitation

Les limites de la ZNIEFF, qui regroupe 6 ZNIEFF de type 1, permettent de prendre en compte l'ensemble des espaces et des espèces remarquables. Cette unité intègre la forêt domaniale de Sénart, le Clos de la Régale, la Plante Saint-André, la Plaine de Sénart, le Bois Labrune et les bois situés aux lieux-dits « la Vallière » et « les Cheminots ».

Le périmètre de la ZNIEFF est délimité selon les contours de l’unité forestière, des Parcs et des enceintes. Le contour de la zone est établi de manière à exclure les zones fortement anthropiques (habitations, bâtiments, zones d’activités, complexes sportifs notamment) et dans la mesure du possible les axes de déplacement (routes, autoroutes). Lorsque le périmètre de la ZNIEFF s’appuie sur des routes ou des autoroutes, la bande de roulement (asphalte) est exclue de la ZNIEFF. Les bermes et les accotements sont inclus dans le périmètre de la ZNIEFF.