ZNIEFF 110020255
GITES A CHIROPTERES AUTOUR D'AUFFARGIS ET DE VIEILLES-EGLISE-EN-YVELINES

(n° régional : 78030001)

Commentaires généraux

Les aqueducs souterrains constituent des milieux propices à l'hivernage des chiroptères en raison de conditions microclimatiques particulières : température comprise entre 0° et 8°C, hygrométrie élevée, courants d'air réduits. La faible luminosité, l'altération des joints entre les pierres à l'origine d'une offre importante en microcavités et la relative tranquillité du milieu leur permettent d'y tomber en léthargie de novembre à mars.

Ces trois aqueducs souterrains (aqueduc de Vieille-Eglise, grand aqueduc du Perray et petit aqueduc du Perray) abritent, durant l'hiver, jusqu’à 8 espèces de chauves-souris pour un effectif total oscillant entre 50 et 245 individus.

Parmi celles-ci, le Grand Murin (DH/PN) (Myotis myotis) est certainement l'espèce la plus remarquable. Dans presque toute l'Europe, il est considéré comme menacé et son aire de distribution tend localement à se restreindre, ce qui lui vaut d'ailleurs de figurer à l'annexe II de la Directive Européenne « Habitats ». En région Ile-de-France, la population hivernante connue est d'environ 220 individus (dont 180 sont regroupés sur un seul site en Seine-et-Marne).

Cette grande espèce, particulièrement sensible aux dérangements, occupe préférentiellement des gîtes hivernaux spacieux comme les cavités souterraines où elle recherche habituellement les fissures pour se loger. Présent en faible effectif durant l’hiver, l’espèce semble en revanche être plus abondante à l’automne où une quinzaine d’individus fréquentent ces aqueducs.

Le Vespertilion de Bechstein (DH/PN) (Myotis bechsteinii), autre espèce inscrite à l’annexe II de la Directive Européenne « Habitats », n’a été observé sur le site qu’à l’automne. Cette espèce arboricole ne fréquente qu’occasionnellement les gîtes souterrains aux périodes les plus froides de l’hiver et à l’automne lors de rassemblements nuptiaux. Rare en Ile-de-France, seulement 15 à 20 individus sont connus en hibernation dans notre région.

Le Vespertilion à oreilles échancrées (DH/PN) (Myotis emarginatus) est également inscrit à l’annexe II de la Directive Européenne « Habitats ». Extrêmement rare en Ile-de-France, de petites populations réunissant environ 50 individus sont connues dans le Val d’Oise, le sud de la Seine-et-Marne et en Essonne. Jamais rencontrée jusqu’alors sur le massif forestier de Rambouillet, un individu a été observé pour la première fois en hibernation dans l’aqueduc de Vieille-Eglise durant l’hiver 2003/04. Depuis, il n’y est recensé que très irrégulièrement (1 individu).

L'Oreillard roux (PN) (Plecotus auritus) est également peu fréquent en Ile-de-France puisque la population régionale hivernante connue est de seulement 75 individus. Ses gîtes d'hibernation sont de taille plus modeste et cette espèce peu frileuse s'accommode fréquemment d'une petite cave. Il est probable que cette espèce soit surtout arboricole. Aucune colonie de reproduction de l'espèce n'est connue actuellement dans la région.

Le Murin de Daubenton (PN) (Myotis daubentonii) est une espèce liée aux zones humides. Peu exigeante sur la nature des gîtes hivernaux, elle fréquente aussi bien de vastes carrières souterraines que la voûte d'un pont où elle s'installe souvent à découvert. L'hygrométrie constitue en revanche un facteur déterminant dans le choix des sites et elle ne s'installe jamais dans les secteurs trop secs. La population régionale hivernante est estimée à quelque 235 individus.

Le Murin de Natterrer (PN) est une espèce encore très méconnue en raison de ses moeurs discrètes. Cette petite espèce, plutôt forestière, est en effet considérée comme « fissuricole ». A l'instar du Grand Murin, elle affectionne particulièrement les fissures étroites et autres interstices dans lesquels elle se dissimule profondément et passe souvent inaperçue. Ses gîtes hivernaux sont de nature très variée (carrières, ponts, caves, souterrains). La population régionale hivernante connue est de 210 à 220 individus.

Le Murin à moustaches (PN) (Myotis mystacinus) bien qu'également en voie de raréfaction est toutefois beaucoup moins rare que les espèces précédentes. En hiver, cette petite espèce apprécie les cavités de faible volume (caves, abris sous roche, petits tunnels). La population régionale hivernante connue est d'environ 480 individus.

On signalera également la présence de la Barbastelle (DH/PN) (Barbastella barbastella), l’espèce la plus rare de notre faune régionale, contactée à l’entrée de l’un de ces gîtes à l’aide de détecteurs à ultrasons à l’automne. Cette espèce n’y a toutefois pas encore été observée en hivernage.

Enfin, nous mentionnerons l’observation d’un individu de Musaraigne aquatique (Neomys fodiens), contactée en 2010. Cette espèce, pourtant réputée exigeante, semble pouvoir s’adapter à des conditions de milieux apparemment peu compatibles avec son écologie. Aussi, des prospections ciblées permettraient sans doute de modifier son statut régional, probablement sous estimé.

Sur le plan régional, ces trois aqueducs comptent parmi les gîtes d’hibernation les plus importants pour les chauves-souris en terme d'effectifs et de diversité spécifique. Ils comptent parmi les derniers sites au niveau local à abriter le Grand Murin, le Vespertilion de Bechstein et le Vespertilion à oreilles échancrées. Ils constituent par ailleurs des gîtes probables d'hivernage de la seule colonie de reproduction connue dans notre région du Murin de Natterer.

Commentaires sur la délimitation

La délimitation proposée tient compte de l’occupation régulière des gîtes par les chiroptères. Les autres gîtes de la commune, qui abritent de façon irrégulière ou en faible effectif des chiroptères, n’ont pas été retenus. Eloignés de seulement quelques centaines de mètres, ces trois gîtes souterrains constituent un réseau tout à fait fonctionnel pour l’hibernation et pour le transit des espèces considérées. Il s’agit par conséquent d’une znieff de type polynucléaire constituée par trois entités distinctes présentant de fortes similitudes (nature du gîte, composition spécifique du peuplement de chiroptères, intérêt patrimonial).

Au niveau cartographique, le zonage proposé initialement se limite aux six entrées des trois gîtes souterrains qui ont été symbolisées à l’aide d’un triangle.

Conformément aux remarques de l'avis du CSRPN du 20/12/2007, des modifications ont été apportées pour représenter la Znieff par des polygones joignant les entrées de chacun des 3 tronçons souterrains.