ZNIEFF 110020275
GÎTES À CHIROPTÈRES DE SAINT-RÉMY-LES-CHEVREUSE

(n° régional : 78575003)

Commentaires généraux

Les milieux souterrains, qu’ils soient naturels (grottes, failles) ou d’origine anthropique (souterrains, carrières, caveaux…) constituent des milieux propices à l'hivernage des chiroptères en raison de leurs caractéristiques microclimatiques : situation hors gel, températures relativement stables tout au long de la saison (généralement comprises entre 0° et 8°C), hygrométrie élevée, courants d'air réduits... Par ailleurs, les conditions particulières de faible luminosité, la présence de fissurations notamment dues à l'altération des joints entre les pierres et la relative tranquillité du milieu constituent des atouts complémentaires qui permettent aux chauves-souris d’y tomber en léthargie de novembre à mars.

Les anciens caveaux situés dans le parc de la mairie et dans le bois de la Guieterie possèdent, en dépit de leur modeste volume, des paramètres microclimatiques suffisants pour permettre le stationnement hivernal de certaines espèces de chiroptères. C’est principalement les petites espèces peu frileuses et présentant des mœurs fissuricoles qui vont pouvoir s’y installer à condition que la fréquentation humaine ne les dérange pas.

C’est le cas pour ces deux gîtes qui n’ont plus de véritables usages depuis plusieurs décennies et qui sont laissés progressivement à l’abandon (ce type d’anciens caveaux étaient généralement utilisés pour le stockage provisoire de denrées alimentaires ou servaient d’abris aux forestiers). L’ancien caveau du parc de la mairie a d’ailleurs été aménagé en 1997 (grille cadenassée à barreaux horizontaux) afin de protéger la population de chiroptères qui l’occupe.

Ces deux petits caveaux hébergent chaque hiver une quinzaine d’individus appartenant à quatre espèces : l’Oreillard roux (Plecotus auritus), le Murin de Bechtein (Myotis bechteinii), le Murin de Daubenton (Myotis daubentonii), le Murin de Natterer (Myotis nattererii) et le Murin « à moustaches » (Myotis mystacinus/brandtii). Ces quatre espèces sont en forte régression en région Ile-de-France où elles deviennent de plus en plus rares.

L'Oreillard roux (PN/AR) (Plecotus auritus) est une espèce peu fréquente en Ile-de-France et sa population régionale hivernante connue est de seulement 75 individus. Ses gîtes d'hibernation sont souvent de taille modeste et cette espèce peu frileuse s'accommode fréquemment d'une petite cave. Espèce arboricole au niveau de ses gîtes de mise-bas, il est probable que de nombreux individus passent aussi l’hiver dans les cavités d’arbres.

Le Murin de Bechstein (DH/PN/R) (Myotis bechsteinii), espèce inscrite à l’annexe II de la Directive Européenne « Habitats », n’a été observé sur le site qu’à partir de 2009. Cette espèce arboricole ne fréquente qu’occasionnellement les gîtes souterrains aux périodes les plus froides de l’hiver et à l’automne lors de rassemblements nuptiaux. Rare en Ile-de-France, seulement 15 à 20 individus sont connus en hibernation dans notre région.

Le Murin de Daubenton (PN/R) (Myotis daubentonii) est une espèce liée aux zones humides. Peu exigeante sur la nature des gîtes hivernaux, elle fréquente aussi bien les vastes carrières souterraines que la voûte des ponts où elle s'installe souvent à découvert. L'hygrométrie constitue en revanche un facteur déterminant dans le choix des sites et elle évite les secteurs trop secs. La population régionale hivernante est estimée à environ 235 individus.

Le Murin de Natterrer (PN/AR) (Myotis nattererii) est une espèce relativement méconnue en raison de ses mœurs discrètes. Cette petite espèce, plutôt forestière, présente des mœurs fissuricoles particulièrement prononcées. Elle affectionne les fissures étroites et autres petits interstices dans lesquels elle n’hésite pas à se dissimuler profondément et passe ainsi souvent inaperçue. Ses gîtes hivernaux sont de nature très variée (carrières, ponts, caves, souterrains). La population régionale hivernante connue est de 210 à 220 individus mais elle est sans doute sous-estimée pour les raisons évoquées précédemment.

Le Murin à moustaches (PN/AR) (Myotis mystacinus) bien qu'également en voie de raréfaction est toutefois moins rare que les espèces précédentes. En hiver, cette petite espèce apprécie les cavités de faible volume (caves, abris sous roche, petits tunnels). La population régionale hivernante connue est d'environ 480 individus.

Ces deux caveaux présentent un intérêt local fort en hébergeant de façon régulière plusieurs espèces de chiroptères. Ils constituent, en outre, un réseau fonctionnel de gîtes d’hivernage et de transit indispensable au maintien des populations locales de chauves-souris.

Ces deux gîtes d’hibernation de chiroptères font l’objet de suivis par le Parc naturel régional de la Haute Vallée de Chevreuse. Considérant les nuisances engendrées par ces visites de contrôle, il conviendra de ne pas multiplier inutilement les dérangements par des visites supplémentaires et de se référer systématiquement à la coordination nationale de la Société Française d’Etude et de Protection des Mammifères (SFEPM), et notamment à son « Groupe Chiroptères Ile-de-France » , avant d’entreprendre toute démarche qui concernerait un site susceptible d’abriter des chauves-souris. Considérant l’état critique des populations de chiroptères en région Ile-de-France, il est préconisé de faire preuve d’une grande discrétion vis-à-vis de la localisation de ces deux gîtes, notamment en l’absence de protection physique pour l’un d’entre eux.

Commentaires sur la délimitation

La délimitation proposée tient compte de l’occupation régulière des gîtes par les chiroptères. Les autres gîtes de la commune, qui abritent de façon irrégulière et toujours en très faible effectif des chiroptères, n’ont pas été pris en compte dans cette délimitation. Eloignés de seulement 1250 m, ces deux gîtes constituent en revanche un réseau tout à fait fonctionnel pour l’hibernation et le transit des espèces considérées. Il s’agit par conséquent d’une znieff de type polynucléaire constituée de deux entités distinctes présentant de fortes similitudes.

Au niveau cartographique, l'emplacement de ces petits caveaux est symbolisé à l’aide d’un triangle. Lors de la séance du 29/09/2011, le CSRPN a recommandé une représentation moins symbolique des gîtes à chiroptères, en traçant notamment le périmètre des bâtiments dont les combles abritent des colonies de reproduction, ou bien l'emprise des réseaux souterrain pour les aqueducs par exemple.

Cependant, dans le cas présents les caveaux sont ponctuels sans développement linéaire sous terre, et aucun bâtiment ne permet de les signaler précisément...

Dans ces cas particuliers de gîtes ponctuels enterrés, la représentation symbolique à l'aide d'un triangle a été maintenue faute de mieux.