Les mares de la plaine agricole de Chevincourt comptent parmi les dernières mares du vaste plateau de Beauplan. Alors qu'un grand nombre de ces points d'eau ont été comblés ces dernières décennies, le maintien de ce petit réseau de mares leur confère aujourd'hui, en tant qu'habitat rare et menacé, une grande valeur patrimoniale. Leur intérêt écologique est à ce titre très élevé puisqu'elles abritent plusieurs espèces remarquables d'amphibiens, d'insectes et de plantes.
Plusieurs espèces d'amphibiens se reproduisent au niveau de ces points d'eau. Deux d'entre elles sont des espèces rares en Ile-de-France et sont présents ici en forts effectifs. C'est le cas du Triton crêté (Triturus cristatus), espèce d'intérêt communautaire inscrite à l'annexe II de la Directive Européenne " Habitats ", qui est présent en abondance sur trois mares (espèce non déterminante).
La Rainette verte (Hyla arborea) est également observée sur le site où elle est toutefois beaucoup plus localisée.
On trouve également dans ces mares plusieurs plantes aquatiques très intéressantes pour l'Ile-de-France. C'est le cas du Potamot dense (Groenlandia densa, RRR), du Potamot luisant (Potamogeton lucens, RR), de la Corniphle submergée (Ceratophyllum submersum, RR) et du Myriophylle verticillé (Myriophyllum verticillatum, RR). Ces quatre espèces végétales sont des hydrophytes rares que l'on rencontre principalement dans les eaux eutrophes stagnantes à légèrement courantes.
L'Agrion mignon (Coenagrion scitulum), est un odonate peu commun et protégé en région Ile-de-France qui colonise les mares notamment celles s'asséchant partiellement en période estivale. Découvert récemment sur l'une des mares, aucune preuve de sa reproduction sur le site n'a pu être établie à ce jour.
L'éloignement relativement conséquent (environ 7km) qui existe entre la Znieff des Mares de la plaine de Chevincourt et celles du plateau de Cernay et du Bois d'Houlbran, limite les possibilités d'échanges entre les populations pour certains groupes biologiques. Si ces échanges ne font aucun doute pour les espèces ailées (avifaune et dans une moindre mesure entomofaune) à haut pouvoir de dispersion, elles demeurent nettement plus aléatoires et occasionnelles pour la plupart des autres groupes (batrachofaune, végétaux). Cependant, ces derniers bénéficient du transport de graines, d'œufs ou de larves, soit par l'action du vent , soit par l'intermédiaire d'autres espèces animales . Ces échanges d'individus entre des populations éloignées de plusieurs kilomètres doivent donc aussi être pris en compte dans l'évaluation du niveau d'interaction qui existe entre les znieff d'un même territoire.
La délimitation proposée tient compte du degré élevé de dégradation de l'espace agricole au sein duquel ce réseau de mares s'intègre. Le zonage proposé se limite par conséquent à l'habitat " mare " que l'on considère ici depuis le centre du point d'eau jusqu'au bord supérieur de ses berges, dès lors qu'elles se caractérisent par un cortège d'espèces sauvages. Les interactions qui existent entre les différentes mares de la plaine de Chevincourt et qui sont garantes de la conservation des espèces les plus remarquables, nous ont conduits à considérer l'ensemble des mares encore présentes sur ce secteur du plateau même si deux d'entre elles n'hébergent pas, à priori, d'espèces déterminantes. Ce réseau fonctionnel de mares est donc proposé sous la forme d'une znieff de type polynucléaire constituée de six entités distinctes présentant de fortes similitudes (nature des habitats, composition spécifique des peuplements végétal et animal, intérêt patrimonial).
A noter que seules les mares permanentes sont ici considérées. Le réseau pourrait être étendue à 4 mares forestières (bois d'Aigrefoin) et 6 mares de cultures (mouillères temporaires et pas en eau chaque année), ainsi qu'aux douves de la Ferme d'Aigrefoin.
Cependant, aucune donnée n'est connue sur ces milieux proches.