ZNIEFF 110020270
PRAIRIES INONDABLES, BOIS MARECAGEUX ET ETANG DU BREUIL

(n° régional : 78548001)

Commentaires généraux

L'intérêt écologique du site du Breuil est lié à la grande diversité des milieux naturels et à la présence de nombreuses espèces rares et menacées principalement au niveau de la flore, de l'avifaune et de l'entomofaune.

Régulièrement inondées, les prairies et friches humides du Breuil sont en effet très propices au développement de nombreuses espèces végétales hygrophiles et notamment à la Zannichellie des marais (PR) (Zanichellia palustris), petite plante aquatique légalement protégée en Ile-de-France qui se développe ici à la fois dans l’étang et dans les fossés inondés, le Bidens penché (Bidens cernua), espèce pionnière qui colonise les vases exondées de l’étang et les berges humides des mares et l’Orchis négligé (PR) (Dactylorhiza praetermissa), orchidée protégée caractéristique des prairies humides et des bas-marais. D’autres espèces assez rares sont également recensées dans les prairies humides comme la Petite Berle (Berula erecta), le Gaillet allongé (Galium palustre subsp.elongatum), le Millepertuis anguleux (Hypericum maculatum subsp.obtusiusculum), ou au niveau des mares comme le Callitriche à crochets (Callitriche hamulata).

Les boisements marécageux présentent également un intérêt floristique important en abritant des fougères rares dans la région comme le Dryoptéris écailleux (R) (Dryopteris affinis subsp.borreri) qui affectionne les boisement frais et humides ainsi que l’Osmonde royale (PR/AR) (Osmunda regalis), grande fougère protégée des forêts mésotrophes dont la présence sur le site résulte d’une probable introduction. Ces boisements abritent également la Cardamine amère (AR) (Cardamine amara) et la Lysimaque des bois (AR) (Lysimachia nummularia).

De part son étendue importante et l’agencement en mosaïque des différents habitats (prairies, friches, étang, fossés, boisements), le site du Breuil présente également un grand intérêt faunistique. La grande diversité du peuplement avifaunistique est, à ce titre, tout à fait remarquable. Même si le site présente aujourd’hui un intérêt moindre que par le passé quand il abritait encore de nombreux canards et limicoles en hivernage, il n’en demeure pas moins une étape migratoire régulière pour plusieurs espèces peu fréquentes comme la Cigogne noire (PN) (Ciconia nigra), le Héron bihoreau (PN) (Nycticorax nycticorax) et l’Oie cendrée (Anser anser). D’autres espèces remarquables y sont aussi observées de façon plus occasionnelle comme l’Avocette (PN) (Recurvirostra avosetta), le Butor étoilé (PN) (Boteaurus stellaris), le Torcol fourmilier (PN) (Jynx torquilla), la Huppe fasciée (PN) (Upupa epops) ou encore la Pie-grièche grise (PN) (Lanius excubitor). Mais le site est également un lieu privilégié pour la nidification d'espèces assez rare à rares du point de vue régional. Ainsi, les parties les plus sèches sont épisodiquement occupées par un couple de Pie-grièche écorcheur (Lanius collurio), espèce inscrite en annexe I de la Directive oiseaux, tandis que les parties plus humides constitue un milieu de choix pour la Rousserolle verderolle (PN) (Acrocephalus palustris) ainsi que la Bergeronnette des ruisseaux (PN) (Motacilla cinerea), le Martin-pêcheur (PN) (Alcedo atthis), ou encore le Grèbe castagneux (PN) (Tachybaptus ruficollis). Ce site constitue enfin un lieu d’hivernage régulier pour la Bécassine des marais (Gallinago gallinago), le Râle d'eau (Rallus aquaticus) et parfois aussi pour la rare Bécassine sourde (Lymnocryptes minimus).

L’intérêt entomologique des prairies et boisements du Breuil est également très fort. Au niveau des prairies tout d’abord, il convient de signaler la présence du Criquet marginé (Chorthippus albomarginatus), de la Decticelle bariolée (Metrioptera roeselii) et surtout du Conocéphale des roseaux (Conocephalus dorsalis) présent dans les magnocariçaies et les jonçaies, du Leste brun (Sympecma fusca) aux abords des mares, du Calopteryx vierge (Calopteryx virgo virgo) le long de l’Yvette et surtout de la Libellule fauve (Libellula fulva) qui se reproduit au niveau de l’étang. Dans les boisements humides, on signalera la présence du Carabe doré (Carabus auronitens auronitens) coléoptère forestier des hautes futaies et du Cordulégastre annelé (PR) (Cordulegaster boltonii boltonii), odonate rare et protégé en Ile-de-France dont la présence est liée aux nombreuses sources intraforestières dans lesquelles l’espèce effectue son cycle larvaire.

A noter que la prairie située au sud de la route, ajoutée ensuite à la Znieff (avis CSRPN du 28/01/2008) abrite des populations de deux insectes rares et menacés en Ile-de-France, caractéristiques des zones humides. Il s’agit d’un Lépidoptère inféodé à la Reine de prés, plante caractéristique des friches humides, le Nacré de la sanguisorbe (Brenthis ino) dont la totalité de la vingtaine de stations connues en Ile-de-France se trouve sur le périmètre du Pnr. Enfin d’un Orthoptère des milieux humides, le Criquet ensanglanté (Stetophyma grossum).

La présence d’herbivores domestiques non traités permet le développement d’un cortège diversifié de coléoptères coprophages dont 4 espèces d’Onthophages intéressants.

On signalera enfin la présence de la Coronelle lisse (PN) (Coronella austriaca), petit serpent inoffensif récemment découvert sur le site au niveau des lisières des prairies et de plusieurs espèces de chiroptères (Vespertilions de Daubenton et à moustaches, Noctule commune) qui utilisent fréquemment les abords de l’étang comme terrains de chasse.

Commentaires sur la délimitation

La délimitation proposée tient compte de la répartition des espèces végétales et animales remarquables, des habitats qui leur sont associés et de la fonctionnalité de cette zone humide de fond de vallée (écrêtage des crues, entité écologique cohérente). Elle prend également en compte, à l’ouest du site, quelques espaces enfrichés (friches humides à hautes herbes) qui constituent, pour la faune, des habitats complémentaires aux prairies pâturées. Les espaces urbanisés ou trop fortement anthropisés ont été exclus du périmètre. Le cours de la rivière est inclus dans le zonage (intérêt des berges pour la nidification de certains oiseaux).

Enfin, conformément aux remarques formulées par le CSRPN (séance du 08/01/2008), les prairies humides situées au sud de la départementale ont été intégrées à la Znieff.